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Durée : +-30 mn
1H/1F
Distribution.
César Bienveillant professeur d'histoire fraîchement retraité, passe son temps à étudier les batailles de Napoléon. Il est têtu, imbu de lui-même, réfractaire aux nouvelles technologies ne supporte pas la contradiction, et ne reconnaît jamais ses erreurs. Il doit partir au mariage d'un de ses amis. ~ 130 répliques
Rosalie,sa femme, moderne, se moque de ses manies et ne s'en laisse pas compter.
~ 130 répliques
Le professeur César est allongé par terre et à l'air de viser avec une règle, un livre d'histoire posé à ses côtés. Rosalie sa femme entre avec un PC portable et s'installe. Elle ne l'a pas vu. Soudain César s'exclame.
César – En plein dans le mille !
Rosalie ( surprise s'exclame ) - Quel mille? Que fais-tu allongé par terre ? On voit que ce n'est pas toi qui fait la lessive.
César – La lessive ! Ce que tu peux être terre à terre. Comme tu vois, je suis allongé pour reproduire l'atmosphère de la retraite de Russie. J'étais couché dans la neige et je tirais ma dernière cartouche. J'en ai besoin pour terminer mon mémoire que je dois soumettre à mes pairs sur les mystères de cette retraite.
Rosalie- Et tu vas t'allonger aussi pour présenter ce mémoire à tes collègues. Il n'y a que toi pour inventer des choses pareilles. Si tu pouvais retirer ta connerie.
César- Pardon !
Rosalie- Je disais, il faut refaire les sonneries.
César –Quelles sonneries ?
Rosalie- Laisse tomber. Tu sais pourquoi Napoléon tenait toujours sa main sur son estomac ?
César- Bien sûr que je sais cela, il avait un ulcère.
Rosalie- Les mauvaises langues prétendent qu'il caressait un membre intime.
César- Je m'étonne que tu accordes quelque crédit à ces ragots, sur Napoléon je suis incollable.
Rosalie- Comme le riz de l'oncle Benz alors! Viens voir sur mon PC, il y a plein de choses intéressantes sur les guerres de Napoléon..
César- Je connais toutes ces histoires, tout est écrit dans mes livres et ce n'est pas ta petite boîte qui va m'apprendre quelque chose.
Rosalie- Ma petite boîte est pleine d'informations utiles, pourtant tu t'obstines à ignorer Internet, à cause de ta fierté mal placée.
César- Je m'obstine, je m'obstine, tu parles comme ta mère maintenant. ( Il renifle ) ça sent quoi ? La maison qui brûle ?
Rosalie – C'est le lait qui déborde ! Et laisse ma mère où elle est.
César – J'avais interdit au lait de déborder. On va renvoyer la bonne !
Rosalie – Tu l'as renvoyé avant-hier, je dois tout faire moi-même.
Elle se précipite dehors. César s'approche de l'ordinateur.
César- Que peut-il donc y avoir d'intéressant dans cette boîte. Voyons voir. Les guerres de Napoléon, grandeur et décadence. C'est bien beau, mais comment fait-on pour lire la suite ?
Il appuie sur des touches, entend des bruits de pas et s'éloigne l'air de rien. Rosalie revient.
Rosalie – Et qui va se payer le nettoyage de la plaque, c'est encore moi ! ( Elle regarde son PC. ) Mon ordi est tout noir, tu as touché à mon ordi?
César( fait diversion ) - C'est bien le moment de parler de ta boîte! ( tragédien ) Orage et désespoir! Le lait a débordé! Alors que j’avais interdit de le laisser déborder! On laisse le lait déborder! Voilà comment on économise! Le vieux con est juste bon pour payer le lait pour que d’autres puissent le faire déborder! Si j’avais tout le lait qui a déjà débordé ici, Jules César et son armée pourraient s’y baigner dedans!
Rosalie –En plein délire avec ton lait! C'est pour détourner l'attention? Et pourquoi Jules César ? Je croyais que tu étais avec Napoléon !
César – Silence quand je parle ! Voilà ce que c'est quand on renvoie la bonne !
Rosalie (énervée ) – Alors là, c'est la meilleure, pour commencer ce sont des employées de maison. L'avant dernière a rendu son tablier en disant que tu étais fou. Quand à la dernière elle est partie, tu te rappelles pourquoi ?
César -Tu sais moi, je ne m'occupe que de moi.
Rosalie – Si seulement ! Elle est partie parce que tu l'as envoyé à quatre reprises chez le boulanger sous prétexte que le pain avait trop de trous et que la confiture passait à travers.
César – J'avais demandé du pain sans trous, je veux du pain sans un seul trou, c'est pourtant simple.
Rosalie – C'est tout à fait toi, quand tu as une idée dans la tête, tu ne l'as pas aux…..
César – Aux fesses hein ! Il n'y a qu'une effrontée comme toi, pour
me tenir tête à moi, professeur émérite !
Rosalie – Emérite laisse-moi rire, tu n'as même pas eu les palmes!
César – Les palmes pour nager? Tu me prends pour un poisson?
Rosalie – Tu m'en fait un beau de poisson, une carpe peut-être. Je te parle des palmes académiques.
César – Tu as beau te moquer, je suis un génie méconnu.
Rosalie – Un génie tête en l'air ou dans l'eau ?
César ( s'emporte) – T’as pas fini de me casser les pieds ? J'ai autre chose à penser qu'à tes bêtises !
Rosalie – Mes bêtises, très bien, très bien, peut-être que l'illustrissime Professeur va descendre sur terre, revenir aux dures réalités de l'existence et se rappeler qu'il a projeté de prendre le train pour aller voir son collègue et ami Grognard qui se marie cet après-midi !
César ( Fait le tour de la pièce en courant ) – Zut et triple zut ! J'ai oublié ce rendez-vous ! Ah ! Je sais d'où ça vient !Je dois m'occuper de tout dans cette maison ! Pas le temps de m'occuper de mes affaires. Quelle heure est 'il ?
Rosalie – Tu ne sais même plus lire l'heure ? Il est quatorze heures et ton train part à quatorze heures cinquante.
César – J'ai juste le temps de m'habiller, où sont ma chemise, ma veste, mes chaussures ?
Rosalie – Où tu les a jeté la dernière fois, parterre, dans la salle de bains.
César – Tu voudrais que je fasse aussi la lessive ?
Rosalie – Surtout pas, empoté comme tu es, je préfère pas. Quant à tes habits ils sont sur le lit, tu n'as qu'à les enfiler. Si tu as besoin d'aide !
César – Tu crois que j'ai besoin de toi pour m'habiller ?
Rosalie – Je me demande parfois. Tu as surtout besoin qu'on te remette à ta place de temps en temps !
César – Je suis surtout trop bon. Sur ce, je vais m'habiller. ( Il sort. )
Rosalie –Prends ton temps.
Elle va se réinstaller devant son Pc, le téléphone sonne, elle décroche.
Allô, allô, ah ! C'est vous monsieur Grognard, oui, César va très bien, vous appelez pourquoi ? Vous voulez lui dire de ne pas oublier votre mariage, demain, Ah ! Demain bien sûr ! Vous comptez aussi sur moi, je suis invitée? Oh merci! Oui, les professeurs sont souvent dans la lune, merci beaucoup. Pouvez-vous rappeler dans environ dix minutes, César sera de retour, vous le lui rappellerez vous-même, au revoir monsieur Grognard. (Elle raccroche.) Il a encore tout compris de travers, ou bien il ne voulait pas me prendre avec. Je crois qu'on va bien s'amuser.
Elle retourne s’asseoir, César revient chemise sur le pantalon, la veste sous le bras, la cravate pas nouée, les chaussures à la main. Il a l'air très content.
César – Alors, je n'ai pas eu besoin de toi pour m'habiller, ça te la coupe hein !
Rosalie – Ca ne me coupe rien du tout, même les enfants s'habillent tout seul. (Elle le regarde. )Tu appelles ça être habillé ? Chemise au-dessus du pantalon, cravate de travers, pieds nus, tu vas à un mariage ou sous les ponts ?
César – Tu as dit toi-même que j'avais le temps. La gare est à trois minutes. ( Il retrousse ses manches.) Donc, je me suis mis à l'aise.
Rosalie( sévère )– En froissant ta chemise, redescends ces manches ! Mets tes chaussures !
César-Toujours en train de râler, est-ce que je râle moi, je suis le plus doux des maris ! (Il met ses chaussures et casse un lacet.) Ah zut ! C'est bien le moment, j'ai cassé un lacet, tu peux m'en donner un autre ?
Rosalie ( sans bouger )– Ils ne vont pas venir tout seul, les lacets, ils sont dans le tiroir derrière toi !
César-Tu n'as aucune pitié pour moi ! (Il se lève et claudique jusqu'au tiroir, il fouille et sort différents objets. ) Il n'y a pas de lacets dans ce tiroir, qui a pris le dernier lacet ?
Rosalie- Si ce n'est toi, c'est donc, Ah ! Je me rappelle le voisin est venu en emprunter une paire, il y a deux jours!
César( s'emporte )- Le voisin, quel voisin ?
Rosalie- Quel voisin, on n'en a qu'un, Hervé, avec qui tu joues aux boules !
César-Hervé ? De quoi il se mêle celui-là ! Il fout rien de la journée et vient me piquer mes lacets.
Rosalie – Comment tu parles d'Hervé! Quand il est là, tu te mets à genoux devant lui , Hervé ici Hervé là, et maintenant tu le descends en flèche !
César – Je le descends en flèche, je ne vois pas pourquoi il vient me piquer mes lacets !Il doit être trop radin pour s'en acheter, des lacets.
Rosalie( se redresse ) – Dis donc! Tu as l'intention de te fâcher avec le seul voisin qui nous parle encore ? T'as intérêt à mettre la pédale douce !
César(coléreux ) – Il me pique mon dernier lacet et tu tiens avec lui, c'est çà ? Prends sa défense ! On n'a pas besoin d'un voisin qui profite de notre générosité! Ca commence par le petit doigt et après on vous prend la main ! Tu verras ce qui va arriver ! Tu ne viendras pas te plaindre ! Je t’aurais prévenu ! Et je ne me trompe jamais ! Jamais ! Je juge les gens au premier coup d’œil !
Rosalie-Tout çà pour un lacet ! Monsieur monte sur ses grands chevaux pour un lacet de trois sous! Tu ne mérites même pas ton nom, Bienveillant! Et de toute façon, tu es tellement dans la lune que même en plein jour tu ne reconnaîtrais personne même avec deux paires de lunettes !
César-Ah ! Tu me cherches de nouveau ! Pourtant je t’ai trouvé moi et même sans lunettes !
Rosalie – Oh ! La fois là ! Tu devais être complètement aveugle ! Et moi avec! Je croyais toucher le gros lot et j'ai eu un génie sans bouillir! Tu as eu de la chance de m'avoir, une autre t'aurait déjà largué depuis longtemps! Pour ton lacet, tu peux en prendre un de tes vieilles chaussures. Je suis d'ailleurs étonnée que tu n'y ais pas pensé !
César ( il se lève et va à la porte ) – Que veux-tu, je dois penser à tout ici, je vais chercher mon lacet, il faut toujours que je m'énerve dans cette maison. ( Il sort. )
Rosalie –Comment je fais pour supporter cela, je suis une sainte! J'espère que le professeur Grognard ne va pas tarder à rappeler, sinon çà va pas le faire.
César revient et enfile le lacet.
César – Je dois reconnaître que tu as de bonnes idées parfois, le lacet par exemple !
Rosalie – Je suis épatée que tu me reconnaisses quelques qualités.
César – C'est certainement grâce à moi. Quand on est en contact avec un esprit supérieur on ne peut que progresser.
Rosalie – Je me disais aussi, c'était trop beau. Si seulement je pouvais avoir pendant une minute ton intelligence, je pourrais en réaliser des choses.
César – Ce n'est pas possible, je suis unique, essaye toujours !
Rosalie – Le problème c'est que ton intelligence ne te sert qu'a critiquer, râler et fouiller sans cesse dans les guerres de Napoléon, sans que çà nous ramène un euro.
César –Tu ne penses qu'au fric, c'est une affaire familiale le fric chez vous.
Rosalie – Laisse ma famille où elle est. Tu es un mauvais ersatz de Bonaparte.
César – Et toi, tu tiens peut-être de Joséphine ? Non plutôt de Marie-Louise l'Autrichienne !
Rosalie – Je ne tiens de personne et je t'ai trouvé toi, esprit supérieur, habille-toi donc, le train ne va pas t'attendre.
César se lève précipitamment met sa veste, rentre sa chemise et cherche à nouer sa cravate.
César – Aide-moi, tu vois bien que je n'y arrive pas tout seul.
Rosalie – C'est drôle ça, je dois t'aider, voilà tu y es presque.
On entend un train qui siffle.
César – C'est mon train , c'est mon train, vite, mon parapluie, mes gants, dépêche-toi qu'attends-tu?
Rosalie( très calme et hilare ) – Mon esprit supérieur qui s'emballe, un peu de maîtrise que diable, ton train est dans vingt minutes, inutile de t'énerver!
César( regarde l'heure ) – Tu as encore raison, ce voyage va me tuer.
Il s'assoit, le téléphone sonne. Il bondit de sa chaise.
Rosalie-Décroche, esprit supérieur, c'est sûrement pour toi, le chef de gare peut-être.
César – Tu te moques hein! ( Il décroche ) Allô, allô, qui est...., ah ! C'est mon bon ami Grognard, quoi de neuf, si je suis prêt, bien sûr que je suis prêt, au garde à vous et en tenue, je ne manquerais pas ton mariage pour rien au monde, comment, je m’entraîne? Pour demain, tu veux dire pour ton mariage qui a lieu..., demain euh !! Non ! J'ai un chat dans la gorge. Bien sûr, ce n'est pas la peine de me déplacer aujourd'hui ha ha ! Puisque ton mariage a lieu demain, comment !Tu avais déjà appelé tout à l'heure, c'est ma femme qui a décroché, ah bon ! ( Un regard noir à Rosalie. ) A demain donc cher ami, au revoir.
Il raccroche et s'énerve.
César – Tu étais au courant que le mariage était pour demain, tu ne m'as rien dit !
Rosalie – Au courant, peut-être, c'est toi l'esprit supérieur ici, qui sait tout et n'oublie rien, qui s'occupe de tout, qui décide tout, l'homme parfait quoi ! Et qui en plus ment par omission !
César – Par omission, tu me traites de menteur, je suis l'homme le plus intègre, droit dans ses bottes, un exemple !
Rosalie-Un bel exemple, alors explique-moi pourquoi tu ne m'as pas dit que j'étais aussi invitée à la noce, tu as honte de moi ?
César – Tu es invitée ? Grognard ne m'a rien dit, tu sais les professeurs sont souvent dans la lune, il faut lui pardonner.
Rosalie – Ne cherche pas d'excuses chez Grognard, tu as honte de moi !
César ( théâtral, il met un genou à terre) – Pas du tout, ma chérie, tu es pour moi la plus belle, intelligente, bonne cuisinière et tout et tout !
Rosalie( aparté ) La plus conne parfois. ( haut ) – Si tu es sincère nous avons juste le temps !
César – Le temps pour quoi ?
Rosalie – Le temps d'aller m'acheter une robe. Tu ne voudrais pas que j'aille mal fringuée ou toute nue au mariage de ton ami Grognard !
César – Tu as raison, j'ai un rang à tenir, allons y tout de suite !
Rosalie – A la bonne heure! Je file me changer. ( Elle sort en courant. )
César( songeur ) - Pourquoi j'ai l'impression tout à coup de m'être fait avoir.
ACTE 2
Le lendemain.
César est assis avachi avec des glaçons sur le front et Rosalie tourne autour, elle a l'air en colère.
Rosalie – Ah ! Tu m'en fait un beau professeur, ivrogne oui !
César – Parle moins fort çà résonne dans ma tête. ( Il avale un cachet et boit un verre d'eau.)
Rosalie – Et tu parles d'un mariage, c'était une farce. Tu ne m'avais pas dit que ton copain habitait dans la cambrousse et qu'il fallait mettre des bottes. Mes chaussures trempées, ma robe bonne pour le nettoyage et je ne parle pas des odeurs.
César – Je ne savais pas non plus que Grognard était branché façon retour à la terre. Evidemment pour une dame comme toi, de la ville, le pipi caca des bêtes, ne fait pas partie de tes fréquentations habituelles.
Rosalie – J'aime les animaux, mais trop c'est trop ! Les poules sur la table, le chat qui lèche les plats, très peu pour moi. Et Grognard l'a choisie au berceau, sa femme, elle a au moins vingt ans de moins que lui.
César – Il aime la jeunesse, j'ai l'impression qu'elle avait un petit ventre rond.
Rosalie – Elle serait enceinte ?
César – Grognard m'a confié qu'ils voulaient rapidement un enfant.
Rosalie – Ils ont donc commencé avant. Remarque aujourd'hui cela n'a plus aucune importance. A moins, à moins qu' il ne soit pas de lui.
César – Il aurait acheté un chat dans un sac, remarque il n'a jamais été une lumière, toujours dans la lune et prêt à gober n'importe quoi.
Rosalie – Comme beaucoup de profs ! Ils ne pensent qu'à eux mêmes.
César – Je suis au-dessus du lot ! Ils ont quand même été très sympas, on nous a accueillis à bras ouverts !
Rosalie –Ca on peut le dire, l'apéro dans la grange, très sympathique, avec les odeurs d'étable en prime, les grognements des cochons, les pigeons qui volaient, la paille au pied, interdiction de fumer sinon feux d'artifices, c'était comme dans la célèbre émission, le bonheur est dans l'étable.
César – Connais pas, malgré tout j'ai trouvé çà sympa, sauf la fiente de pigeon déposée sur mon épaule.
Rosalie – J'avais oublié cet incident, par contre la remarque de Grognard, cela porte bonheur était parfaitement nulle.
César – Grognard n'a jamais brillé par sa finesse, d'ailleurs il n'a jamais brillé nulle part.
Rosalie – C'est pourtant ton meilleur collègue, tu connais l'adage, qui se ressemble s'assemble.
César – J'ai essayé de l'améliorer en pure perte.
Rosalie – Et la mariée, tu as vu la tache sur sa robe, et le pot d'accueil, les verres étaient tout sauf propres.
César – Tu exagères, le mien était propre !
Rosalie – Tu ne vois jamais rien chez les autres, chez nous tu aurais fait un drame.
César – Le champagne n'était pas très frais, c'est dommage.
Rosalie – Tu as remarqué cela ? Moi j'ai surtout vu les mouches, elles étaient partout, sur la viande, sur le fromage, sur le dessert, j'en ai encore la nausée.
César – C'est la campagne, par contre le porcelet à la broche était excellent.
Rosalie – Comme il était chaud les mouches n'allaient pas dessus.
César – Tu as entendu mon exposé au dessert ?
Rosalie – Parlons-en ! Quelle idée de parler de Napoléon au dessert, j'en étais gêné pour toi et personne n’a ri. Tu vois il a manqué quelque chose à ton exposé pour être magistral.
César – je ne vois pas quoi, tout le monde était fasciné par mon savoir, ils ont reconnu un cerveau.
Rosalie – Un cerveau ! Tu m'en fais un beau de cerveau! Seul Grognard a applaudi par politesse.
César – C'est donc le seul a avoir assez de culture pour reconnaître mon génie. Dis-moi ce qui manquait à mon exposé ?
Rosalie – Ce que tu m'as montré hier, et ce que tu as fait à la fin du repas, te coucher par terre et tirer avec ton fusil, les conditions du réel quoi !
César – Tu te moques ?
Rosalie – Pas du tout, te coucher par terre aurait marqué les esprits et te relever avec du caca de poule sur ton smoking, voilà ce qui aurait fait rire !
César – Arrête de te moquer ! Il n'y avait personne parmi les invités avec un niveau intellectuel suffisant pour apprécier mon génie.
Rosalie – Toi et ton génie ! Moi, on m'a complimenté sur ma robe.
César – Elle m'a coûté un œil, c'est la moindre des choses.
Rosalie – Tu ne crois pas que c'était aussi un peu parce que j'étais dedans ? Dans la robe !
César – Tu sais que les gens ne regardent que l'enveloppe, ils s'en foutent de l'intérieur !
Rosalie – Et bien, merci pour mon intérieur!
César – Il n'y a que moi pour l'apprécier et Grognard a toujours été porté sur le beau sexe.
Rosalie – Ton ami Grognard, parlons-en, m'a presque fait la cour, j'étais gênée pour la mariée. Il m'a invitée deux fois à danser dont un tango.
César – Je le comprends, j'ai dansé avec la mariée, elle a les pieds plats, je lui ai marché dessus à deux reprises en m'excusant bien sûr.
Rosalie – Et elle sentait comment la jeune mariée ?
César – La vanille, on venait de manger le gâteau de mariage.
Rosalie – Elle a les pieds plats, un look de paysanne un peu souillon il faut le dire, alors pourquoi s'est' il marié avec elle ?
César – Pour se caser et je me suis laissé dire que sa femme avait de grands espoirs.
Rosalie – L'espoir fait vivre, vu l'état de la ferme je crois que ton ami s'est fait empapaouter.
César – Il est loin d'avoir mon pouvoir de jugement et d'analyse, professeur de philo çà ne mène pas loin, ils n'ont aucune idée de la réalité des choses.
Rosalie – Tandis qu'un professeur d'histoire est confronté à la dure réalité de l'existence.
César – Je ne te le fais pas dire.
Rosalie – Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre, vous êtes tous les mêmes, imbus, têtus, obtus, juste préoccupés de vous même.
César – Je suis quand même l'exception, avoue-le !
Rosalie – Tu es exceptionnellement doué pour te soûler, tout oublier, avoir toujours raison, emporté, coléreux et j'en passe !
César – ( se tient la tête ) Ne cries pas çà résonne dans mon cerveau, tu es injuste, on dit que c'est moi qui sème la zizanie, qui fout le bordel, alors que c'est toi qui commence à chaque fois.
Rosalie – Tu as dit bordel ! Comment est-ce possible ! Toi le prof émérite qui n'a jamais prononcé un gros mot, tu as dit bordel !
César – C'est de ta faute, tu m'énerves à la fin !
Rosalie – Quand on dit la vérité à Monsieur, il s'énerve ! Revenons donc au meilleur de la soirée !
César – Quel meilleur ?
Rosalie – Ton comportement au mariage, tu as bu, tu étais ivre.
César – Ivre, bah ! J'étais juste gai.
Rosalie –Parlons-en, tu as failli renverser la table, et quelle idée de participer au concours de jeter de bottes, un jeu débile d'ailleurs.
César – On m'a demandé de participer, j'ai accepté.
Rosalie – Tu n'as pas vu à qui tu avais affaire, des paysans jeunes, des armoires à glace. Ils lançaient la botte d'une main et toi t'arrivais à peine à la soulever.
César – Moi j'ai ma force dans mon cerveau et j'allais pas me dégonfler, j'ai un rang à tenir.
Rosalie – Ton cerveau ne t 'a servi à rien, tu n'avais pas compris la règle du jeu, boire un calva pour le perdant. Tu en as bu combien ?
Voilà, si vous voulez lire le reste de ma pièce, envoyez-moi un mail à mon
adresse et je me ferai un plaisir de vous envoyer le texte complet.