Protégé par Copyright France
Durée : 80 mn
5F/3H
Scénario: Monsieur DUCROS Lionel, veuf 56 ans, a deux filles, Chantal 33 ans et Noémie 29 ans. Lionel s’est entiché d’une jeune fille rencontré à un congrès,
Laetitia 26 ans. Il veut l’épouser et envisage de la ramener à la maison. Ce qui
pose des problèmes avec ses filles peu disposées à cohabiter avec une
belle-mère plus jeune qu’elles. La mère de Laetitia, LAJOIE Ophélie
vient apporter son aide, pour augmenter la confusion. Rajoutons à ceux-la,
Jacques le fiancé de Chantal, pincé et collet monté, Aimée l’amie de Noémie,
et Gaétan, l’ami de toujours de Lionel qui distille ses conseils gratuits, et aime
jouer double jeu.
Personnages:
DUCROS Lionel, veuf, sportif, veut paraître jeune .
Chantal, fille ainée, fiancée à jacques.
Noémie, la cadette veut jouer à l’affranchie.
LAJOIE Laetitia, la fiancée de Lionel, fausse timide mais sait ce
qu'elle veut.
MECRAN Jacques vétérinaire pincé, un peu méprisant, pas
trop sûr de lui.
LAMIE Aimée, copine de Noémie, un cheveu sur la langue.
BARGEOT Gaétan, ami de Liopnel, conseilleur, pas toujours
payeur.
LAJOIE Ophélie, futur belle-mère, un peu fofolle.
Acte 1
Chantal est dans le salon et se fait les ongles en chantonnant. Elle tourne le dos à la porte par laquelle surgit Noémie habillée d'un déshabillé qui ne lui appartient pas.
NOEMIE - Tu peux me prêter ton rouge à lèvres?
CHANTAL - C'est la troisième fois cette semaine, tu pourrais t'en racheter un.
NOEMIE - Je n'ai pas eu le temps.
CHANTAL (se retourne) - Tu n'as jamais le temps. Mais,
mais tu as mis mon déshabillé, de quel droit, tu me le rends tout de suite! Tout de suite!
NOEMIE - Il était sur la chaise, je n'ai pas fait attention.
CHANTAL - Tu ne fais jamais attention. ( S'avance
menaçante.) Rends-le moi tout de suite.
S'ensuit une course poursuite et finalement Chantal se saisit
de sa pantoufle et la lance sur sa sœur, pendant que la porte
s'ouvre et Lionel prend la pantoufle dans la figure.
LIONEL - Merci pour l'accueil ! Que se passe-t-il ici? Encore en train de vous chamailler pour des riens. Quand
deviendrez-vous adultes?
CHANTAL - Ta fille, la dernière de la portée, n'arrête pas
de me piquer mon maquillage, mes bijoux et là, elle a
franchi un palier, elle me pique mes habits, mon
déshabillé offert par Jacques.
LIONEL - Noémie, pourquoi fais-tu cela? Quand à toi, Chantal, un peu de clémence avec ta petite sœur.
CHANTAL - Ma petite sœur? Trente balais et aucune clémence! Tu aurais dû l'appeler Kleptomania ou rate.
LIONEL - Kleptomania, je ne sais pas où tu vas chercher
tout ça, et ratte, ce n'est pas une pomme de terre tout
de même, j'avoue que je ne comprends pas.
NOEMIE - Oui, pourquoi rate?
CHANTAL - Vous donnez votre langue au chat? Parce
qu'elle est comme les rats d'hôtel, elle pique dans ma chambre, vous saisissez? Un rat, une rate.
NOEMIE - C'est d'un drôle, chatouille-moi que je rigole.
CHANTAL (s'avance main levée)- En fait de chatouilles
je vais te...( Lionel s'interpose.)
LIONEL - Doucement les lionnes, calmez vous.
J'avais une nouvelle importante pour vous, et pour moi.
Ca vous intéresse peut-être?
NOEMIE - Il faut voir, la dernière fois c'était pour me
faire la morale, alors...
LIONEL - Il est question de notre, de mon avenir.
CHANTAL - Quel mystère vas-tu nous sortir? Je t'en prie,
je bous d'impatience.
LIONEL - Tu as de ces expressions aujourd'hui, je vais
essayer d’être bref. Votre mère, ma femme, nous a quitté
il y a bientôt quatre ans et mon veuvage est terminé.
CHANTAL - Oui, et alors?
LIONEL - Je pense refaire ma vie.
NOEMIE - Enfin! Tu vas pouvoir cesser de nous courir
sur le haricot. Félicitations Papa.
LIONEL - Courir sur le haricot! Je ne me ferais jamais à
vos expressions. Content que tu le prennes bien.
Et toi Chantal?
CHANTAL - C'est la vie, c'est naturel!
LIONEL - Oh merci mes filles! Je m'inquiétais pour rien.
NOEMIE - Tu vois que nous sommes bonnes. Au fait,
c’est qui l’heureuse élue, laisse-moi deviner, Sonia, la
blonde du 5e, celle qui te lance des œillades incendiaires,
ou plutôt ta secrétaire, la douce Camille?
LIONEL - Ni l’une ni l’autre.
CHANTAL - Ah ! Je sais, c’est la dame du club de gym,
Corinne, celle qui marche en serrant les fesses, elle me
demande toujours, comment va votre papa?
LIONEL - Vous n’y êtes pas du tout, il s’agit d’une
personne que j’ai rencontré au congrès de Nantes cette
semaine.
CHANTAL - Cette semaine ? Et tu veux déjà te marier?
C’est un coup de foudre!
LIONEL - C’est un coup de foudre, on s’est plu au premier
regard.
NOEMIE - Je ne pensais pas qu’à ton âge ce soit encore
possible!
LIONEL - Comment possible? Qu’est ce que l’âge vient voir
là-dedans? Rappelle-toi la chanson, on peut s'aimer de
16 à 97 ans.
NOEMIE -16 à 77 ans dans la chanson oui, cela arrive
plutôt à notre âge, tu en as quand même 56.
CHANTAL - Moi, j’ai mis six mois avant de ramener
Jacques à la maison.
LIONEL - Oui, j'en conviens, ici c’est différent, nous nous
aimons et....( Chantal l’interrompt).
CHANTAL - Et Jacques et moi on ne s’aime pas peut-être?
LIONEL - Bien sûr, vous ne comprenez pas.
NOEMIE - Alors, explique! Parce que quand moi je
ramène quelqu'un, tu fais une tête, tu le regardes
sous toutes les coutures, c'est tout juste si tu ne
sens pas sous ses bras pour voir s'il s'est lavé.
LIONEL - Tu exagères, sentir sous les bras, il faut dire que le
dernier que tu nous a ramené était plutôt de la ramasse, de la
cloche, mon seul souci c'est votre bonheur.
CHANTAL - Bon, on ne va pas y passer la matinée, alors?
LIONEL - Voilà, Laetitia et moi avons fait connaissance au
congrès et nous avons décidé de vivre ensemble et de nous
marier. D’ailleurs, elle emménage demain.
NOEMIE - Voila qui est clair, elle s’appelle Laetitia et
emménage demain. C’était pas la peine de t’énerver.
CHANTAL - Et elle dormira où?
LIONEL - Dans la chambre bleue.
CHANTAL - Ah non! C’est la chambre de Jacques quand il
vient.
LIONEL - Ce ne sera pas pour longtemps, nous voulons nous
marier très vite, dans le mois.
NOEMIE - Vous marier? Tu devrais plutôt te pacser, c'est la
mode et si ça ne marche pas, hop on se sépare, ni vu ni
connu.
LIONEL - On n'a aucune intention de se séparer Laetitia et
moi, notre union sera éternelle.
NOEMIE - Eternelle? Comme tu y vas! C'est le refrain de tous
les nouveaux couples, et six mois après, la moitié est séparée.
LIONEL - Je ne te savais pas philosophe, ma fille.
CHANTAL - C'est louche ta hâte à te marier, j’espère que
tu ne l’as pas mise en...
LIONEL - Non, je ne l’ai pas mise en .. comme tu dis. Mais
elle y tient très fort.
CHANTAL - A être mise....Enceinte?
LIONEL - Quelle idée, à se marier voyons!
NOEMIE -C'est vrai que c'était un peu court pour la mettre
enceinte, trois jours, mon papounet aurait été un chaud
lapin. S'il y a des enfants plus tard, ne compte pas sur moi
pour les garder.
LIONEL -Tu me cherches Noémie, tu me cherches, qui a
parlé d’enfants?
NOEMIE - C'est un processus naturel quand on se marie.
Au fait, j'y pense, si tu as des enfants ce seront nos frères
et
sœurs, j'en ai la chair de poule. Donner le biberon, changer
les couches et je ne parle pas des nuits, ouin, ouin ! C'est
la
cata!
Elle s'assoit et fait semblant de pleurer.
LIONEL - Ton cirque ne prend pas Noémie, alors relève-toi,
sois raisonnable.
CHANTAL - Je me demande bien qui est raisonnable ici.
Tu seras donc remarié avant que nous soyons seulement
mariées, c’est drôle ça.
LIONEL - Tu n’as qu’à te marier aussi, ça fait trois ans que
tu connais Jacques.
CHANTAL - Ne me bouscules pas, tous les détails ne sont
pas réglés.
LIONEL - Le seront-ils un jour? Bref, vous acceptez la
nouvelle, vous avez été gentilles, merci, il faut que j’aille à
mon cours de tennis. A tout à l’heure. (Il sort.)
CHANTAL ( singeant son père ) - Vous acceptez la
nouvelle? N'importe quoi, je n'ai rien accepté et toi?
NOEMIE - Moi non plus. Tu as vu? Mon cinéma n'a pas
marché. Bof! S’il croit être heureux comme ça. J’ai pourtant
hâte de connaître celle qui lui a mis le grappin dessus,
Laetitia, elle doit être canon, pour l’avoir embobiné aussi
vite.
CHANTAL - J’espère qu’elle va se mêler strictement de ses
affaires, sinon!
NOEMIE - Tu te rends compte, elle va être en quelque sorte
notre mère, j’espère qu’elle ne se mêlera pas de mes amis,
ça serait un comble.
CHANTAL - On va voir arriver une Dame respectable, avec
un chignon peut-être, qui jouera à la mère poule.
NOEMIE - Arrête ! Je ne veux pas y penser, mais dans ce
cas
il n’y aurait pas eu de coup de foudre.
CHANTAL - Tu as raison, attendons demain.
Coup de sonnette.
NOEMIE - Je me sauve, ma tenue, tu comprends. (Elle sort.)
CHANTAL - C’est cela, c’est toujours moi qui accueille ici.
Elle se dirige vers la porte, mais celle-ci s’ouvre, c’est Gaétan,
l’ami de Lionel.
GAETAN - Il n’y a personne pour ouvrir . Bonjour Chantal,
comment vas-tu ma grande? (Ils se font la bise.) Ton père est
bien revenu de son congrès? J’en profite pour venir le saluer.
Où est-il, ce savant quinqua?
CHANTAL - Quinqua?
GAETAN - Quinquagénaire, et bientôt sexa, il a deux ans de
plus que moi.
CHANTAL - Je ne crois pas qu’il aime qu’on lui rappelle son
âge. Il est au tennis, il entretient sa forme, il va en avoir
besoin!
GAETAN - Ah oui! Et pourquoi cela?
CHANTAL - Je ne sais pas si je suis autorisé à divulguer la
nouvelle.
GAETAN - A un vieil ami de la famille comme moi, on peut
tout dire!
CHANTAL - Ah! Et puis oui tiens ! Mon père, votre ami, a
décidé de convoler en justes noces, avec une dénommée
Laetitia qu’il a rencontré à ce fameux congrès.
GAETAN ( en tombe assis) - Se marier , Lionel, comme çà....
Là! Tout de suite, sans demander l’avis de personne?
CHANTAL - C’est paraît-il un coup de foudre!
GAETAN - Un coup de foudre au congrès , impossible, je
serais forcément au courant, je sais tout de lui et lui de moi.
CHANTAL (railleuse)- Comme dans un couple alors. Il faut
croire qu’il vous a fait une infidélité.
GAETAN - Ce n’est peut-être qu’une passade, demain il
aura
changé d’avis.
CHANTAL - Demain? Sa fiancée emménage ici!
GAETAN - C’est incroyable, il part trois jours à un congrès
et il revient avec une fiancée, il n’était quand même pas
à un salon du mariage.
CHANTAL - Sait-on jamais, oh! J’entends du bruit, il est
déjà revenu, de toute façon je ne vous ai rien dit, je me
sauve, il va peut-être vous le dire lui-même
Elle sort, Gaétan s’assoit et fait mine de lire le journal. Lionel
entre en claudiquant, il s’est tordu le pied en jouant au tennis.
LIONEL - Ah! Ca fait mal! Quelle idée de se tordre le pied.
(Il s’assoit.) Tiens Gaétan tu es là? On t’a dit que j’étais de
retour?
GAETAN - Non, j’ai fait un saut à tout hasard, alors
qu’est-ce qui t’arrives?
LIONEL - Figure-toi que j’ai voulu aller jouer au tennis et
j’ai glissé dans l’entrée sur une peau de banane, je me suis
tordu le pied, c’est la poisse, surtout en ce moment.
GAETAN - C’est toujours la poisse dans ces cas-là.
LIONEL - Oui, aujourd’hui c’est particulièrement ennuyeux.
GAETAN - Ah ! Bon. Comment a été ce congrès?
LIONEL - Comme tous les congrès, beaucoup de discours,
la routine quoi!
GAETAN - Tu as dû t’ennuyer ferme?
LIONEL - Eh bien ! Non, on a beaucoup ri quand le
professeur Duranton est tombé de l’estrade en voulant
faire une démonstration d’équilibre, c’était après un
déjeuner un peu arrosé.
GAETAN - Très drôle, et c’est tout?
LIONEL - Oui, aïe aïe ! Ca fait mal.
GAETAN - Quand on tombe d’une estrade, je comprends.
LIONEL - Non! Je parle de mon pied.
GAETAN - Ah oui! Tu devrais voir un docteur, ça s’infecte
vite
ces choses là.
LIONEL - Tu crois?
GAETAN - Tu n’es plus à un âge ou on peut faire des folies.
LIONEL - Je ne vois pas ce que l’âge vient faire la dedans,
de toute façon, on a le même.
GAETAN - A deux ans près, il parait qu’en vieillissant,
les os sont plus fragiles, et on fait de plus en plus de
bêtises.
LIONEL - Tu es un peu bizarre aujourd’hui, il y a quelque
chose qui ne va pas?
GAETAN (chantonnant) - Tout va très bien, madame la
marquise, tout va très bien, tout va très bien.
LIONEL - Tu m’inquiètes, il s’est passé quelque chose en
mon absence? Aïe ! Ce pied!
GAETAN - Ici, rien du tout. (Il reprend le journal, et fait
mine de lire.)
LIONEL ( regarde Gaétan d’un air songeur.)- Qu’est-ce qui
t’intéresses dans le journal?
GAETAN - La rubrique matrimoniale.
LIONEL - Ah bon, tu veux te marier ? D’habitude c’est
plutôt la rubrique financière que tu lis.
GAETAN - Il y a des annonces tellement drôles. Par
exemple, celle-ci: Monsieur Chassetout Lionel, tiens, il a
le même prénom que toi, prend pour épouse,
Mademoiselle Laetitia Chassetat, c’est drôle hein?
Chassetout, Chassetat!
LIONEL - Laetitia? Tiens! Ah, ah ah ! C’est drôle,
je ne sais pas quand il faut rire, mais je ris! Aïe ! Ce pied
me fait mal.
GAETAN - Non attends ! Je les connais moi, lui il a
58 ans et elle, devine?
LIONEL - Je ne sais pas moi, 40 ou 30!
GAETAN - Perdu, elle a 25 ans. Tu te rends compte,
les cornes vont lui pousser très vite au Lionel, c’est clair
qu’elle l’épouse par amour.... Pour son… Pour son pognon.
LIONEL - Elle peut très bien l’aimer, tu ne les connais
pas personnellement.
GAETAN - Quelle candeur! C’est toujours comme cela
mon pauvre ami, les hommes sont naïfs, et pleins
d’illusions.
LIONEL - Tu parles pour qui? Aïe ! Ce pied, je vais
mettre de la glace.
GAETAN - Pour toi, pour moi, cela coule de source,
crois-en mon expérience.
LIONEL - Ton expérience ? Tu n’as jamais été marié
que je sache, moi, je crois en l’amour à tout âge.
GAETAN - Quelle naïveté! Tu te laisserais embobiner par
la première venue qui te ferait les yeux doux?
LIONEL - Embobiner! Par la première venue , tu as de
ces mots, je ne suis pas né d’hier tout de même.
GAETAN - Ah ! Oui, tu as deux ans de plus que moi.
LIONEL - Je ne sais pas si cela se voit, on peut rencontrer
l’amour tous les jours. Aïe, aïe!
GAETAN - Oui, aïe aïe! Dans le métro, ou à un congrès
peut-être.
LIONEL - Pourquoi pas ? L’amour est aveugle.
GAETAN - C’est toi qui le dis.
LIONEL - Pourquoi toutes ces questions? Tu as l’air de te
tracasser.
GAETAN - Je subodore que tu me caches quelque chose.
LIONEL - Ah! Et ce serait quoi?
GAETAN - Nous avons une amitié vieille de vingt ans,
je sens quand tu me fais des cachotteries.
LIONEL - Eh bien ! Tu insistes, tu insistes, je voulais
t’en faire la surprise demain, et t’inviter à rencontrer...
Ma future femme, qui a accepté de venir habiter chez moi,
avant notre mariage.
GAETAN - C’était donc vrai?
LIONEL - Bien sûr que c’est vrai, tu étais au courant?
Ouille !! Mon pied!
GAETAN - Mets de la glace, moi, pas du tout, c'est
mon sixième sens. Elle s’appelle comment?
LIONEL - Laetitia, comme dans ton annonce.
GAETAN - Elle est donc fortunée et a plus de quarante ans.
LIONEL - Ni l’un ni l’autre.
GAETAN - Donc elle est sans un radis et a au moins
soixante ans.
LIONEL - Tu brûles à moitié.
GAETAN - J’aime les devinettes, elle est sans un et a
vingt-cinq ans.
LIONEL - En plein dans le mille, sauf qu’elle va sur
ses vingt-six.
GAETAN - Non! Tu plaisantes?
LIONEL - Je suis très sérieux. Aïe !
GAETAN - Oui, aïe! Quel gâchis.
LIONEL - Comment quel gâchis?
GAETAN - Quel gâchis? Tu va sacrifier ta liberté, pour
élever
une enfant, alors que tu en as déjà deux à la maison.
LIONEL - Ce n’est pas du tout la même chose,
Laetitia a 26 ans, ce n’est plus une enfant.
GAETAN - Pourtant quand tu parles de tes filles, tu dis
toujours ce sont de grands enfants, qui ont besoin de
leur père et elles ont dix ans de plus, tu es en train
de tomber dans un piège.
LIONEL - Quel piège? Le piège de l’amour, je veux bien,
quand tu la verras tu comprendras. Laetitia fait partie
des filles qui savent s’adapter et s’intégrer dans une
famille. Ouille ! Mon pied!
GAETAN - Tu as dit à tes filles que leur future belle-mère
était une gamine moins âgée qu’elles?
LIONEL - Une gamine? N'importe quoi. Non, elles ne
me l’ont pas demandé figure-toi, et elles avaient l’air
contentes.
GAETAN - Quand elles le sauront, ça ne va pas être triste.
LIONEL - On verra bien. Tu ne veux pas demander à
une de mes filles d’apporter de la glace pour mon pied?
GAETAN - Il t’en faudra aussi pour la tête. Je demande
à laquelle?
LIONEL - C’est égal, de préférence Chantal, dépêche-toi!
Je ne tiens plus.
GAETAN - J’y vais.
Il sort. Lionel se lève péniblement, va chercher le journal et
cherche l’annonce lue par Gaétan.
LIONEL - Cette annonce qu’il m’a lue tout à l’heure, je
ne la vois pas, Lionel Chassetout et Laetitia Chassetat,
c’est une invention, donc il savait déjà que j’allais
me marier, ce coquin, qui a pu lui dire?
On entend du bruit, il pose le journal. Entrée de Noémie
et Gaétan.
NOEMIE - Alors mon petit Papa, on fait des bêtises,
on se tord le pied, le tennis n’est peut-être plus de ton
âge?
LIONEL - Ce n’était pas au tennis, j'ai glissé dans
l'entrée, tu as la glace?
NOEMIE - Voilà, voilà.
Elle lui pose un sachet de glaçons sans douceur sur le pied.
LIONEL - Aïe, aïe ! Fais attention, un peu de douceur,
j’ai mal moi!
NOEMIE - Qu’est-ce qu’il est douillet mon Papounet.
GAETAN - Ce n’est rien, tu en verras d’autres, tu n’as pas
fini de souffrir mon vieux, au propre comme au figuré.
LIONEL - Ce n’est pas bien de se moquer d’un malade.
(Coup de sonnette.)
NOEMIE - C’est peut-être ta future femme.( Elle va ouvrir).
GAETAN - Si elle te voit dans cet état, mets-toi debout
pour l’accueillir!
LIONEL -Ce n’est pas elle. (Il se lève quand même.)
NOEMIE - C’est Jacques qui vient nous rendre visite, je
vais appeler Chantal. (Elle sort.)
JACQUES - Bonjour beau-papa, bonjour monsieur
Gaétan, alors vous allez bien? Oh! Beau-papa est
blessé?
LIONEL ( se rassoit) - Un petit accident de parcours,
je me suis foulé le pied.
GAETAN - Jacques va regarder ton pied, il a fait des
études de médecine tout de même.
JACQUES - Oui, j’ai arrêté très vite, je préfère soigner
les animaux, ils ne réclament jamais.
GAETAN - Un coup d’œil n’a jamais fait de mal, il a
peut-être une fracture.
Jacques se penche d’un air dégoûté sur le pied de Lionel,
le palpe, et pour finir tire dessus des deux mains.
LIONEL -Aïe aïe aïe ! C’est horrible, tu m’as fait mal,
j’ai plus mal qu’avant!
JACQUES - C’est bien ce que je disais, les animaux
ne réclament jamais. Vous êtes douillet beau-papa,
si votre pied n’est pas cassé, vous serez sur pied
demain. Elle est bonne ma blague hein ?
GAETAN - Surtout que demain il faut être en forme,
pour accueillir la promise hein, Lionel?
LIONEL - Oh, laisse-moi tranquille, j’ai trop mal
au pied.
JACQUES - La promise de qui?
GAETAN - De ton beau-papa, il se remarie.
JACQUES - Qui? Beau-papa, ho ho! Toutes mes
félicitations, en voilà une surprise. Et qu’en pense
Chantal?
GAETAN - Elle est aux anges, n’est-ce pas Lionel?
LIONEL - Ca ne plait pas à Gaétan et on s’en fout,
Chantal n’était pas contre. (Elle entre sur ces entrefaites.)
N’est-ce pas Chantal, tu n’as rien contre le fait que
ton père se remarie?
CHANTAL - Non, il n’est pas bon pour l’homme de
rester seul, ça décidera peut-être un autre à en faire
de même. (En regardant Jacques.)
JACQUES - Bonjour Chantal (Il l’embrasse) Je suis
venu t’entretenir d’une chose capitale, si tu as le temps?
CHANTAL - Capitale? Allons dans ma chambre, mon
chéri, j’ai tout mon temps pour toi. Je dois voir le
pied de mon papa, tu as mal? Noémie m’a dit que
tu étais tombé, Jacques regarde ce pied, tu es
spécialiste, tu l’as ausculté?
LIONEL( énervé) - Oui, il m’a ausculté, il a tiré dessus,
ça m’a fait très mal, merci.
JACQUES - C’était pour rendre service, je préfère
soigner les animaux, ils sont moins douillets.
Ils sortent.
LIONEL - Pauvres animaux, je les plains, tout cela
m’a fatigué, je vais aller me reposer, je ne te mets
pas dehors, tu comprends?
GAETAN - Bien sûr, garde tes forces pour demain,
tu en auras besoin, d’ailleurs il faut que je me sauve,
tu sais que je ne veux que ton bien.
LIONEL - Je le sais, un vieil ami comme toi c’est
vital, qu’est-ce que je m’ennuierais sans toi, à demain.
(Gaétan sort, Lionel se lève aussi, fait quelques pas,
il ne boite plus.) Je ne sens plus rien, c’est qu’il m’a
guéri ce vétérinaire. C’est la première fois qu’il sert
à quelque chose. Je ne vais pas trop le montrer,
ils diraient encore que je suis délicat et douillet.
Il sort. On sonne. Chantal des coulisses.
CHANTAL - On a sonné!
NOEMIE (qui apparaît)- C’est pour moi, c’est mon amie
Aimée.
Elle va ouvrir. C’est Aimée qui est habillée d’une façon
masculine, cheveux courts, tailleur ou costume gris avec
un petit chapeau rouge sur la tête . Elle a un petit
problème d’élocution. Elle prononce les sss ch. et vice
versa. Elles se font la bise.
NOEMIE - Entre vite, j’ai plein de choses à te raconter.
AIMEE - Eh bien moi aussi, il m’arrive un truc formidable.
NOEMIE - Figure-toi que mon père veut se remarier,
avec une fille qu’il a rencontré il y a trois jours.
Et elle emménage demain, c’est incroyable non?
AIMEE - Ton père a des idées modernes et il est très
chébran. Il a du trouver la perle, s’il m’avait demandé
j’aurais peut-être dit oui, tu te rends compte je serais
devenu ta mère en quelque sorte.
NOEMIE - Quelle horreur, c’est justement ce qui
m’inquiète, avoir une mère, une marâtre, qui va
vouloir s’occuper de mes affaires, j’en ai la chair
de poule!
AIMEE - Elle a quel âge?
NOEMIE - Quel âge? Je ne sais pas, il ne nous l’a
pas dit, cela ne change rien, une jeune, une vieille,
c’est pareil.
AIMEE - Et une maman plus jeune que toi? Hein
ça serait drôle!
NOEMIE - Tu délires, mon père ne choisirait pas une
femme plus jeune que nous, ce serait le comble!
AIMEE - Il est encore bien de sa personne, il a pu
séduire une midinette, en plus avec le retour d’âge.
NOEMIE : Je n’ose y croire. Tu avais une nouvelle
incroyable toi aussi?
AIMEE - Oui, figure-toi, j’ai été retenue pour tourner
dans un film de Charles Lalouche, tu te rends compte?
NOEMIE - Ouah! Ma vieille, tu vas être célèbre, tu as
un premier rôle, c’est toi l’héroïne?
AIMEE - Pas tout à fait, il paraît que c’est un rôle
important!
NOEMIE - Tu as fait comment pour l’avoir, tu connais
Lalouche ou tu as couché?
AIMEE - Couché? ça ne va pas, quelle idée!
NOEMIE - Il paraît que cela se fait dans ces milieux là.
AIMEE - On voit surtout cela dans les films, en réalité,
ils ne prennent que les gens capables.
NOEMIE - Ah !Très bien, je suis très contente pour toi,
tu en rêvais depuis si longtemps, je pourrais assister
au tournage?
AIMEE - Je n’en sais rien, je demanderais. J’ai l’intention
de demander à ton père s’il peut me donner des cours
de diction, tu comprends avec mes ch. que je confonds
avec les sss, il est bien placé pour m’aider.
NOEMIE - Il est bien placé, en ce moment il a d’autres
chats à fouetter. oh! Je l’entends qui arrive, tu vas
pouvoir lui demander tout de suite.
Entrée de Lionel. Il fait semblant de boiter encore.
LIONEL - Tiens, bonjour Aimée, ma chère Aimée, quel
vent t’amène? ( Ils se font la bise.)
AIMEE - Je suis venu dire à Noémie que j’allais tourner
dans un film. Vous m’avez volé la vedette avec votre
mariage,c’est tout à fait inattendu, je vous félicite
en attendant de connaître l’heureuse élue.
LIONEL - Ce sera pour demain. Dans quel film vas-tu
jouer?
AIMEE - C’est un film de Charles Lallouche, Un mariage
réussi.
LIONEL -Chi? Ah oui! Réussi. Et tu auras un vrai rôle
ou seulement de la figuration?
AIMEE - Un vrai rôle, et si vous pouviez me donner
quelques cours de diction cela augmenterait mes
chances.
LIONEL - Tes sanches ? Ah oui ! Chances,ce sera
avec plaisir, même si en ce moment je n’ai guère
le temps, on trouvera bien une demi-heure par-ci
par là, tiens ! On pourrait même commencer tout
de suite.
AIMEE - Oh oui! Avec plaisir.
Téléphone, c’est le portable de Lionel.
LIONEL - Allo, ah ! C’est toi Laetitia, comment vas-tu
ma douce amie?
NOEMIE (en aparté )- Ma douce amie, non mais je rêve!
LIONEL - Comment, tu veux me présenter ta mère!
Je serais ravi et mes filles aussi!
NOEMIE (en aparté)- Mes filles aussi, mais il rêve.
LIONEL - Nous t’attendons tous avec impatience, je
t’embrasse tendrement ma douce colombe, à demain!
NOEMIE - Tendrement, douce colombe, ce sera qui le
pigeon?
LIONEL - Tu disais Noémie?
NOEMIE - Euh ! Rien, je pensais tout haut.
LIONEL - Laetitia sera là à quatorze heures, et sa mère
un peu plus tard à quinze heures.
NOEMIE - C’est que demain après-midi, nous avons
prévu de sortir Aimée et moi, je ne serais pas là à
quinze heures.
LIONEL -C’est ennuyeux, je demanderai à Chantal
de s’en occuper.
NOEMIE - J’ai entendu dire qu’elle partait avec Jacques,
je crois qu’ils ont décidé de se marier, enfin! Ils vont
choisir la
robe de mariée.
LIONEL - Comment cela, tout d’un coup, sans m’en
parler?
NOEMIE - C’est la coutume dans notre famille, on part
trois jours, on revient et on dit je vais me marier,
ma fiancée arrive demain!
LIONEL - Tu me fais une scène?
NOEMIE - Non, je constate la réalité, d’ailleurs je suis
en train de peser le pour et le contre, pour savoir
si ma place est encore ici. Si j’ai mon agrégation, hop !
Je me cherche un appart et vive la liberté!
LIONEL - Ton agrégation, mais tu es chez toi ici,
et l’arrivée
de Laetitia ne changera rien.
.
NOEMIE - Je demande à voir.
LIONEL - Et si tu ne l’as pas, ton agrégation?
NOEMIE - Tu aimerais bien hein?
LIONEL - Je ne veux que le bonheur pour moi et
mes enfants, qu’en dis-tu Aimée?
AIMEE - Il faut dire que votre mariage est un peu
précipité, à part ça, il faut voir!
NOEMIE - Tu tiens avec lui?
AIMEE - Non, laisse-leur une chance quand même,
tu ne connais même pas la future mariée.
NOEMIE - Je serais là à quatorze heures pour voir
ta.... Fiancée, par contre la belle doche, ne m'en
demande pas de trop.
LIONEL -C’est sûrement une charmante dame, quand
on connaît la fille!
NOEMIE - Elle doit avoir un âge canonique, il faudra
prévoir un fauteuil.
AIMEE - Pour qui?
NOEMIE -Pour la future belle-maman de papa. Au fait
Papa, si ta femme devient en quelque sorte ma mère,
ta belle mère, sera donc ma grand belle maman,
ça existe?
LIONEL - Je ne sais pas si cela existe, on aura le
temps de s’en occuper le moment venu.
NOEMIE - Comment je vais l’appeler ta femme,
maman, belle-maman, marâtre?
LIONEL - Le plus simple sera Laetitia, elle est très
sympathique, tu verras.
AIMEE - Vous verrez bien demain.
LIONEL - C’est toi qui a annoncé mon mariage
à Gaétan?
NOEMIE - Non, je ne l’ai dit qu’à Aimée.
LIONEL - C’était donc Chantal, Gaétan en a fait tout
un plat. Je crois qu’il est un peu jaloux.
NOEMIE - Il a peur de perdre la première place, il était
un peu gâté chez nous, toi aussi tu vas être obligé
de changer tes habitudes de vieux garçon, tes
petites manies.
LIONEL - Oh ! Elle est très large d’esprit, Laetitia, elle
comprendra.
NOEMIE - Alors là ! Je demande à voir, car supporter
tes charentaises, tes cigares, tes soirées avec tes amis,
tes jours sans rasage, il faudrait qu’elle soit une sainte.
LIONEL - Vous le supportez bien, Chantal et toi!
NOEMIE - Nous sommes tes filles, pas ta femme!
AIMEE - On commence quand les leçons de diction
monsieur?
LIONEL- Tout de suite , on va d’abord faire une
évaluation et après une correction.
NOEMIE - On reconnaît bien là le professeur, je vais
vous
laisser à votre cours. Aimée, n’oublie pas notre
rendez-vous de demain quinze heures , devant
la bibliothèque.
AIMEE - Je n’oublie pas, sois sans crainte.
Noémie sort.
LIONEL -On commence, tu vas répéter après moi,
chasseur sachant chasser sans son chien.
AIMEE - Ou, la la! C’est très difficile, je n’y arriverais pas.
LIONEL -C’est pour l’évaluation, allez, il faut toujours
étudier l’étendue des dégâts, pour corriger ensuite.
AIMEE - Bon je me lance, il ne faudra pas vous moquer.
LIONEL - C’est promis.
AIMEE - Chasseur sachant chasser sans son chien.
(Le tout prononcé lentement, seul chien sera juste.)
C’est une catastrophe n’est ce pas?
LIONEL - Pas du tout, Aimée, tu as eu un mot juste
sur six , le mot chien était juste cela ne peut que
s’améliorer, passons à l’exercice numéro deux,
si six scies scient six cyprès, répète après moi.
AIMEE - Je n’y arriverais jamais, j’abandonne
monsieur Lionel.
LIONEL - Comment? Pas du tout, fais un effort que
diable, ou fais-moi plaisir.
AIMEE - Bon si vous insistez, Si six scies scient
six cyprès, oh quelle honte ! C’est peine perdue.
LIONEL - Non, j’entrevois la solution, penses
exactement l’envers de la phrase, les ss deviennent
des ch et vice versa.
AIMEE - Comment je dois? Penser à l’envers,
c’est difficile, voyons chi, si chis six, ah oui, j’ai
compris, si six scies scient six cyprès six cent six
scies scient six cent six cyprès. Ouah!
Ca marche.
LIONEL - Voila, tu as tout compris, il faudra l’utiliser
dans la conversation courante.
AIMEE - Merci monsieur Lionel, il faut que je vous
embrasse.
Elle lui saute au cou, entrée de Chantal.
CHANTAL - Décidément père, tu es insatiable, tu n’as
pas l’intention de devenir bigame?
AIMEE - J’ai remercié ton père pour son cours de
diction. Il faut que je me sauve, au revoir et
encore merci. ( Elle sort.)
CHANTAL -Je ne savais pas que les cours de diction
se prenait d’une manière aussi enlacée.
LIONEL - Elle a le droit de me remercier quand
même, elle est comme ma fille.
CHANTAL - Certes, certes, je ne sais si Laetitia
serait d’accord avec ces effusions de reconnaissance.
LIONEL - Ou est ton vétérinaire?
CHANTAL - On s’est décidé mon vétérinaire et moi,
on va choisir la robe de mariée, on se marie le
mois prochain.
LIONEL -C’est un peu rapide tout ça.
CHANTAL - Tu m’as fait remarquer assez souvent
que mes fiançailles duraient longtemps, aussi
j’ai pris exemple sur toi, la vitesse ça te connaît,
trois jours et on n’en parle plus.
LIONEL - Ce n’est pas la peine de discuter, tu
es énervé, je vais me changer.
Il va pour sortir, Noémie sur la porte le voit marcher
normalement.
NOEMIE - Tu ne boites plus Papa?
LIONEL - J’ai décidé de ne plus boiter, malgré
la douleur.
CHANTAL - Tu t’entraînes pour demain ?
LIONEL - Demain?
CHANTAL - Ta fiancée arrive, il ne faudrait pas te
montrer claudiquant, cela ferait mauvaise
impression.
LIONEL - Claudiquant, elle au moins aurait pitié de
moi et me soignerait. (Il sort.)
CHANTAL - On va le plaindre, ce cher Papa. J’ ai
l’impression qu’il regrette déjà son coup de tête,
ses fiançailles éclair, avec une inconnue, alors
que moi je fréquente Jacques depuis cinq ans.
NOEMIE - Vous pourrez vous marier le même
jour Papa et toi, ça ferait un scoop, le père et la
fille se marient le même jour.
CHANTAL - Me marier le même jour que notre père,
non merci, très peu pour moi.
NOEMIE - Il compte sur toi pour accueillir sa future
belle-mère demain à quinze heures.
CHANTAL - Parce que la fille ne suffit pas, il faut
aussi se farcir la mère, ce sera sans moi.
NOEMIE - Je serais là à quatorze heures pour
voir notre future mère, après je file avec Aimée.
CHANTAL - Et moi je me farcirais la belle-mère,
il n’en est pas question, je vais acheter ma robe
avec Jacques.
NOEMIE - Il faudrait trouver quelque chose pour
impressionner cette Laetitia, on va lui faire une
réception dont elle se souviendra. Je pense aux
habits, qu’on a acheté au Maroc, hein? Les djellabas,
on met un pouf, on fait brûler de l’encens, du thé
à la menthe et on lui suggère que c’est notre père
qui nous oblige à nous vêtir ainsi à la maison.
Elle aura le sifflet coupé et ça règlera le problème.
CHANTAL - Tu as pensé à la réaction de père?
NOEMIE - Il n’aura pas le choix, il verra très vite
si les sentiments de sa Laetitia sont authentiques.
Alors tu marches dans la combine?
CHANTAL - Je vais demander à Jacques, ce qu’il
en pense.
NOEMIE - Ma vieille, tu n’es pas encore mariée,
tu auras le temps de lui demander toute ta vie,
il faut se décider maintenant.
CHANTAL - C’est d’accord, je crois qu’on va bien
s’amuser, j’ai hâte d’être à demain. Allons faire
les préparatifs. J’y pense, il faudra éloigner ou
retarder notre père.
NOEMIE -Je vais en parler à Gaétan, il trouvera
une combine. Vivement demain.
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