THEATRE

 

 

 

LA FIANCEE DE PAPA

      

Auteur : René NOMMER

renenommer375@gmail.com

Protégé par Copyright France

Durée : 80 mn

5F/3H

 

Scénario: Monsieur DUCROS Lionel, veuf 56 ans, a deux filles, Chantal 33 ans et Noémie 29 ans. Lionel s’est entiché d’une jeune fille rencontré à un congrès,

Laetitia 26 ans. Il veut l’épouser et envisage de la ramener à la maison. Ce qui

 pose des problèmes avec ses filles peu disposées à cohabiter avec une

belle-mère plus jeune qu’elles. La mère  de Laetitia, LAJOIE Ophélie

 vient apporter son aide, pour augmenter la confusion. Rajoutons à ceux-la,

Jacques le fiancé de Chantal, pincé et collet monté, Aimée l’amie  de Noémie,

et Gaétan, l’ami de toujours de Lionel qui distille ses conseils gratuits, et aime

jouer double jeu.

  

Personnages:

 

DUCROS Lionel, veuf, sportif, veut paraître jeune .

Chantal, fille ainée, fiancée à jacques.

Noémie, la cadette veut jouer à l’affranchie.

LAJOIE Laetitia, la fiancée de Lionel, fausse timide mais sait ce

qu'elle veut.

MECRAN Jacques vétérinaire pincé, un peu méprisant, pas

 trop sûr de lui.

LAMIE Aimée, copine de Noémie, un cheveu sur la langue.

BARGEOT Gaétan, ami de Liopnel, conseilleur, pas toujours

payeur.

LAJOIE Ophélie, futur belle-mère, un peu  fofolle.

Acte 1 

 

 

Chantal est dans le salon et se fait les ongles en chantonnant. Elle tourne le dos à la porte par laquelle surgit Noémie habillée d'un déshabillé qui ne lui appartient pas.

 

 

NOEMIE - Tu peux me prêter ton rouge à lèvres?

 

CHANTAL - C'est la troisième fois cette semaine, tu pourrais t'en racheter un.

 

NOEMIE - Je n'ai pas eu le temps.

 

CHANTAL (se retourne) - Tu n'as jamais le temps. Mais,

 mais tu as mis mon déshabillé, de quel droit, tu me le rends tout de suite! Tout de suite!

 

NOEMIE - Il était sur la chaise, je n'ai pas fait attention.

 

CHANTAL - Tu ne fais jamais attention. ( S'avance

menaçante.) Rends-le moi tout de suite.

 

S'ensuit une course poursuite et finalement Chantal se saisit

de sa pantoufle et la lance sur sa sœur, pendant que la porte

 s'ouvre et Lionel prend la pantoufle dans la figure.

 

LIONEL - Merci pour l'accueil ! Que se passe-t-il ici? Encore en train de vous chamailler pour des riens. Quand

 deviendrez-vous adultes?

 

CHANTAL - Ta fille, la dernière de la portée, n'arrête pas

de me piquer mon maquillage, mes bijoux et là, elle a

 franchi un palier, elle me pique mes habits, mon

déshabillé offert par Jacques.

 

LIONEL - Noémie, pourquoi fais-tu cela? Quand à toi, Chantal, un peu de clémence avec ta petite sœur.

 

CHANTAL - Ma petite sœur? Trente balais et aucune clémence! Tu aurais dû l'appeler Kleptomania ou rate.

 

LIONEL - Kleptomania, je ne sais pas où tu vas chercher

 tout ça, et ratte, ce n'est pas une pomme de terre tout

de même, j'avoue que je ne comprends pas.

 

NOEMIE - Oui, pourquoi rate?

 

CHANTAL - Vous donnez votre langue au chat? Parce

qu'elle est comme les rats d'hôtel, elle pique dans ma chambre, vous saisissez? Un rat, une rate.

 

NOEMIE - C'est d'un drôle, chatouille-moi que je rigole.

 

CHANTAL (s'avance main levée)- En fait de chatouilles

je vais te...( Lionel s'interpose.)

 

LIONEL - Doucement les lionnes, calmez vous.

J'avais une nouvelle importante pour vous, et pour moi.

Ca vous intéresse peut-être?

 

NOEMIE - Il faut voir, la dernière fois c'était pour me

 faire la morale, alors...

 

LIONEL - Il est question de notre, de mon avenir.

 

CHANTAL - Quel mystère vas-tu nous sortir? Je t'en prie,

je bous d'impatience.

 

LIONEL - Tu as de ces expressions aujourd'hui, je vais

essayer d’être bref. Votre mère, ma femme, nous a quitté

 il y a bientôt quatre ans et mon veuvage est terminé.

 

CHANTAL - Oui, et alors?

 

LIONEL - Je pense refaire ma vie.

 

NOEMIE - Enfin! Tu vas pouvoir cesser de nous courir

sur le  haricot. Félicitations Papa.

 

LIONEL - Courir sur le haricot! Je ne me ferais jamais à

vos expressions. Content que tu le prennes bien.

Et toi Chantal?

 

CHANTAL - C'est la vie, c'est naturel!

 

LIONEL - Oh merci mes filles! Je m'inquiétais pour rien.

 

NOEMIE - Tu vois que nous sommes bonnes. Au fait,

c’est qui l’heureuse élue, laisse-moi deviner, Sonia, la

blonde du 5e, celle qui te lance des œillades incendiaires,

ou plutôt ta secrétaire, la douce Camille?

 

LIONEL - Ni l’une ni l’autre.

 

CHANTAL - Ah ! Je sais, c’est la dame du club de gym,

Corinne, celle qui marche en serrant les fesses, elle me

demande toujours, comment va votre papa?

 

LIONEL - Vous n’y êtes pas du tout, il s’agit d’une

personne que j’ai rencontré au congrès de Nantes cette

 semaine.

 

CHANTAL - Cette semaine ? Et tu veux déjà te marier?

C’est un coup de foudre!

 

LIONEL - C’est un coup de foudre, on s’est plu au premier

regard.

 

NOEMIE - Je ne pensais pas qu’à ton âge ce soit encore

 possible!

 

LIONEL - Comment possible? Qu’est ce que l’âge vient voir

là-dedans? Rappelle-toi la chanson, on peut s'aimer de

16 à 97 ans.

 

NOEMIE -16 à 77 ans dans la chanson oui, cela arrive

plutôt  à notre âge, tu en as quand même 56.

 

CHANTAL - Moi, j’ai mis six mois avant de ramener

Jacques à la maison.

 

LIONEL - Oui, j'en conviens, ici c’est différent, nous nous

aimons et....( Chantal l’interrompt).

 

CHANTAL - Et Jacques et moi on ne s’aime pas peut-être?

 

LIONEL - Bien sûr, vous ne comprenez pas.

 

NOEMIE - Alors, explique! Parce que quand moi je

ramène quelqu'un, tu fais une tête, tu le regardes

sous toutes les coutures, c'est tout juste si tu ne

sens pas sous ses bras pour voir s'il s'est lavé.

 

LIONEL - Tu exagères, sentir sous les bras, il faut dire que le

dernier que tu nous a ramené était plutôt de la ramasse, de la

cloche, mon seul souci c'est votre bonheur.

 

CHANTAL - Bon, on ne va pas y passer la matinée, alors?

 

LIONEL - Voilà, Laetitia et moi avons fait connaissance au

congrès et nous avons décidé de vivre ensemble et de nous

marier. D’ailleurs, elle emménage demain.

 

NOEMIE - Voila qui est clair, elle s’appelle Laetitia et

emménage demain. C’était pas la peine de t’énerver.

 

CHANTAL - Et elle dormira où?

 

LIONEL - Dans la chambre bleue.

 

CHANTAL - Ah non! C’est la chambre de Jacques quand il

vient.

 

 

LIONEL - Ce ne sera pas pour longtemps, nous voulons nous

marier très vite, dans le mois.

 

NOEMIE - Vous marier? Tu devrais plutôt te pacser, c'est la

mode et si ça ne marche pas, hop on se sépare, ni vu ni

connu.

 

LIONEL - On n'a aucune intention de se séparer Laetitia et

moi, notre union sera éternelle.

 

NOEMIE - Eternelle? Comme tu y vas! C'est le refrain de tous

les nouveaux couples, et six mois après, la moitié est séparée.

 

LIONEL - Je ne te savais pas philosophe, ma fille.

 

CHANTAL - C'est louche ta hâte à te marier, j’espère que

tu ne l’as pas mise en...

 

LIONEL - Non, je ne l’ai pas mise en .. comme tu dis. Mais

 elle y tient très fort.

 

CHANTAL - A être mise....Enceinte?

 

LIONEL - Quelle idée, à se marier voyons!

 

NOEMIE -C'est vrai que c'était un peu court pour la mettre

enceinte, trois jours, mon papounet aurait été un chaud

lapin. S'il y a des enfants plus tard, ne compte pas sur moi

pour les garder.

 

LIONEL -Tu me cherches Noémie, tu me cherches, qui a

parlé d’enfants?

 

NOEMIE - C'est un processus naturel quand on se marie.

Au fait, j'y pense, si tu as des enfants ce seront nos frères

et

sœurs, j'en ai la chair de poule. Donner le biberon, changer

 les couches et je ne parle pas des nuits, ouin, ouin ! C'est

la

 cata!

 

Elle s'assoit et fait semblant de pleurer.

 

LIONEL - Ton cirque ne prend pas Noémie, alors relève-toi,

 sois raisonnable.

 

CHANTAL - Je me demande bien qui est raisonnable ici.

Tu seras donc remarié avant que nous soyons seulement

mariées, c’est drôle ça.

 

LIONEL - Tu n’as qu’à te marier aussi, ça fait trois ans que

 tu connais Jacques.

 

CHANTAL - Ne me bouscules pas, tous les détails ne sont

 pas réglés.

 

LIONEL - Le seront-ils un jour? Bref, vous acceptez la

nouvelle, vous avez été gentilles, merci, il faut que j’aille à

mon cours de tennis. A tout à l’heure. (Il sort.)

 

CHANTAL ( singeant son père ) - Vous acceptez la

nouvelle? N'importe quoi, je n'ai rien accepté et toi?

 

NOEMIE - Moi non plus. Tu as vu? Mon cinéma n'a pas

marché. Bof! S’il croit être heureux comme ça. J’ai pourtant

hâte de connaître celle qui lui a mis le grappin dessus,

 Laetitia, elle doit être canon, pour l’avoir embobiné aussi

 vite.

 

CHANTAL - J’espère qu’elle va se mêler strictement de ses

 affaires, sinon!

 

NOEMIE - Tu te rends compte, elle va être en quelque sorte

notre mère, j’espère qu’elle ne se mêlera pas de mes amis,

ça serait un comble.

 

CHANTAL - On va voir arriver une Dame respectable, avec

un chignon peut-être, qui jouera à la mère poule.

 

NOEMIE - Arrête ! Je ne veux pas y penser, mais dans ce

 cas

 il n’y aurait pas eu de coup de foudre.

 

CHANTAL - Tu as raison, attendons demain.

 

Coup de sonnette.  

 

NOEMIE - Je me sauve, ma tenue, tu comprends. (Elle sort.)

 

CHANTAL - C’est cela, c’est toujours moi qui accueille ici.

 

Elle se dirige vers la porte, mais celle-ci s’ouvre, c’est Gaétan,

l’ami de Lionel.

 

GAETAN - Il n’y a personne pour ouvrir . Bonjour Chantal,

comment vas-tu ma grande? (Ils se font la bise.) Ton père est

bien revenu de son congrès? J’en profite pour venir le saluer.

Où est-il, ce savant quinqua?

 

CHANTAL - Quinqua?

 

GAETAN - Quinquagénaire, et bientôt sexa, il a deux ans de

 plus que moi.

 

CHANTAL - Je ne crois pas qu’il aime qu’on lui rappelle son

âge. Il est au tennis, il entretient sa forme, il va en avoir

besoin!

 

GAETAN - Ah oui! Et pourquoi cela?

 

CHANTAL - Je ne sais pas si je suis autorisé à divulguer la

nouvelle.

 

GAETAN - A un vieil ami de la famille comme moi, on peut

tout dire!

 

CHANTAL - Ah! Et puis oui tiens ! Mon père, votre ami, a

décidé de convoler en justes noces, avec une dénommée

Laetitia qu’il a rencontré à ce fameux congrès.

 

GAETAN ( en tombe assis) - Se marier , Lionel, comme çà....

Là! Tout de suite, sans demander l’avis de personne?

 

CHANTAL - C’est paraît-il un coup de foudre!

 

GAETAN - Un coup de foudre au congrès , impossible, je

serais forcément au courant, je sais tout de lui et lui de moi.

 

CHANTAL (railleuse)- Comme dans un couple alors. Il faut

croire qu’il vous a fait une infidélité.

 

GAETAN - Ce n’est peut-être qu’une passade, demain il

aura

changé d’avis.

 

CHANTAL - Demain? Sa fiancée emménage ici!

 

GAETAN - C’est incroyable, il part trois jours à un congrès

et il revient avec une fiancée, il n’était quand même pas

à un salon du mariage.

 

CHANTAL - Sait-on jamais, oh! J’entends du bruit, il est

déjà revenu, de toute façon je ne vous ai rien dit, je me

sauve,  il va peut-être vous le dire lui-même

 

Elle sort, Gaétan s’assoit et fait mine de lire le journal. Lionel

entre  en claudiquant, il s’est tordu le pied en jouant au tennis.

 

LIONEL - Ah! Ca fait mal! Quelle idée de se tordre le pied.

(Il s’assoit.) Tiens Gaétan tu es là? On t’a dit que j’étais de

retour?

 

GAETAN - Non, j’ai fait un saut à tout hasard, alors

qu’est-ce qui t’arrives?

 

LIONEL - Figure-toi que j’ai voulu aller jouer au tennis et

j’ai glissé dans l’entrée sur une peau de banane, je me suis

 tordu le pied, c’est la poisse, surtout en ce moment.

 

GAETAN - C’est toujours la poisse dans ces cas-là.

 

LIONEL - Oui, aujourd’hui c’est particulièrement ennuyeux.

 

GAETAN - Ah ! Bon. Comment a été ce congrès?

 

LIONEL - Comme tous les congrès, beaucoup de discours,

 la routine quoi!

 

GAETAN - Tu as dû t’ennuyer ferme?

 

LIONEL - Eh bien ! Non, on a beaucoup ri quand le

professeur Duranton est tombé de l’estrade en voulant

 faire une démonstration d’équilibre, c’était après un

déjeuner un peu  arrosé.

 

GAETAN - Très drôle, et c’est tout?

 

LIONEL - Oui, aïe aïe ! Ca fait mal.

 

GAETAN - Quand on tombe d’une estrade, je comprends.

 

LIONEL - Non! Je parle de mon pied.

 

GAETAN - Ah oui! Tu devrais voir un docteur, ça s’infecte

 vite

 ces choses là.

 

LIONEL - Tu crois?

 

GAETAN - Tu n’es plus à un âge ou on peut faire des folies.

 

LIONEL - Je ne vois pas ce que l’âge vient faire la dedans,

de toute façon, on a le même.

 

GAETAN - A deux ans près, il parait qu’en vieillissant,

les os sont plus fragiles, et on fait de plus en plus de

 bêtises.

 

LIONEL - Tu es un peu bizarre aujourd’hui, il y a quelque

chose qui ne va pas?

 

GAETAN (chantonnant) - Tout va très bien, madame la

marquise, tout va très bien, tout va très bien.

 

LIONEL - Tu m’inquiètes, il s’est passé quelque chose en

mon absence? Aïe ! Ce pied!

 

GAETAN - Ici, rien du tout. (Il reprend le journal, et fait

mine de  lire.)

 

LIONEL ( regarde Gaétan d’un air songeur.)- Qu’est-ce qui

 t’intéresses dans le journal?

 

GAETAN - La rubrique matrimoniale.

 

LIONEL - Ah bon, tu veux te marier ? D’habitude c’est

plutôt  la rubrique financière que tu lis.

 

GAETAN - Il y a des annonces tellement drôles. Par

exemple, celle-ci: Monsieur Chassetout Lionel, tiens, il a

le même prénom que toi, prend pour épouse,

Mademoiselle  Laetitia Chassetat, c’est drôle hein?

 Chassetout, Chassetat!

 

LIONEL - Laetitia? Tiens! Ah, ah ah ! C’est drôle,

je ne sais pas quand il faut rire, mais je ris! Aïe ! Ce pied

me fait mal.

 

GAETAN - Non attends ! Je les connais moi, lui il a

58 ans et  elle, devine?

 

LIONEL - Je ne sais pas moi, 40 ou 30!

 

GAETAN - Perdu, elle a 25 ans. Tu te rends compte,

 les cornes vont lui pousser très vite au Lionel, c’est clair

 qu’elle l’épouse par amour.... Pour son… Pour son pognon.

 

LIONEL - Elle peut très bien l’aimer, tu ne les connais

pas personnellement.

 

GAETAN - Quelle candeur! C’est toujours comme cela

mon pauvre ami, les hommes sont naïfs, et pleins

d’illusions.

 

LIONEL - Tu parles pour qui? Aïe ! Ce pied, je vais

 mettre de la glace.

 

GAETAN - Pour toi, pour moi, cela coule de source,

crois-en  mon expérience.

 

LIONEL - Ton expérience ? Tu n’as jamais été marié

que je sache, moi, je crois en l’amour à tout âge.

 

GAETAN - Quelle naïveté! Tu te laisserais embobiner par

la première venue qui te ferait les yeux doux?

 

LIONEL - Embobiner! Par la première venue , tu as de

 ces mots, je ne suis pas né d’hier tout de même.

 

GAETAN - Ah ! Oui, tu as deux ans de plus que moi.

 

LIONEL - Je ne sais pas si cela se voit, on peut rencontrer

 l’amour tous les jours. Aïe, aïe!

 

GAETAN - Oui, aïe aïe! Dans le métro, ou à un congrès

peut-être.

 

LIONEL - Pourquoi pas ? L’amour est aveugle.

 

GAETAN - C’est toi qui le dis.

 

LIONEL - Pourquoi toutes ces questions? Tu as l’air de te

 tracasser.

 

GAETAN - Je subodore que tu me caches quelque chose.

 

LIONEL - Ah! Et ce serait quoi?

 

GAETAN - Nous avons une amitié vieille de vingt ans,

je sens  quand tu me fais des cachotteries.

 

LIONEL - Eh bien ! Tu insistes, tu insistes, je voulais

t’en faire  la surprise demain, et t’inviter à rencontrer...

Ma future femme, qui a accepté de venir habiter chez moi,

 avant notre mariage.

 

GAETAN - C’était donc vrai?

 

LIONEL - Bien sûr que c’est vrai, tu étais au courant?

Ouille !!  Mon pied!

 

GAETAN - Mets de la glace, moi, pas du tout, c'est

mon sixième sens. Elle s’appelle comment?

 

LIONEL - Laetitia, comme dans ton annonce.

 

GAETAN - Elle est donc fortunée et a plus de quarante ans.

 

LIONEL - Ni l’un ni l’autre.

 

GAETAN - Donc elle est sans un radis et a au moins

soixante  ans.

 

LIONEL - Tu brûles à moitié.

 

GAETAN - J’aime les devinettes, elle est sans un et a

vingt-cinq ans.

 

LIONEL - En plein dans le mille, sauf qu’elle va sur

ses vingt-six.

 

GAETAN - Non! Tu plaisantes?

 

LIONEL - Je suis très sérieux. Aïe !

 

GAETAN - Oui, aïe! Quel gâchis.

 

LIONEL - Comment quel gâchis?

 

GAETAN - Quel gâchis? Tu va sacrifier ta liberté, pour

élever

une enfant, alors que tu en as déjà deux à la maison.

 

LIONEL - Ce n’est pas du tout la même chose,

Laetitia a 26 ans, ce n’est plus une enfant.

 

GAETAN - Pourtant quand tu parles de tes filles, tu dis

toujours ce sont de grands enfants, qui ont besoin de

 leur père et elles ont dix ans de plus, tu es en train

de tomber dans un  piège.

 

LIONEL - Quel piège? Le piège de l’amour, je veux bien,

quand tu la verras tu comprendras. Laetitia fait partie

des filles  qui savent s’adapter et s’intégrer dans une

famille. Ouille ! Mon pied!

 

GAETAN - Tu as dit à tes filles que leur future belle-mère

était  une gamine moins âgée qu’elles?

 

LIONEL - Une gamine? N'importe quoi. Non, elles ne

me l’ont  pas demandé figure-toi, et elles avaient l’air

 contentes.

 

GAETAN - Quand elles le sauront, ça ne va pas être triste.

 

LIONEL - On verra bien. Tu ne veux pas demander à

une de mes filles d’apporter de la glace pour mon pied?

 

GAETAN - Il t’en faudra aussi pour la tête. Je demande

 à  laquelle?

 

LIONEL - C’est égal, de préférence Chantal, dépêche-toi!

 Je ne tiens plus.

 

GAETAN - J’y vais.

 

Il sort. Lionel se lève péniblement, va chercher le journal et

cherche l’annonce lue par Gaétan.

 

LIONEL - Cette annonce qu’il m’a lue tout à l’heure, je

ne la  vois pas, Lionel Chassetout et Laetitia Chassetat,

 c’est une  invention, donc il savait déjà que j’allais

 me marier, ce coquin, qui a pu lui dire?

 

On entend du bruit, il pose le journal. Entrée de Noémie

et Gaétan.

 

NOEMIE - Alors mon petit Papa, on fait des bêtises,

on se tord le pied, le tennis n’est peut-être plus de ton

âge?

 

LIONEL - Ce n’était pas au tennis, j'ai glissé dans

l'entrée, tu as la glace?

 

NOEMIE - Voilà, voilà.

 

Elle lui pose un sachet de glaçons sans douceur sur le pied.

 

LIONEL - Aïe, aïe ! Fais attention, un peu de douceur,

j’ai mal moi!

 

NOEMIE - Qu’est-ce qu’il est douillet mon Papounet.

 

GAETAN - Ce n’est rien, tu en verras d’autres, tu n’as pas

 fini de souffrir mon vieux, au propre comme au figuré.

 

LIONEL - Ce n’est pas bien de se moquer d’un malade.

(Coup de sonnette.)

 

NOEMIE - C’est peut-être ta future femme.( Elle va ouvrir).

 

GAETAN - Si elle te voit dans cet état, mets-toi debout

pour l’accueillir!

 

LIONEL -Ce n’est pas elle. (Il se lève quand même.)

 

NOEMIE - C’est Jacques qui vient nous rendre visite, je

vais  appeler Chantal. (Elle sort.)

 

JACQUES - Bonjour beau-papa, bonjour monsieur

 Gaétan,  alors vous allez bien? Oh! Beau-papa est

blessé?

 

LIONEL ( se rassoit) - Un petit accident de parcours,

je me suis foulé le pied.

 

GAETAN - Jacques va regarder ton pied, il a fait des

 études  de médecine tout de même.

 

JACQUES - Oui, j’ai arrêté très vite, je préfère soigner

les animaux, ils ne réclament jamais.

 

GAETAN - Un coup d’œil n’a jamais fait de mal, il a

peut-être une fracture.

 

Jacques se penche d’un air dégoûté sur le pied de Lionel,

le palpe, et pour finir tire dessus des deux mains.

 

LIONEL -Aïe aïe aïe ! C’est horrible, tu m’as fait mal,

 j’ai plus mal qu’avant!

 

JACQUES - C’est bien ce que je disais, les animaux

ne réclament jamais. Vous êtes douillet beau-papa,

si votre pied n’est pas cassé, vous serez sur pied

demain. Elle est bonne ma blague hein ?

 

GAETAN - Surtout que demain il faut être en forme,

 pour  accueillir la promise hein, Lionel?

 

LIONEL - Oh, laisse-moi tranquille, j’ai trop mal

au pied.

 

JACQUES - La promise de qui?

 

GAETAN - De ton beau-papa, il se remarie.

 

JACQUES - Qui? Beau-papa, ho ho! Toutes mes

félicitations,  en voilà une surprise. Et qu’en pense

 Chantal?

 

GAETAN - Elle est aux anges, n’est-ce pas Lionel?

 

LIONEL - Ca ne plait pas à Gaétan et on s’en fout,

Chantal  n’était pas contre. (Elle entre sur ces entrefaites.)

 N’est-ce pas Chantal, tu n’as rien contre le fait que

 ton père se remarie?

 

CHANTAL - Non, il n’est pas bon pour l’homme de

rester seul,  ça décidera peut-être un autre à en faire

de même. (En regardant Jacques.)

 

JACQUES - Bonjour Chantal (Il l’embrasse) Je suis

venu t’entretenir d’une chose capitale, si tu as le temps?

 

CHANTAL - Capitale? Allons dans ma chambre, mon

 chéri, j’ai tout mon temps pour toi. Je dois voir le

 pied de mon papa,  tu as mal? Noémie m’a dit que

tu étais tombé, Jacques regarde ce pied, tu es

 spécialiste,  tu l’as ausculté?

 

LIONEL( énervé) - Oui, il m’a ausculté, il a tiré dessus,

 ça m’a fait très mal, merci.

 

JACQUES - C’était pour rendre service, je préfère

 soigner les animaux, ils sont moins douillets.

 

Ils sortent.

 

LIONEL - Pauvres animaux, je les plains, tout cela

m’a fatigué,  je vais aller me reposer, je ne te mets

pas dehors, tu comprends?

 

GAETAN - Bien sûr, garde tes forces pour demain,

 tu en auras besoin, d’ailleurs il faut que je me sauve,

 tu sais que je ne veux que ton bien.

 

LIONEL - Je le sais, un vieil ami comme toi c’est

vital, qu’est-ce que je m’ennuierais sans toi, à demain.

(Gaétan sort, Lionel se lève aussi, fait quelques pas,

il ne boite plus.) Je ne sens plus rien, c’est qu’il m’a

guéri ce vétérinaire. C’est la première fois  qu’il sert

à quelque chose. Je ne vais pas trop le montrer,

ils diraient encore que je suis délicat et douillet.

 

Il sort. On sonne. Chantal des coulisses.

 

CHANTAL - On a sonné!

 

NOEMIE (qui apparaît)- C’est pour moi, c’est mon amie

Aimée.

 

Elle va ouvrir. C’est Aimée qui est habillée d’une façon

masculine,  cheveux courts, tailleur ou costume gris avec

un petit chapeau rouge sur la tête . Elle a un petit

problème d’élocution. Elle prononce les sss   ch. et vice

 versa. Elles se font la bise.

 

NOEMIE - Entre vite, j’ai plein de choses à te raconter.

 

AIMEE - Eh bien moi aussi, il m’arrive un truc formidable.

 

NOEMIE - Figure-toi que mon père veut se remarier,

 avec une fille qu’il a rencontré il y a trois jours.

Et elle emménage demain, c’est incroyable non?

 

AIMEE - Ton père a des idées modernes et il est très

chébran. Il a du trouver la perle, s’il m’avait demandé

j’aurais peut-être dit oui, tu te rends compte je serais

devenu ta mère  en quelque sorte.

 

NOEMIE - Quelle horreur, c’est justement ce qui

m’inquiète, avoir une mère, une marâtre, qui va

 vouloir s’occuper de mes affaires, j’en ai la chair

de poule!

 

AIMEE - Elle a quel âge?

 

NOEMIE - Quel âge? Je ne sais pas, il ne nous l’a

pas dit, cela ne change rien, une jeune, une vieille,

c’est pareil.

 

AIMEE - Et une maman plus jeune que toi? Hein

 ça serait drôle!

 

NOEMIE - Tu délires, mon père ne choisirait pas une

 femme plus jeune que nous, ce serait le comble!

 

AIMEE - Il est encore bien de sa personne, il a pu

séduire une midinette, en plus avec le retour d’âge.

 

NOEMIE : Je n’ose y croire. Tu avais une nouvelle

incroyable toi aussi?

 

AIMEE - Oui, figure-toi, j’ai été retenue pour tourner

 dans un film de Charles Lalouche, tu te rends compte?

 

NOEMIE - Ouah! Ma vieille, tu vas être célèbre, tu as

 un premier rôle, c’est toi l’héroïne?

 

AIMEE - Pas tout à fait, il paraît que c’est un rôle

 important!

 

NOEMIE - Tu as fait comment pour l’avoir, tu connais

Lalouche ou tu as couché?

 

AIMEE - Couché? ça ne va pas, quelle idée!

 

NOEMIE - Il paraît que cela se fait dans ces milieux là.

 

AIMEE - On voit surtout cela dans les films, en réalité,

 ils ne prennent que les gens capables.

 

NOEMIE - Ah !Très bien, je suis très contente pour toi,

tu en  rêvais depuis si longtemps, je pourrais assister

au tournage?

 

AIMEE - Je n’en sais rien, je demanderais. J’ai l’intention

de demander à ton père s’il peut me donner des cours

 de diction,   tu comprends avec mes ch. que je confonds

 avec les sss, il est bien placé pour m’aider.

 

NOEMIE - Il est bien placé, en ce moment il a d’autres

 chats  à fouetter. oh! Je l’entends qui arrive, tu vas

 pouvoir lui demander tout de suite.

 

Entrée de Lionel. Il fait semblant de boiter encore.

 

LIONEL - Tiens, bonjour Aimée, ma chère Aimée, quel

 vent t’amène? ( Ils se font la bise.)

 

AIMEE - Je suis venu dire à Noémie que j’allais tourner

dans un film. Vous m’avez volé la vedette avec votre

mariage,c’est tout à fait inattendu, je vous félicite

en attendant de connaître l’heureuse élue.

 

LIONEL - Ce sera pour demain. Dans quel film vas-tu

jouer?

 

AIMEE - C’est un film de Charles Lallouche, Un mariage

 réussi.

 

LIONEL -Chi? Ah oui! Réussi. Et tu auras un vrai rôle

ou seulement de la figuration?

 

AIMEE - Un vrai rôle, et si vous pouviez me donner

 quelques cours de diction cela augmenterait mes

chances.

 

LIONEL - Tes sanches ? Ah oui ! Chances,ce sera

avec plaisir, même si en ce moment je n’ai guère

 le temps, on trouvera  bien une demi-heure par-ci

par là, tiens !  On pourrait même commencer tout

de suite.

 

AIMEE - Oh oui! Avec plaisir.

 

Téléphone, c’est le portable de Lionel.

 

LIONEL - Allo, ah ! C’est toi Laetitia, comment vas-tu

 ma  douce amie?

 

NOEMIE (en aparté )- Ma douce amie, non mais je rêve!

 

LIONEL - Comment, tu veux me présenter ta mère!

Je serais ravi et mes filles aussi!

 

NOEMIE (en aparté)- Mes filles aussi, mais il rêve.

 

LIONEL - Nous t’attendons tous avec impatience, je

t’embrasse tendrement ma douce colombe, à demain!

 

NOEMIE - Tendrement, douce colombe, ce sera qui le

pigeon?

 

LIONEL - Tu disais Noémie?

 

NOEMIE - Euh ! Rien, je pensais tout haut.

 

LIONEL - Laetitia sera là à quatorze heures, et sa mère

un  peu plus tard à quinze heures.

 

NOEMIE - C’est que demain après-midi, nous avons

prévu de sortir Aimée et moi, je ne serais pas là à

quinze heures.

 

LIONEL -C’est ennuyeux, je demanderai à Chantal

de s’en occuper.

 

NOEMIE - J’ai entendu dire qu’elle partait avec Jacques,

je  crois qu’ils ont décidé de se marier, enfin! Ils vont

choisir la

robe de mariée.

 

LIONEL - Comment cela, tout d’un coup, sans m’en

parler?

 

NOEMIE - C’est la coutume dans notre famille, on part

trois  jours, on revient et on dit je vais me marier,

 ma fiancée arrive demain!

 

LIONEL - Tu me fais une scène?

 

NOEMIE - Non, je constate la réalité, d’ailleurs je suis

 en train  de peser le pour et le contre, pour savoir

si ma place est  encore ici. Si j’ai mon agrégation, hop !

 Je me cherche un appart et vive la liberté!

 

LIONEL - Ton agrégation, mais tu es chez toi ici,

et l’arrivée 

 de Laetitia ne changera rien.

.

NOEMIE - Je demande à voir.

 

LIONEL - Et si tu ne l’as pas, ton agrégation?

 

NOEMIE - Tu aimerais bien hein?

 

LIONEL - Je ne veux que le bonheur pour moi et

mes enfants, qu’en dis-tu Aimée?

 

AIMEE - Il faut dire que votre mariage est un peu

 précipité, à part ça, il faut voir!

 

NOEMIE - Tu tiens avec lui?

 

AIMEE - Non, laisse-leur une chance quand même,

 tu ne  connais même pas la future mariée.

 

NOEMIE - Je serais là à quatorze heures pour voir

 ta.... Fiancée, par contre la belle doche, ne m'en

 demande pas de  trop.

 

LIONEL -C’est sûrement une charmante dame, quand

 on  connaît la fille!

 

NOEMIE - Elle doit avoir un âge canonique, il faudra

 prévoir un fauteuil.

 

AIMEE - Pour qui?

 

NOEMIE -Pour la future belle-maman de papa. Au fait

Papa,  si ta femme devient en quelque sorte ma mère,

 ta belle mère,  sera donc ma grand belle maman,

 ça existe?

 

LIONEL - Je ne sais pas si cela existe, on aura le

temps de s’en occuper le moment venu.

 

NOEMIE - Comment je vais l’appeler ta femme,

 maman, belle-maman, marâtre?

 

LIONEL - Le plus simple sera Laetitia, elle est très

sympathique, tu verras.

 

AIMEE - Vous verrez bien demain.

 

LIONEL - C’est toi qui a annoncé mon mariage

 à Gaétan?

 

NOEMIE - Non, je ne l’ai dit qu’à Aimée.

 

LIONEL - C’était donc Chantal, Gaétan en a fait tout

un plat. Je crois qu’il est un peu jaloux.

 

NOEMIE - Il a peur de perdre la première place, il était

un peu  gâté chez nous, toi aussi tu vas être obligé

de changer tes  habitudes de vieux garçon, tes

 petites manies.

 

LIONEL - Oh ! Elle est très large d’esprit, Laetitia, elle

comprendra.

 

NOEMIE - Alors là ! Je demande à voir, car supporter

tes charentaises, tes cigares, tes soirées avec tes amis,

 tes jours  sans rasage, il faudrait qu’elle soit une sainte.

 

LIONEL - Vous le supportez bien, Chantal et toi!

 

NOEMIE - Nous sommes tes filles, pas ta femme!

 

AIMEE - On commence quand les leçons de diction

monsieur?

 

LIONEL- Tout de suite , on va d’abord faire une

 évaluation et  après une correction.

 

NOEMIE - On reconnaît bien là le professeur, je vais

 vous

 laisser à votre cours. Aimée, n’oublie pas notre

rendez-vous  de demain quinze heures , devant

 la bibliothèque.

 

AIMEE - Je n’oublie pas, sois sans crainte.

 

Noémie sort.

 

LIONEL -On commence, tu vas répéter après moi,

chasseur sachant chasser sans son chien.

 

AIMEE - Ou, la la! C’est très difficile, je n’y arriverais pas.

 

LIONEL -C’est pour l’évaluation, allez, il faut toujours

 étudier l’étendue des dégâts, pour corriger ensuite.

 

AIMEE - Bon je me lance, il ne faudra pas vous moquer.

 

LIONEL - C’est promis.

 

AIMEE - Chasseur sachant chasser sans son chien.

(Le tout prononcé lentement, seul chien sera juste.)

C’est une catastrophe n’est ce pas?

 

LIONEL - Pas du tout, Aimée, tu as eu un mot juste

sur six , le mot chien était juste cela ne peut que

s’améliorer, passons à l’exercice numéro deux,

si six scies scient six cyprès, répète  après moi.

 

AIMEE - Je n’y arriverais jamais, j’abandonne

monsieur Lionel.

 

LIONEL - Comment? Pas du tout, fais un effort que

diable, ou fais-moi plaisir.

 

AIMEE - Bon si vous insistez, Si six scies scient

six cyprès,  oh quelle honte ! C’est peine perdue.

 

LIONEL - Non, j’entrevois la solution, penses

exactement l’envers de la phrase, les ss deviennent

 des ch et vice versa.

 

AIMEE - Comment je dois? Penser à l’envers,

c’est difficile, voyons chi, si chis six, ah oui, j’ai

 compris, si six scies scient six cyprès six cent six

 scies scient six cent six cyprès. Ouah!

Ca marche.

 

LIONEL - Voila, tu as tout compris, il faudra l’utiliser

 dans la conversation courante.

 

AIMEE - Merci monsieur Lionel, il faut que je vous

 embrasse.

 

Elle lui saute au cou, entrée de Chantal.

 

CHANTAL - Décidément père, tu es insatiable, tu n’as

 pas l’intention de devenir bigame?

 

AIMEE - J’ai remercié ton père pour son cours de

diction.   Il faut que je me sauve, au revoir et

encore merci. ( Elle sort.)

 

CHANTAL -Je ne savais pas que les cours de diction

se prenait d’une manière aussi enlacée.

 

LIONEL - Elle a le droit de me remercier quand

même, elle est comme ma fille.

 

CHANTAL - Certes, certes, je ne sais si Laetitia

serait d’accord avec ces effusions de reconnaissance.

 

LIONEL - Ou est ton vétérinaire?

 

CHANTAL - On s’est décidé mon vétérinaire et moi,

 on va choisir la robe de mariée, on se marie le

 mois prochain.

 

LIONEL -C’est un peu rapide tout ça.

 

CHANTAL - Tu m’as fait remarquer assez souvent

que mes fiançailles duraient longtemps, aussi

j’ai pris exemple sur toi, la vitesse ça te connaît,

 trois jours et on n’en parle plus.

 

LIONEL - Ce n’est pas la peine de discuter, tu

es énervé, je  vais me changer.

 

Il va pour sortir, Noémie sur la porte le voit marcher

 normalement.

 

NOEMIE - Tu ne boites plus Papa?

 

LIONEL - J’ai décidé de ne plus boiter, malgré

la douleur.

 

CHANTAL - Tu t’entraînes pour demain ?

 

LIONEL - Demain?

 

CHANTAL - Ta fiancée arrive, il ne faudrait pas te

montrer claudiquant, cela ferait mauvaise

impression.

 

LIONEL - Claudiquant, elle au moins aurait pitié de

 moi et me soignerait. (Il sort.)

 

CHANTAL - On va le plaindre, ce cher Papa. J’ ai

l’impression  qu’il regrette déjà son coup de tête,

 ses fiançailles éclair, avec une inconnue, alors

que moi je fréquente Jacques depuis cinq  ans.

 

NOEMIE - Vous pourrez vous marier le même

jour Papa et toi, ça ferait un scoop, le père et la

fille se marient le même jour.

 

CHANTAL - Me marier le même jour que notre père,

non merci, très peu pour moi.

 

NOEMIE - Il compte sur toi pour accueillir sa future

 belle-mère demain à quinze heures.

 

CHANTAL - Parce que la fille ne suffit pas, il faut

aussi se farcir la mère, ce sera sans moi.

 

NOEMIE - Je serais là à quatorze heures pour

voir notre  future mère, après je file avec Aimée.

 

CHANTAL - Et moi je me farcirais la belle-mère,

il n’en est pas question, je vais acheter ma robe

avec Jacques.

 

NOEMIE - Il faudrait trouver quelque chose pour

impressionner cette Laetitia, on va lui faire une

réception dont elle se souviendra. Je pense aux

habits, qu’on a acheté  au Maroc, hein? Les djellabas,

 on met un pouf, on fait brûler de l’encens, du thé

à la menthe et on lui suggère que c’est  notre père

 qui nous oblige à nous vêtir ainsi à la maison.

Elle aura le sifflet coupé et ça règlera le problème.

 

CHANTAL - Tu as pensé à la réaction de père?

 

NOEMIE - Il n’aura pas le choix, il verra très vite

si les  sentiments de sa Laetitia sont authentiques.

 Alors tu marches dans la combine?

 

CHANTAL - Je vais demander à Jacques, ce qu’il

 en pense.

 

NOEMIE - Ma vieille, tu n’es pas encore mariée,

tu auras  le temps de lui demander toute ta vie,

il faut se décider maintenant.

 

CHANTAL - C’est d’accord, je crois qu’on va bien

 s’amuser,  j’ai hâte d’être à demain. Allons faire

les préparatifs. J’y pense, il faudra éloigner ou

retarder notre père.

 

NOEMIE -Je vais en parler à Gaétan, il trouvera

une combine. Vivement demain.

 

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