THEATRE

 

 

 

COMEDIE EN DEUX ACTES

 

 

 

 

 

 

 

 

Au diable le nez de

 

ma femme

 

 

 

 

 

 

 

Auteur : René NOMMER

 

Pièce en 2 actes

 

Durée :~80 minutes

 

Trois ou quatre hommes

 

Six femmes

 

Site web www.theatrarire.fr

Mail nommer375@gmail.com

 

 

 

 

 

SCENARIO : Brigitte testeuse de parfum a un nez très développé. Elle reconnaît toutes les odeurs, les bonnes et les moins bonnes, parfum, transpiration, culotte. Elle est mariée à Mario écrivain public et romancier qui vit à ses crochets. Très jalouse, elle a installé une mini caméra dans le salon, elle voit donc les visiteurs de Mario. Brigitte peut dire le nombre de visites hommes et femmes ce qui agace Mario. Il a une maîtresse, Viviane que Brigitte n'a pas encore débusquée. Leur ami Julien romancier gay et désargenté a un penchant pour Mario qui ne veut rien savoir.

 

Mario reçoit des clients variés, une dame qui veut écrire au Président de la République, un homme amoureux de sa supérieure, un autre amoureux d'un transsexuel. Mario a découvert la caméra et veut se venger. Lors de la visite de son éditrice Vanessa, pas farouche, Mario croit arriver à ses fins, sans succès. L'arrivée de tante Emma, qui lui promet une belle somme pour les enfants qu'il n'a pas, l'oblige à changer ses plans. Il veut avoir un enfant au plus vite pour toucher cette somme.

 

 

 

Personnages.

 

 

 

Mario Dupont, écrivain, peu de succès, vit aux crochets de sa femme, exaspéré par sa jalousie. Il a une maîtresse Viviane.

  

Brigitte, sa femme, passe son temps à épier Mario. Elle a un faible pour Julien leur ami, qui ne vient que pour Mario qui n'est pas du tout intéressé.

  

Julien, écrivain sans le sou un peu gay, vient souvent taper Mario pour arrondir ses fins de mois.

 

 Les clients :

  

José Davant, timide, amoureux de sa supérieure, demande à Mario de lui rédiger une lettre d'amour pour cette dernière.

  

Didier Davant, frère de José vient pour une lettre d'amour à Conchita Salami, un travesti. José est persuadé que c'est une fille.

 

Mme Parfait Joséphine, vulgaire, essaie de faire la vamp, la voisine qu'on n'aimerait pas avoir, veut écrire une lettre au Président de la République pour se plaindre de son voisin éleveur de chiens.

  

Tante Emma riche veuve, veut gâter les enfants de Mario.

  

Viviane, maîtresse naïve de Mario, il ne veut pas qu'elle vienne chez lui à cause du nez de Brigitte.

  

Vanessa Ducron, pas farouche, éditrice de Mario.

  

Grollar Laurence, inspectrice de la police criminelle.

 

Un salon avec un bureau dans un coin. Un divan, des chaises et une commode ou meuble.

 

 

 

Le premier visiteur est un jeune homme, José qui veut faire une déclaration d'amour à sa supérieure.

 

 

 

Acte 1

 

 

 

Mario - Bonjour monsieur, que puis-je pour vous?

 

 

 

José - Bonjour, j'ai besoin de vos talents d'écrivain public pour une lettre assez délicate et je la voudrais manuscrite.

 

 

 

Mario – Vous êtes tombé au bon endroit, c'est quelle genre de lettre ?

 

 

 

José - Une lettre d'amour.

 

 

 

Mario – Ah ! c'est ma spécialité.

 

 

 

José - Je peux vous faire confiance ? Je suis amoureux de quelqu’un que je vois tous les jours et je ne sais comment lui déclarer ma flamme.

 

 

 

Mario – Oh ! Une lettre bien tournée c'est l'idéal. C'est pour un homme ou une femme ?

 

 

 

José - Hein ! Une femme bien sûr c'est ma chef de bureau.

 

 

 

Mario - Chef de bureau ! Vous la voyez tous les jours?

 

 

 

José - Tous les jours, elle est assise en face de moi, je zieute tout le temps, quand elle téléphone, reçoit les employés, les clients.

 

 

 

Mario - Vous n'avez pas essayé de la séduire?

 

 

 

José - Je lui ramène son café, parfois un croissant, elle me dit merci, en réalité elle ne me voit que comme un objet, comme un meuble.

 

 

 

Mario – Charmant ! Comme un meuble. Elle a votre âge?

 

 

 

José - Oh non! Elle a au moins cinq ans de plus que moi.

 

 

 

Mario - L'amour n'a pas d'âge. Qu'est-ce qui vous attire chez elle? Je vous demande ça pour la lettre.

 

 

 

José - Tout, sa façon de se tenir, ses mains, ses seins et surtout ses jambes.

 

 

 

Mario - Ah! Ses jambes?

 

 

 

José - Il faut vous dire que je les vois tout le temps sous son bureau. Je vois quand elle est nerveuse, coléreuse, ou bien gaie.

 

 

 

Mario - Vous êtes assis juste en face d'elle?

 

 

 

José - Oui, elle croise les jambes quand elle est avec un employé, quand c'est son supérieur elle se lève et l'accueille avec un grand sourire et m'envoie chercher un café.

 

 

 

Mario - Comment pouvez-vous savoir son état d'humeur?

 

 

 

José - C'est simple, quand elle est en colère on voit ses pieds qui trépignent, quand elle est au téléphone, elle les croise, quand elle réfléchit elle met les mains entre ses jambes et fait des mouvements circulaires, quand elle est triste elle a les jambes serrées, quand elle a reçu une bonne nouvelle elle écarte les jambes et là, c'est le jackpot.

 

 

 

José mime ces différentes postures.

 

 

 

Mario - Vous dites le jackpot?

 

 

 

José - Oui, je vois le carré blanc.

 

 

 

Mario - En principe, c'est réservé pour les films à la télé, pour les enfants.

 

 

 

José - Pour moi c'est pareil, je ne devrais pas regarder, je ne peux m'en empêcher, elle a toujours une culotte blanche, sauf une fois, une fois. Elle a ouvert ses jambes et c'était tout noir, donc elle avait une culotte noire ou pas de culotte du tout. C'était le jour ou elle a eu la visite du PDG.

 

 

 

Mario – Il vient souvent le PDG ?

 

 

 

José – Il vient la voir toutes les semaines et moi je sors du bureau pendant qu'il est là.

 

 

 

Mario – Des affaires importantes sans doute. Encore une question, elle n'a jamais remarqué votre manège?

 

 

 

José - Je ne sais pas, ça lui plaît peut-être de se faire mater.

 

 

 

Mario - Très bien, je vais vous faire une lettre, avec tous les détails, en espérant que ça réussisse.

 

 

 

José – Merci, je l'aurai quand ?

 

 

 

Mario – Je m'y mets tout de suite, vous pourrez l'avoir ce soir ou demain.

 

 

 

José – Je téléphonerai. Je n'ai pas demandé le prix.

 

 

 

Mario – C'est cent euros en cas de réussite et je vous en rends cinquante si ça ne marche pas. Payable d'avance.

 

 

 

José ( lui tend cent euros) – Aïe ! C'est cher, mais quand on aime....,

 

j'aimerais tellement que ça marche.,

 

 

 

Mario – Je vous le souhaite, au revoir monsieur. ( Il le raccompagne. ) Drôle de mec, il en pince pour les jambes de sa patronne, j'espère qu'elle n'a pas de varices. Ah ! Un modèle de lettre pour déclarer sa flamme. Voilà : Philomène, elle a pas volé son nom la chef de bureau.

 

J'espère que tu ne vas pas mal prendre ce que je vais te dire. Tous les jours on se voit huit heures au bureau et, dès le début j'ai développé des

 

sentiments pour toi. Oh ! J'ai bien essayé de lutter contre ça, mais rien n'y fait. Chaque jour que je te vois, je suis comme devant un soleil, ébloui et heureux. Pour toi je voudrais inventer des mots insensés pour te déclarer ma flamme et te séduire. Tu riras peut-être quand tu liras cette lettre, mais sache que je resterai pour toujours ton amoureux transi.

 

Fais-moi un signe, tu peux aussi m'ignorer, signé José.

 

Je ne vais pas parler du carré blanc ça va pas le faire. Allez, pour cent euros, c'est pas mal payé. C'est pas tout ça, je vais changer de chemise avant d'aller voir ma belle Viviane.

 

 

 

Il sort on entend toquer à la porte, une dame entre deux âges passe une tête et finit par entrer.

 

 

 

Mme Parfait – Personne ? Jamais là quand on a besoin d'eux.

 

 

 

Mario arrive en marche arrière, il est torse nu et a sa chemise sous le bras. Il sifflote gaiement. Il entend tousser et se retourne surpris.

 

 

 

Mario –Ah ! Vous êtes entré comment ?

 

 

 

Mme Parfait – Par la porte monsieur J'ai toqué hein ! Et je suis entrée.

 

 

 

Mario – Vous n'avez pas sonné ?

 

 

 

Mme Parfait – Elle ne marchait pas.

 

 

 

Mario ( Il est toujours torse nu. ) – Je m'habille pour sortir.

 

 

 

Mme Parfait – Vous êtes chez vous hein ! ne vous gênez pas pour moi. vous êtes toujours à poil chez vous ?

 

 

 

Mario ( se rhabille ) – Je me rhabillai. Bonjour Madame, prenez place. Que puis-je faire pour vous ?

 

 

 

Mme Parfait – Bonjour monsieur, je suis enchantée, on n'a pas tous les jours l'occasion de rencontrer un grand romancier hein ! Torse nu en plus, j'ai lu tous vos romans.

 

 

 

Mario – Merci beaucoup, je n'en ai écrit que deux.

 

 

 

Mme Parfait – J'ai bien aimé, La chatte de la voisine hein ! C'était palpitant !

 

 

 

Mario – C'était le meilleur, madame euh.... ?

 

 

 

Mme Parfait – Parfait Joséphine, retraitée. Je viens vous voir hein ! Je ne sais plus quoi faire.

 

 

 

Mario – Ah ! C'est grave ?

 

 

 

Mme Parfait – Très grave, figurez-vous que mon voisin Monsieur Chenapan, il n'a pas volé son nom hein ! Vient d'ouvrir un chenil avec au moins vingt bêtes, je ne peux plus dormir à cause du bruit hein ! J'en fais des cauchemars et je ne parle pas des odeurs.

 

 

 

Mario – Vous en avez parlé, au maire par exemple?

 

 

 

Mme Parfait – J'ai écrit à tout le monde. Au maire, au Sous-Préfet, au Préfet. Le Maire a dit que c'est normal qu'un chien aboie, que j'étais la seule qui réclamait, ce qui n'est pas étonnant hein ! Le voisin c'est son beau-frère.

 

 

 

Mario – Et le Préfet ?

 

 

 

Mme Parfait – Parlons-en du Préfet, du Sous-Préfet, ils se renvoient la balle hein ! Tous payés à rien faire ces fonctionnaires.

 

 

 

Mario – Et vous attendez quoi de moi ?

 

 

 

Mme Parfait – Je prends le taureau par les cornes hein ! Je veux mater ce chenapan Je veux écrire au Président de la République.

 

 

 

Mario – Au Président ?

 

 

 

Mme Parfait – Il ne m' a pas répondu la dernière fois.

 

 

 

Mario – La dernière fois ?

 

 

 

Mme Parfait – Oui, je lui avais écrit pour me plaindre de ma voisine Zora Pluche. Cette culottée laisse traîner ses chats ! Et viennent pisser dans mes salades. Si on a élu un Président c'est bien pour qu'il s'occupe de nos problèmes hein !

 

 

 

Mario – Bien entendu et vous voulez que ce soit moi qui rédige la lettre ?

 

 

 

Mme Parfait ( minaude )– Vous êtes un pro et vous avez les yeux perçants, vous m'avez zieuté hein !Comme si j'étais nue. Vous faites toujours cette impression aux femmes ?

 

 

 

Mario ( flatté ) – Cela m'arrive. Je vais vous faire la lettre, bien que les présidents soient souvent très occupés. Ecrivez-moi le nom du Maire et de votre voisin. Ce sera cent euros.

 

 

 

Mme Parfait – J'ai tout préparé. Cent euros ! Hein ! Vous voulez m'étrangler ? A ce prix- là j'espère que j'en aurai pour mon pognon.

 

 

 

Mario – Vous savez, les présidents ont beaucoup à faire, mais j'ai bon espoir.

 

 

 

Mme Parfait – Voilà les cent euros et si ça marche j'ai d'autres plaintes.

 

 

 

Mario – Ah oui ! On va d'abord finir celle-là. Voilà au revoir, chère madame Parfait, la lettre sera prête ce soir, vous n'aurez plus qu'à la recopier. ( Elle est sortie. ) Ouh là là ! J'ai touché le gros lot, une chieuse de première, écrire au Président pour des chiens qui aboient, je rêve. Bon, cent euros c'est cent euros. Il regarde sur son PC : Voyons voir une lettre type pour écrire au Président, ben voilà, il ne reste plus qu'à la personnaliser. ( Le tél sonne.) Bonjour madame, comment ! C'est toi Viviane, quel plaisir, bien sûr que je pense à toi, tu veux me voir tout de suite, au café Flore, J'accours, je me précipite, dans un quart d' heure ? Je serai là, à tout de suite ! ( Il a raccroché. ) Chouette, les affaires reprennent et ma femme ne pourra pas détecter son parfum, elle m' énerve avec son nez.

 

 

 

On sonne c'est Julien un ami de Mario. Il est gay, à la voix haut perché et aimerait séduire ce dernier qui n'est intéressé que par les femmes. Brigitte a un faible pour lui, sans succès.

 

 

 

Mario – Tiens ! Mon pote Julien, quel bon vent t'amène ? On peut dire que tu tombes pile.

 

 

 

Il rentre dans la pièce et regarde à droite et à gauche.

 

 

 

Julien – Brigitte n'est pas là ? ( Sans attendre la réponse il ouvre grand ses bras et se dirige vers Mario. ) Ah ! Tu ne peux pas savoir le plaisir que j'ai à retrouver mon meilleur ami.

 

 

 

Mario ( nez en l'air, il renifle ) – Ah  oui ! Qu'est-ce que ça sent ! C'est toi ? T'es tombé dans un tonneau de, mer....., de roses ?

 

 

 

Julien – En ce moment je me baigne dans l'eau de rose, je mets une crème

 

et un parfum à la rose.

 

 

 

Mario –Trop c'est trop, ça empeste ! Tu espères séduire qui ? Ton éditeur ?

 

 

 

Julien – Non toi, je pensais que tu m'accorderais un plus d'attention.

 

 

 

Mario – C'est raté, tu connais mes goûts.

 

 

 

Julien – Hélas, trois fois hélas, je ne suis pas venu que pour cela.

 

 

 

Mario –Laisse-moi deviner, tu as besoin d'argent.

 

 

 

Julien – Je ne t'ai encore rien demandé.

 

 

 

Mario –Je te préviens, je ne peux te prêter que cent euros, la source est tarie.

 

 

 

Julien – Cent euros ça me va, j'ai un mois un peu short. C'est Brigitte qui t'a coupé les vivres ?

 

 

 

Mario – On peut le dire, elle trouve que je fainéante, tu te rends compte, moi qui sue sang et eau pour finir mon troisième roman. Au fait, tu as édité ton dernier bouquin ?

 

 

 

Julien – Je t'en ai apporté un exemplaire. Quatre éditeurs l'ont refusé, trop intellectuel qu'ils disaient, le commun des mortels n'y comprendrait rien.

 

 

 

Mario – C'est comment le titre encore ?

 

 

 

Julien – Le pot aux roses.

 

 

 

Mario – Le pot aux roses, c'est de circonstance ton parfum.

 

 

 

Julien – J'ai trouvé un cinquième éditeur, qui m' a édité.

 

 

 

Mario –Super, tu en as donc vendu ?

 

 

 

Julien – Ca démarre doucement, j'ai été à la librairie pour rencontrer mes lecteurs.

 

 

 

Mario – Il y en avait beaucoup ?

 

 

 

Julien – Cinq, j'avais donné quatre exemplaires à des potes qui sont venus pour la griffe et une dame.

 

 

 

Mario – La première lectrice ?

 

 

 

Julien – Elle voulait que je reprenne mon livre, je lui ai dis que ça ne se faisait pas, elle a dit c'est bien dommage, qu'elle allait s'en servir pour caler sa bibliothèque qui est bancale.

 

 

 

Mario – Il va au moins servir à quelque chose. ( Il regarde sa montre. ) Oh là là ! Je vais être en retard. Comme tu es là, tu vas me rendre un petit service.

 

 

 

Julien – Tu ne m'as pas donné l'argent.

 

 

 

Mario – Voilà, voilà tes cent euros.

 

 

 

Julien – Avec mon livre ça fait cent vingt.

 

 

 

Mario – Tu ne perds pas le nord toi !( Il lui donne le complément.)

 

 

 

Julien – Ah ! Je savais bien que les cent euros n'étaient pas gratuits.

 

 

 

Mario – Entre potes, il faut s'entraider. Je dois m'absenter, une course urgente et comme j'ai un client qui arrive, tu pourras lui dire de reporter son rendez-vous.

 

 

 

Julien – C'est un éditeur ton client?

 

 

 

Mario – Ils n'en sont pas encore à faire la queue devant ma porte. Il s'agit d'un client pour ma nouvelle activité, écrivain public.

 

 

 

Julien – Tu peux m'expliquer ?

 

 

 

Mario – Je fais des lettres pour des gens. Tu lui diras de revenir demain, il faut que je file. Tu te débrouilleras très bien, ce n'est pas compliqué, allez, je me sauve, le bar est ouvert. ( Il est parti. )

 

 

 

Julien – Ecrivain public, je ne vais pas me rabaisser à gribouiller pour le premier venu, c'est vulgaire, moi il me faut de la prose, de l'envolée, du texte quoi !

 

 

 

On sonne, Julien ouvre c'est Didier le frère de José.

 

 

 

Julien – Bonjour monsieur.

 

 

 

Didier – Bonjour, je viens sur recommandation de mon frère José, il m'a dit votre notoriété et votre compétence.

 

 

 

Julien – Ah ! C'est que je n'ai....

 

 

 

Didier – Pas beaucoup de temps ? Ce n'est pas grave, c'est une petite affaire de cœur.

 

 

 

Julien – ( soudain intéressé ) – De cœur ? Dans ce domaine je suis compétent, cependant...

 

 

 

Didier – J'en étais sûr, vous avez une tête à me comprendre. Il s'agit de Conchita Salami célèbre chanteuse, vous connaissez ?

 

 

 

Julien – Ah oui ! Je connais, elle est....

 

 

 

Didier – Charmante hein ? J'étais à son récital tout au bord de la piste, elle a salué et serré les mains. ( Avec emphase ) Quand elle a touché la mienne, j'ai reçu comme une décharge électrique, de battre mon cœur s'est arrêté.

 

 

 

Julien – ( en aparté ) Oh là là ! Il est plus grave que moi. ( haut )

 

Vous avez eu le coup de foudre.

 

 

 

Didier – On peut le dire, je suis sûr qu'elle m'a remarquée. Depuis ce jour je ne pense qu'à elle jour et nuit, je veux la revoir et lui déclarer ma flamme.

 

 

 

Julien – Par quel moyen ?

 

 

 

Didier – J'ai pensé à un texto, un mail, et je me suis dit plutôt une lettre avec ma photo glissée à l’intérieur. Une lettre, écrite par vous, romancier célèbre, j'aurai toutes les chances de la rencontrer.

 

 

 

Julien – Vous savez qu'on se pose des questions concernant Conchita. Certains affirment que c'est un homme.

 

 

 

Didier – Impossible, vous avez vu ses yeux de biche ? Si par extraordinaire c'est un homme, je saurai ce qui me reste à faire.

 

 

 

Julien – Vous n'allez pas faire une bêtise !

 

 

 

Didier – Une bêtise ? Pas du tout, je noierais mon chagrin dans l'alcool.

 

 

 

Julien – Dans l'alcool ? Ce n'est pas la peine vous en trouverez une autre, ou un autre, c'est très tendance en ce moment.

 

 

 

Didier – Un autre ? Pouah ! Ce n'est pas ma tasse de thé. Alors vous ne voulez pas mes cent euros ?

 

 

 

Julien – Cent euros ?

 

 

 

Didier – Payable d'avance, c'est mon frère qui m'a indiqué le montant de la prestation.

 

 

 

Julien Dans ce cas on va faire affaire. ( Il empoche le billet. ) Je vous prépare la lettre, revenez ce soir, elle sera terminée. Au revoir monsieur...

 

 

 

Didier – Faites-moi un chef d’œuvre. Au revoir. ( Il sort. )

 

 

 

Julien – Incroyable ! Je vais m'installer moi aussi comme scribouilleur public. Quand à la lettre je laisse ce soin à Mario, je lui laisse un petit mot sur son bureau. Je vais fêter ça tout seul avec une liqueur, ha,ha ! deux cent vingt euros dans la poche c'est inespéré.

 

 

 

Il se verse une liqueur et va s'installer dans un fauteuil.

 

La porte s'ouvre, c'est Brigitte qui entre. Elle a l'air de mauvaise humeur. Elle n'a pas vu Julien installé dans un fauteuil dans un coin.

 

 

 

Brigitte – Bien sûr il n'est pas là, ( elle hume l'air) Oh ! Mais qu-est-ce que ça pue ici, c'est infect, c'est de la rose frelatée. ( Elle voit enfin Julien qui sirote son verre et qui s'est levé.) Et qui je vois là, mon petit Julien, tu fais quoi ici tout seul, abandonné comme un petit poussin. ( Elle s'approche de lui et soudain. ) Ah ! C'est toi qui pue, t'es tombé dans une fosse de roses bas de gamme. Où as-tu acheté ça ?

 

 

 

Julien – C'était une promotion chez Senteur et parfums. Je rends service à Mario qui a dû s'absenter, il avait un rendez-vous urgent.

 

 

 

Brigitte – Change de crèmerie pour ton parfum. Il avait rendez-vous avec un homme ou une femme ?

 

 

 

Julien – Il ne me l'a pas dit, je crois que c'était pour son nouveau roman.

 

 

 

Brigitte – Il n'a pas encore écrit une ligne de son nouveau roman. Et ce ne sont pas les deux premiers qui vont faire bouillir la marmite. J'espère que tu as plus de succès avec les tiens.

 

 

 

Julien – J'ai publié mon premier livre, ça démarre doucement.

 

 

 

Brigitte – Il faudra m'en passer un exemplaire, c'est comment le titre ?

 

 

 

Julien – Le pot aux roses.

 

 

 

Brigitte – Ca explique ton parfum.

 

 

 

Julien – C'est quand même un roman policier. J'ai donné un exemplaire à Mario.

 

 

 

Brigitte – Je te souhaite plein de succès. Maintenant tu me ferais un grand plaisir, en allant faire respirer à d'autres gens ton odeur de rose.

 

 

 

Julien –Moi qui pensait faire plaisir. Ah ! J'oubliais, Mario a eu un client tout à l'heure, j'ai laissé un mot sur le bureau, une lettre à faire.

 

 

 

Brigitte – Je lui dirais, c'est une lettre de réclamation sans doute.

 

 

 

Julien – Non, une lettre d'amour pour Conchita Salami.

 

 

 

Brigitte – L'homme a moitié femme ?

 

 

 

Julien – Oui, à mon avis plus homme que femme.

 

 

 

Brigitte –C'est donc un confrère à toi ?

 

 

 

Julien – Pas du tout, je ne nage pas dans ces eaux troubles.

 

 

 

Brigitte ( soudain intéressée )– Tu as viré ta cuti ? La femme est supérieure à l'homme question amour. Et n'oublie pas que j'ai un faible pour toi.

 

 

 

Julien – Je préfère m'en aller avant que ça ne dégénère.

 

 

 

Brigitte –Je me disais aussi c'était trop beau. Au revoir mon petit Julien, je ne te fais pas la bise, tu sais les roses ! ( Elle l'accompagne. ) Je suis écœurée, il préfère la jaquette. Bon allons vérifier si mon petit mari m'a été fidèle. ( Elle va prendre un bibelot sur l'armoire et récupère une petite caméra.) C'est formidable ce que la technologie permet aujourd'hui.

 

 

 

Elle va se brancher sur le PC de Mario et visionne les images.

 

 

 

Brigitte – Voyons voir, ça c'est une vieille rombière, elle n'a pas l'air commode, ensuite, c'est qui celui-là ? Encore une lettre, encore un ! C'est une procession et chaque fois ils laissent cent euros, dommage que je n'ai pas le son . Et encore un, c'est avec Julien et encore un billet de cent euros, Julien l'a mis dans sa popoche, pas gonflée cette folle.

 

 

 

On entend du bruit c'est Mario qui revient, Brigitte a juste le temps de cacher la caméra.

 

 

 

Mario - Ah ! Déjà rentrée ma chérie ? Tu a eu une bonne journée ?

 

 

 

Brigitte – Que des emmerdes et toi ? Je te dis pas, y a des nanas qui viennent essayer les parfums et elles-mêmes ne sentent pas la rose. Elles ne connaissent pas le savon.

 

 

 

Mario - Toi avec ton nez. J'ai eu quelques clients pour des lettres.

 

 

 

Brigitte – Il y en a un qui empestait la rose.

 

 

 

Mario - Tu ne devineras pas qui c'était ?

 

 

 

Brigitte – Oh si ! C'était notre ami Julien, il était encore là quand je suis arrivée. Je l' ai envoyé paître vite fait, une vraie puanteur.

 

 

 

Mario - Sinon, j' ai eu deux autre clients.

 

 

 

Brigitte ( fait semblant de humer l'air ) – Laisse moi deviner, c'est dur après l'infection de Julien, je peux te dire qu'il y a eu une dame, plus très jeune, un relent de violette, et peut-être peu soigneuse, il y a eu deux hommes, je crois un qui sentait l'eau de Cologne, et le deuxième le cigare bas de gamme.

 

 

 

Mario - ( Il a regardé sa femme en remuant la tête et passablement énervé. ) Je ne sais pas comment tu fais cela, je n' ai plus de vie privé, tu m'espionnes, tu me surveilles, c'est chiant !

 

 

 

Brigitte – Ce n'est pas de ma faute si j'ai hérité d'un nez et je pensais te faire plaisir. Tu étais à un rendez-vous tout à l'heure ?

 

 

 

Mario - Et voilà ça continue, l'espionnage continue, tu vas finir par m'énerver.

 

 

 

Brigitte – Tu sais que je ne supporterais pas d'être trompée. Un petit bisou et on oublie tout ça.( Elle se rapproche de Mario pour l'embrasser, et tout à coup elle le sent de près. ) Numéro neuf de Chanel, tu avais rendez-vous avec une femme ?

 

 

 

Mario ( emporté ) – Va au diable avec ton nez, ce que tu peux m'énerver,

 

( il crie ) j'en ai marre !

 

 

 

Brigitte – Tu as vu comment tu me parles ? Bon,bon, je me calme, je me calme. C'est rentable ton activité annexe ?

 

 

 

Mario – Mieux que je ne pensais, cent euros, ce n'est pas mal.

 

 

 

Brigitte – Pour les deux clients ?

 

 

 

Mario – Oui, c'est un bon début.

 

 

 

Brigitte ( en aparté ) - Il me prend pour une bille, c'était deux cents. ( tout haut ) Tu vas devenir riche, tu pourras enfin participer aux dépenses du ménage.

 

 

 

Mario – Je compte surtout sur mon troisième livre, je le sens bien celui-là.

 

 

 

Brigitte – Surtout que tu n'en a pas encore écrit une ligne.

 

 

 

Mario – Tout est là-dedans.

 

 

 

En montrant sa tête. Le portable de Mario sonne, il décroche et raccroche.

 

 

 

Brigitte – C'était qui ?

 

 

 

Mario – Je ne sais pas une erreur de numéro, sans importance.

 

 

 

Brigitte –Sûrement un truc publicitaire, tu ne devrais pas donner ton numéro à n'importe qui.

 

 

 

Mario – Je ne le donne à personne. ( Son téléphone sonne à nouveau. ) Allô, je ne suis pas la personne que vous recherchez, ne m’appelez plus. ( Il raccroche et pose son portable sur la table. ) Des vrais sangsues.

 

 

 

Brigitte – Je te les aurais arrangé moi.

 

 

 

Mario – Ils sont payés pour cela !

 

 

 

Brigitte –Payés ou pas, je me les paye moi.

 

 

 

Le portable sonne encore et Brigitte s'en saisit avant Mario qui en reste baba.

 

 

 

Brigitte – Vous n'avez pas fini d'emmerder tout le monde ? Y en a marre de tous ces appels, fichez nous la paix. Comment ? Madame Dutron, éditrice, oh ! Excusez-moi, je vous le passe tout de suite. ( Elle pose la main sur le combiné. ) Oh la bourde ! Ton éditrice.

 

 

 

Mario – Je te retiens avec tes bêtises. Allô, madame Dutron, comment va ? C'était qui tout à l'heure ? Ma femme, un peu énervée, vous n'êtes pas concernée. Vous avez vendu vingt exemplaires de mon livre, ça fait soixante dix au total, c'est un bon début ? A partir de cent je touche trois pour cent de commission. Merci madame. Comment ? Mon nouveau roman ? Il est en marche, je veux dire en écriture, je vous tiens au courant.

 

 

 

Pendant que Mario est occupé au tél Brigitte s'est rapproché de l'armoire pour remettre la caméra en place, il a raccroché et la regarde.

 

 

 

Mario – Mon éditrice avait l'air énervé, je trouve que tu dépasses les bornes. Et que fais-tu là à regarder cette potiche, je vais d'ailleurs m'en débarrasser.

 

 

 

Brigitte – C'est un cadeau de ma mère !

 

 

 

Mario – Alors mets-la dans ton boudoir.

 

 

 

Brigitte –Boudoir, tu m'en fait un drôle de boudoir, ma pauvre maman  serait désolée!

 

 

 

Mario – Ca m'étonnerait, avec son nouveau Mac, elle a d'autres chats à fouetter !

 

 

 

Brigitte – J'ai compris, tu veux que je m'excuse pour ma bourde de tout à l'heure ?

 

 

 

Mario – Je veux surtout que tu cesses de m'espionner. Est-ce que je t’espionne moi ? Non, je te fais confiance, malgré le manège de Julien.

 

 

 

Brigitte – Julien ? Tu rigoles ! Il est complètement gay.

 

 

 

Mario – Peut-être que c'est une feinte pour ne pas attirer l'attention. On sait que l'amant est à quatre-vingt cinq pour cent, un ami bien attentionné.

 

 

 

Brigitte – Où vas-tu chercher ça ? Dans les pièces de Feydeau ?

 

 

 

Mario – Il y a toujours un fond de vérité, même chez Feydeau.

 

 

 

Brigitte – Arrête de délirer, il n'y a rien entre Julien et moi bien que ….

 

 

 

Mario – Bien que..., tu vois, laisse-moi terminer, si Julien dirait oui je ne dirais pas non. Ah ah ! J'ai senti cela, il n'y a pas que toi pour sentir.

 

 

 

Brigitte – Il faut dire que nos relations sexuelles se limitent à très peu de choses, un coït par semaine et encore !

 

 

 

Mario – Un coït ? A qui la faute, avec tes soupçons, ta jalousie, ça me tape sur ma libido.

 

 

 

Brigitte – Ta libido, dis plutôt que tu as une maîtresse et que tu lui réserves tout ton jus et moi je n'ai plus que des clopinettes.....,

 

 

 

Mario  ( crie ) - Y en a marre tu entends ?

 

 

 

On sonne à la porte.

 

 

 

Mario – Et puis zut à la fin ! J'ai une dernière cliente, je ne voudrais pas que tu la vois, tu pourrais la soupçonner d'être ma maîtresse.

 

 

 

Brigitte – Très drôle, bon je me tire, on n'a pas fini cette discussion.

 

 

 

Elle sort. En ouvrant, Mario a un hoquet, c'est Viviane sa dernière conquête qui ne devait pas venir chez lui. Il lui a promis le mariage dès son divorce prononcé. Elle qui est comédienne joue à la prof d'anglais. Habillée excentrique avec des couleurs non assorties, avec un grand sac à main rouge ou bariolé . Pour l'occasion elle prend un accent anglais.

 

 

 

Mario – Viviane ! Que fais tu là ?

 

 

 

Viviane – Bonjour, monsieur Mario ? Je me présente Viviane Pikkelton, professeur d'english.

 

 

 

Mario – Je ne comprends pas ! ( Elle lui tend la main. )

 

 

 

Viviane – En tant qu'anglaise, je sious très contente de serrer la main d'un illiustre écrivain.

 

 

 

Mario – Ah ! Anglaise ? ( Il est un peu désemparé et rassemble quelques mots d'anglais. ) I am not happy to meet you, don't take a sit.

 

 

 

Viviane – Oh ! Vous parlez english ? J' adooore ! Beaucioup mon langue dans votre biouche !

 

 

 

Mario – (en aparté ) Hein, qu'est-ce qu'elle me fait là. ) ( haut ) Vraiment, ma langue dans votre biouche, arrête ces bêtises, vois-tu, ma femme est à côté et elle....

 

 

 

Il se lève et va écouter à la porte, l'ouvre doucement et inspecte le couloir.

 

 

 

Viviane – Votre femme parle aussi l'english ? J'aimerais bien ma langue dans sa biouche !

 

 

 

Mario – ( en aparté ) Elle veut mettre sa langue dans toutes les bouches ? (Haut ) Qu'est-ce qui te prend ? Tu es folle ? Elle ne doit pas te voir !

 

 

 

Viviane – Folle de toi darling !

 

 

 

Mario – Arrête tout de suite cette mascarade !

 

 

 

Viviane ( garde son personnage ) – Ah ! J'ai acheté votre roman, so delicious. J'ai aimé le scène d'amour entre le concierge et le star russe. Pourquoi y a t-il autant de morts, douze et autant de sang, on aurait piu faire du bioudin. C'est une blague britisch. ( Elle sort son livre de son sac. ) Pouvez-vous le dédicacer ?

 

 

 

Mario – Tu est venu spécialement pour cela ?

 

 

 

Viviane – Oh non  darling! Je voulais voir où habite mon écrivain préféré. Et la libraire m'a dit que vious écrivez aussi des lettres pour les gens dans le besoin.

 

 

 

Mario – Dans le besoin, oui, parfois.

 

 

 

Viviane – J'ai besoin de vious pour écrire une lettre d'amour.

 

 

 

Mario – C'est ma spécialité. Je ne vois pas ou tu veux en venir.

 

 

 

Il se lève et va de nouveau inspecter le couloir.

 

 

 

Viviane – Oh ! Very fantastic ! J'ai rencontré un bel homme au théâtre, j'ai flashé siur lui et lui siur moi et maintenant nous sommes , ( elle croise ses deux index et tire dessus. ) Ciul et chemise c'est comme ça qu'on dit ?

 

 

 

Mario – Arrête tout de suite !

 

 

 

Viviane – Je n'ai pas fini. Ce bel homme, écrivain comme vous m'a séduite et maintenant je le l'aime. Il m'a volé le vertu siur le piano à quieue du théâtre, m'a promis le mariage après son divorce . On se voit souvent pour copiuler, entre deux portes, derrière le statiue de Jeanne d'Arc, la pauvre elle n'y peut rien, dans les toilettes piubliques, où encore ? Dans l'ascenseur. Je crois qu'il ne s'intéresse qu'à mes fesses. Il a tioujours peur qu'on nous voit ensemble. Je dois être conne pour continuer comme ça qu'en pensez-vous ?

 

 

 

Mario – Vu sous cet angle, je suis sûr qu'il vous aime.

 

 

 

Viviane – J'aimerais d'ailleurs voir sa femme pour voir si elle est aussi moche et mauvaise comme il dit.

 

 

 

Mario – Ah non ! Maintenant ça suffit, tu vas me faire le plaisir de partir, on s'expliquera plus tard !

 

 

 

Viviane ( en criant ) Plius tard, où ça plius tard, au parc, dans l 'ascenseur ou dans le local à pioubelles ?

 

 

 

Une porte claque, c'est Brigitte qui a entendu les cris qui se pointe.

 

 

 

Brigitte – J'ai entendu du bruit, quelqu'un a crié ?

 

 

 

Mario –Euh ! Non, c'est ma cliente qui est anglaise, elle a parlé fort !

 

 

 

Viviane – Bonjour, madame Diupont ? Je suis veniue voir votre mari pour qu'il m'écrive une lettre. J'ai une questien, vous parlez english ?

 

 

 

Brigitte I speak a little english.

 

 

 

Viviane – Oh wonderfull, j'adoore mon langue dans votre biouche.

 

 

 

Mario – Elle est un peu expansive ma cliente.

 

 

 

Viviane – Oui ! Très expansive, vous écrivez aussi des lettres ?

 

 

 

Brigitte ( s'est rapprochée de Viviane ) – Non, moi je m'occupe de parfum. Et je vois que le vôtre c'est Chanel N° 5, très bon choix.

 

 

 

Viviane – Oh merci, vous avez un très bon nose, moi je ne sens rien, je me fait d'ailleurs souvent riouler dans le farine.

 

 

 

Brigitte – Par les hommes ?

 

 

 

Viviane –Siurtout les hommes et mes élèves.

 

 

 

Brigitte – Ah ! Vous êtes professeur d'anglais je suppose ?

 

 

 

Viviane – Vous siupposez bien.

 

 

 

Mario – Maintenant que vous avez fait connaissance, j'aimerais terminer la lettre.

 

 

 

Brigitte - Je devine, c'est sûrement une lettre d'amour. ( en aparté à Mario ) Ca ne te rappelle rien Chanel n°5 ?

 

 

 

Mario – ( en aparté à Brigitte. ) Rien du tout. ( haut ) Je suis pressé, j'ai d'autres clients.

 

 

 

Viviane – Pour le parfumm, comment avez-vious deviné ? C'est écrit siur mon nose ?

 

 

 

Brigitte- Je l'ai deviné à votre tête, charmante d'ailleurs. ( en aparté à Mario ) C'est le même que celui de ton rendez-vous.

 

 

 

Viviane – Oh, merci ! Je souis très fleur bleue et un peu naïve.

 

 

 

Mario ( en aparté. ) C'est un pur hasard ( haut ) – Nous perdons beaucoup de temps.

 

 

 

Brigitte ( en aparté ) Mon œil, c'est ta maîtresse ? Tu vas me le payer .(haut ) En tout cas vous êtes entre de bonnes mains, Mario est spécialisé en affaires de cœur.

 

 

 

Viviane – Je l'ai remarqué. Voyez-vous medeme, j'ai un amant qui m'a promis le mariage après son divorce et cela tarde à venir. Depuis un an on se voit entre deux portes, dans les toilettes, partiout sauf un endroit convenable. Il m'a dit que son femme était moche et que j’étais la seule qui comptait pour lui.

 

 

 

Brigitte – C'est donc une lettre de rupture ?

 

 

 

Viviane – Pas du tiout, je tiens trop à lui, je veux seulement lui mettre les points sur les i.

 

 

 

Brigitte – Ah ! Vu comme ça ! Je vais donc vous laisser, je vous souhaite beaucoup de bonheur.

 

 

 

Viviane – Merci, cela me va droit au cœur.( Brigitte sort .)

 

 

 

Mario – C'était chaud, très chaud, à un poil près, tu brisais notre amour !

 

 

 

Viviane ( sans accent)- A un poil près je dénonçais tes incartades à ta femme qui n'est ni moche ni mauvaise, un peu curieuse peut-être.

 

 

 

Mario – Tu as mis le doigt dessus, avec sa curiosité elle m'étouffe, elle ne me laisse pas respirer une seconde.

 

 

 

Viviane- Elle a ses raisons et je vais faire le deuil de nos relations.

 

 

 

Mario – Qu'est-ce que tu racontes, pour moi rien n'a changé.

 

 

 

Coup de sonnette, c'est Julien. Il entre comme chez lui.

 

 

 

Julien – J'ai une nouvelle sensationnelle, oh ! Pardon, tu as de la visite, excusez, je vous laisse.

 

 

 

Mario – Tu viens comme un cheveu sur la soupe !

 

 

 

Viviane- J'allais partir, je vous laisse la place.

 

 

 

Julien – Pas du tout, c'est moi, j'ai l'impression de vous connaître, vous êtes une actrice de cinéma ?

 

 

 

Viviane- De théâtre monsieur, j'ai joué Phèdre récemment.

 

 

 

Julien – Ah oui ! Bien sûr, je m'excuse de ne pas vous avoir reconnu tout de suite. Je me permets de vous adresser mes compliments les plus vifs pour votre prestation.

 

 

 

Viviane ( reprend son accent anglais ) - Merci, est ce que vious parlez english ?

 

 

 

Julien – Oh, a little bit my dear.

 

 

 

Viviane- Oh Wonderfull ! J'adooore ma langue dans votre biouche !

 

 

 

Julien – Ah ! Vu comme ça ! Ca m'en bouche un coin !

 

 

 

Viviane ( voix normale ) - Je peux vous signer un autographe.

 

 

 

Julien – Avec plaisir je m'appelle Julien, mais je n'ai pas de programme.

 

 

 

Viviane- J'en ai toujours sur moi. ( Elle sort un programme de son sac. ) Voilà, à Julien avec toute ma sympathie.

 

 

 

Julien – Grand merci, permettez que je vous baise la main, vous êtes mon idole. Si j'osais, je vous inviterais à boire un verre, vous allez sûrement refuser.

 

 

 

Viviane- Pas du tout, avec vous ( elle regarde sa tenue ) je ne risque rien, j'ai l'habitude de boire un verre au café du théâtre le soir à dix-huit heures, on pourra discuter plus à fond.

 

 

 

Julien – C'est un bonheur pour moi, à ce soir donc. Je ne savais pas que vous étiez anglaise.

 

 

 

Viviane- A demie seulement. A ce soir, je vous dis à bientôt, monsieur Mario.

 

 

 

Mario – Rien n'a changé pour moi. ( Elle sort. ) Je rêve ou tu as dragué cette femme ?

 

 

 

Julien – Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai eu un éblouissement et comme elle m'a tendu la perche, je vais changer de statut. Je retourne dans le monde féminin.

 

 

 

Mario – Laisse-moi rire, il te faudra abandonner pas mal d'habitudes à commencer par le parfum de roses, tes tenues, sans compter ta voix de fausset.

 

 

 

Julien – Elle ne m'a rien dit à ce sujet, elle aime peut-être.

 

 

 

Mario – Elle ne va pas se contenter d'une citronnade, ces femmes ont de gros besoins. Si tu es prêt à assumer les notes de restaurant, les tenues de soirées, les bijoux, libre à toi.

 

 

 

Julien – Tu essayes de me dégoutter, tu ne serais pas jaloux par hasard ?

 

 

 

Mario –Moi, jaloux, laisse-moi rire, avec ma femme nous filons le parfait amour, n'est-ce pas ma chérie ?

 

 

 

Julien –A qui tu parles ?

 

 

 

Mario – A Brigitte, qui est derrière toi.

 

 

 

Brigitte – Tu as parlé de notre amour parfait ? Il faudrait revoir certaines clauses du contrat.

 

 

 

Mario – Ce sont des détails. Figure-toi que Julien vient de tomber dans les filets de madame Pikkelton alias Viviane.

 

 

 

Brigitte – Julien ? Avec une femme ? Tu rigoles sans doute !

 

 

 

Mario – Il vient d'avouer.

 

 

 

Julien – Je n'avoue rien du tout, j'ai juste été sensible au charme de Viviane avec qui je vais d'ailleurs prendre un verre.

 

 

 

Brigitte – Tu as donc viré ta cuti sans rien nous dire.

 

 

 

Julien – Il n'y a pas de quoi en faire un plat.

 

 

 

Mario – Ce qui me fait penser que tout à l'heure tu as empoché cent euros avec mon client, ce qui fait que tu me dois deux cents euros aujourd'hui et les trois cents de la semaine dernière, ce qui fait cinq cents tout rond.

 

 

 

Brigitte – Tu as fini d' embêter notre ami Julien pour cette petite somme, on peut quand même faire confiance aux amis.

 

 

 

Julien – Merci Brigitte, je te revaudrai ça.

 

 

 

Mario – Et avec quoi ? Il vend encore moins de livres que moi, ses roses sont en panne.

 

 

 

Brigitte – Et tes navets ne sont pas en panne ? Les lecteurs s'en servent pour caler leur bibliothèque.

 

 

 

Mario – Pas les miens, ce sont ceux de Julien qui servent de béquilles aux armoires. Je vais me rafraîchir et je vous laisse rafraîchir vos liens amicaux.

 

 

 

Il sort.

 

 

 

Julien – Je crois que Mario est fâché avec moi.

 

 

 

Brigitte – Ce n'est pas grave, tu lui as coupé l'herbe sous le pied avec la professeur Pikkelton, il devait se la réserver.

 

 

 

Julien – La professeur ?

 

 

 

Brigitte – Et bien oui, elle est professeur d'anglais.

 

 

 

Julien – Ah bon ? Elle m'a dit qu 'elle était comédienne et a joué Phèdre.

 

 

 

Brigitte – Il y a une entourloupe quelque part, c'est encore un coup fourré de Mario.

 

 

 

Julien – Je l'ai vu jouer dans Phèdre.

 

 

 

Brigitte – C'est louche, à moi elle m'a dit qu'elle était professeur, Mario me cache quelque chose.

 

 

 

Julien – ll n'oserait pas vous tromper.

 

 

 

Brigitte –Il ne pense qu'à ça. Dis-moi, Julien, tu étais sérieux tout à l'heure, à propos des femmes ?

 

 

 

Julien – Cette Viviane m'a impressionné. Je n'ai rendez-vous que pour un café.

 

 

 

Brigitte ( lui met le bras au-dessus les épaules. ) –Tu ne veux pas aller boire un café avec moi ? Tu sais que nous sommes de vieux amis ?

 

 

 

Julien – Bien sûr si Mario est d'accord.

 

 

 

Brigitte – Mario ? Il est bien trop occupé avec ses nanas, allez, on va faire une petite folie.

 

 

 

Julien – Quelle folie ?

 

 

 

Brigitte – Boire un café pour commencer.

 

 

 

Ils sortent. Par l'autre porte arrive Mario en marche arrière.

 

 

 

Mario – Vous ne devinerez jamais ce qui m'arrive. ( Il se retourne. ) Tiens ils sont partis, je vais en profiter pour écrire les lettres. ( Il s'installe devant son PC . ) C'était quoi ce client de Julien, Didier Davant, j'ai déjà eu un Davant, c'est le frère de l'autre, une lettre d'amour pour Conchita Salami. . Il est tombé raide dingue amoureux de Conchita. Oh ! Je vais reprendre la lettre de son frère et magouiller le tout avec quelques variations. Il ne m'a pas dit si ils étaient du même bord, on va la faire mixte.

 

 

 

Il regarde la potiche ou est cachée la caméra.

 

 

 

Mario – Qu'est ce qu'elle a à me regarder comme ça cette potiche, cette vieillerie, elle n'a qu'à la prendre sur sa table de nuit, bonjour les cauchemars .

 

 

 

Il se lève et saisit l'objet le secoue, regarde derrière et trouve la caméra. Il manipule les boutons.

 

 

 

C'est quoi ça ? Une caméra ? Pour m'espionner ? Ah ! Le nez de ma femme c'est ça ? Je me demandais comment elle faisait pour tout savoir sur mes visiteurs, leur âge, leur tête, jusqu'à la couleur de leur slip. Hé,hé ! Je tiens ma vengeance, voyons voir ce qu'elle a pris, oh ! C'est elle avec Julien, je suis cocu, avec mon meilleur copain. J'efface les dernières minutes d'enregistrement et en place pour la vengeance. Radine en plus, il n'y a pas le son.

 

 

 

On sonne c'est Vanessa Ducron l'éditeur de Mario.

 

 

 

Mario – Bonjour madame Ducron, c'est un plaisir et un honneur de vous accueillir chez moi.

 

 

 

Vanessa – Bonjour monsieur, appelez-moi donc Vanessa, madame fait tellement cérémonieux.

 

 

 

Mario – Si vous m'appelez Mario je suis d'accord. Vous avez fait bon voyage ?

 

 

 

Vanessa – Excellent, vous devez être impatient de connaître le motif de ma visite ?

 

 

 

Mario – Je bous d'impatience.

 

 

 

Vanessa – C'est tout simple, après la publication de votre deuxième livre qui a bien démarré, je crois en vous et j'attends avec intérêt le troisième dont vous m'aviez envoyé le pitch.

 

 

 

Mario – Ce n'était qu'une ébauche, une idée quoi !

 

 

 

Vanessa – Très bonne idée, l'héroïne qui voit en rêve les gens qui se font assassiner, c'est très gore et dans l'air du temps, il faudrait juste insister sur le sang, les gens aiment le sang, de même l'assassin peut paraître sympathique et quand il dit qu'il fait ça par amour pour elle, c'est un sommet dans l'art du thriller. Je résume, il faut du sang, de la sympathie et de l'amour.

 

 

 

Mario – Je suis en plein dedans, je vais rajouter une pincée de sang, que dis-je, une bassine et, un zeste d'amour dans une ambiance sympathique. Ce qui me fait penser que vous aviez parlé d'une avance.

 

 

 

Vanessa – Vous avez saisi le fond de ma pensée. Nous pourrions fêter cela devant un verre. Voila un chèque de cinq cents euros, c'est une avance sur les futures recettes.

 

 

 

Mario – Ah ! Je suis tellement content, je peux vous faire la bise. ( Ils se font la bise le dos à la caméra, ce qui peut-être mal interprété par Brigitte.) Il y a dans la rue un gentil troquet qui va nous accueillir, qu'en pensez-vous ?

 

 

 

Vanessa – Bonne idée, allons-y.

 

 

 

Ils sortent bras dessus bras dessous. Par l'autre porte arrive Brigitte qui est de mauvaise humeur.

 

 

 

Brigitte –Au diable ces hommes juste intéressés par la gent masculine. Ce n'est pas demain que Julien va s'amouracher d'une femme. Voyons voir ce que Mario a fait pendant mon absence. ( Elle hume l'air. ) Tiens, il y a eu une visite, une femme, jeune, ça sent, Black Opium de Yves Saint Laurent. On va vérifier avec la caméra. ( Elle la branche sur le PC. )

 

Alors, qu'est-ce qu'on a là ? Oh ! C'est une bombe ! Je rêve, ils s'embrassent, ils se lèchent, elle lui a refilé un chèque et maintenant ils partent copains comme cochons. Je savais que j'étais cocue, je ne savais pas qu'il se faisait payer pour cela. Tu ne perds rien pour attendre, ma vengeance sera terrible.

 

 

 

Acte 2

 

 

 

Quelques jours plus tard

 

Aparté musical sur le thème jalousie

 

 

 

Mario est en train d'écrire son roman.

 

 

 

Mario – Blanche regarda avec agacement sa robe blanche. Une grande tache de sang s'étendait sur le devant. On sonna à la porte, c'était le facteur. Elle mit en hâte un tablier devant elle pour cacher le sang. Vanessa m'a demandé beaucoup de sang, il y en a déjà plusieurs litres, une vraie boucherie, je ne sais pas comment tout ça va se terminer.

 

 

 

On sonne, c'est Julien, qui rentre tout de suite, Mario a décidé de le draguer pour faire râler Brigitte.

 

 

 

Julien – Salut cher ami, je ne te dérange pas de trop ? ( Mario, très accueillant. )

 

 

 

Mario – Salut très cher, quel plaisir , comment vas-tu, on se fait la bise ? Il faudra qu'on aille se boire un coup, on ne se voit pas assez.

 

 

 

Julien ( très étonné par l’accueil ) – Je ne m'attendais pas à un accueil aussi chaleureux.

 

 

 

Mario – L'amitié entre deux copains sans les femmes reste une des choses les plus importantes dans la vie.

 

 

 

Julien – Tu deviens philosophe ?

 

 

 

Mario – Tu sais les femmes c'est souvent compliqué tandis que entre hommes c'est plus simple.

 

 

 

Julien – Ah ! Les femmes c'est parfois bien, il y a des exceptions.

 

 

 

Mario – L'un n'empêche pas l'autre.

 

 

 

Julien – Hein ? Tu as changé toi !

 

 

 

Mario – Je suis réaliste. Comment vont tes livres ?

 

 

 

Julien – J'en suis à cinquante vendus, c'est pas mal ?

 

 

 

Mario – Très bon début pour ton pot aux roses.

 

 

 

On sonne c'est José qui est amoureux de sa patronne.

 

 

 

Julien – Je te laisse, alors, d'accord pour boire un verre.

 

 

 

Mario refait une bise à Julien à son grand étonnement.

 

 

 

Mario ( Julien est sorti. ) – J'espère que la caméra a marché, Brigitte va en faire une jaunisse.

 

 

 

José est entré, Mario l’accueille.

 

 

 

Mario – Bonjour monsieur, quelles sont les nouvelles, du succès avec la lettre ?

 

 

 

José – Ah ! Ne m'en parlez-pas, trop de succès !

 

 

 

Mario – Trop ? Expliquez-moi ça.

 

 

 

José – J'ai donc envoyé la lettre et ma patronne m'a fait un grand sourire, en me glissant, à ce soir dix-neuf heures chez moi au 29, rue du Big Bazar.

 

 

 

Mario – C'est très bien !

 

 

 

José – Ce n'est pas fini, je me suis présenté chez elle avec un bouquet de roses rouges, excité comme un gamin. Elle m'est apparue, moulée dans une robe décolletée rouge, j'en ai eu le  vertige. Elle m' a dit merci pour les fleurs. Elle s'est approchée de moi m' a regardé dans les yeux, a mis ses bras autour de mon cou et m'a dit, mon petit José, je ne te découvre qu'aujourd'hui. Je crois qu'on va s'entendre. J'étais au paradis.

 

 

 

Mario – Alors là, c'est parfait.

 

 

 

José – Je n'ai pas fini. J'ai voulu lui rouler un patin, elle m'a dit un instant, a saisi son portable et a dit OK. Tout de suite après on a sonné, elle a ouvert et quatre personnes sont entrés, deux garçons de douze ou dix ans et une fillette de cinq ans peut-être, avec une dame plus âgée. Et là, elle m'a dit, je te présente ma mère Sidonie et mes trois chérubins, ne sont-ils pas adorables ? J'en suis resté baba !

 

 

 

Mario – Ah ! Trois mioches !

 

 

 

José – Oui, trois et elle a ajouté, vous aimez les enfants ? Ils ont hâte d 'avoir un père pour jouer avec eux. Le plus âgé avait une crête de coq avec des piercing dans le nez et dans les oreilles, le second me regardait de travers, seule la petite s'est précipitée vers moi pour m'embrasser et quand je me suis baissé elle m'a envoyé un coup de pied dans le tibia.

 

 

 

ET et, et,

 

Voilà, si vous voulez lire le reste de ma pièce, envoyez-moi un mail à mon adresse et je me ferai un plaisir de vous envoyer le texte complet. Si vous avez des questions concernant la mise en scène, je suis à votre disposition.