Arthur es-tu là ?
Pièce en deux actes de René NOMMER
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Protégé par copyright France
Email : renenommer375@gmail.com
Déjà plus de 200 représentations.
5 hommes / 6 femmes
Version 2: 3hommes/ 6 femmes
Version 3: 2 hommes/ 6 femmes
Durée 90mn
Synopsis :
Georgette, jeune veuve, cherche désespérément le testament de son mari Arthur Poilgras décédé récemment. Malgré l’aide de son valet Firmin, les recherches sont vaines et elle doit sous-louer des pièces de sa maison. Sur les conseils d’un notaire, elle fait appel à une voyante qui pourrait la mettre en contact avec son mari dans l’au-delà…Et lui faire dire où il a caché son magot. Des personnages haut en couleurs se succèdent avec Blanche, locataire naïve, Ursule belle-sœur à l’affût de l’héritage, le curé Marcellin débonnaire mais sceptique, Fanny une amie déjantée, la voisine Berthe très curieuse. L’arrivée de Tania voyante mystérieuse avec son vrai faux frère Sergueï fera vivre à Georgette et ses amis un étrange voyage avec son lot de surprises à rebondissements multiples, qu’essayera de démêler un étrange inspecteur Duflair. Le mystère de la table tournante, la présence invisible d’ Arthur, les réparties pleines de sel feront le délice des spectateurs et des acteurs.
Les spectateurs des Z’Allumés de Rodemack ont plébiscité « Arthur, es-tu là ? » ( 11 représentations).
Personnages: Poilgras Georgette, veuve d’Arthur. (212 répliques)
Amédée le valet de chambre. ( 133 ) ( Peut avoir l’accent belge ou autre.)
Maître Constant, faux notaire. ( 48 )
Tania, voyante extralucide. ( 108 )( Accent slave.)
Sergueï faux-frère de Tania. ( 40 )
Loie Blanche Institutrice, locataire. ( 77 )
Fanny Depré, amie de Georgette. ( 32 )
Poilgras Ursule, sœur d’Arthur ( 20 )
Berthe, voisine curieuse. ( 39 )
Maître Cornu, vrai notaire. ( 6 )
Marcellin, le curé. ( 50 )
Duflair inspecteur de police. ( 26 )
Le personnage de Maître Cornu peut être tenu en second rôle par un acteur ou une actrice.
La scène se passe dans les années cinquante, quand existaient les anciens francs. La pièce peut-être adaptée pour une autre époque.
Le décor, le salon de Georgette, un peu vieillot. Une porte donne sur la cuisine, une autre sur l’entrée, une troisième pour l’accès aux chambres d’hôtes. Georgette est assise devant un carton plein de feuilles, de factures, qu’elle tente de trier. Au mur des portraits de famille avec un grand portrait d’Arthur.
ATTENTION : Ce texte appartient au répertoire de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques et ne peut être
joué sans l’autorisation préalable de cette société.
ACTE 1
Scène 1.
Georgette - Ah! Mon pauvre Arthur, tu es parti si vite, on n’a pas eu le temps de tout nous dire, et tu m’as laissé tout ce fatras, des factures, des factures, mais où sont les titres, les comptes de dépôt, tu ne les as pas pris avec ? Hein! (Elle fait tomber une ou plusieurs feuilles). Je l’aurais remarqué. (Elle se lève et va vers le portrait ). Tu ne m’as quand même pas fait le coup de ne rien me laisser, à part cette maison peut-être hypothéquée. A moins que tu n’aies tout légué à ta sœur, ça je ne le supporterais pas.
(Elle lève un poing menaçant à l’adresse du portrait, se retourne, jette le reste des feuilles à terre, crie et sonne en même temps) Amédée, Amédée! ( Du fond on entend.)
Amédée - Oui, M’dame, c’est pourquoi?
Amédée est vêtu, avec un gilet, et par-dessus un tablier bleu, il a une casquette sur la tête, il vient en traînant les pieds, il a un balai de riz à la main.
Georgette - Tu pourrais te déplacer plus vite quand ta patronne t’appelle. (Il entre d’un pas traînant.)
Amédée - Je viens aussi vite que je suis payé.
Georgette - Tu seras payé dès que la succession sera réglée.
Amédée - Et je mange quoi en attendant?
Georgette - Je ne t’ai jamais interdit de manger pendant ton service!
Amédée - Manger, parlons-en, avec ce qu’il y a dans le frigo, quelques oeufs, trois pommes, deux yaourts, du munster hors d’âge, et du pain rassis, et il n’y a plus de vin.
Georgette - Et qui a bu le vin? On peut vivre avec moins que çà, aide-moi à ramasser ces feuilles. (Ils s' accroupissent et commencent à ramasser les feuilles.) Dis-moi Amédée, tu connaissais bien Arthur?
Amédée - Oh! Pour ça oui M’dame (Il se relève, elle reste assise sur ses talons) vingt ans dans la maison, ça compte. Monsieur Arthur, je l’ai connu pas plus haut que ça, (Il montre la hauteur de ses genoux, et remonte peu à peu devant le regard incrédule de Georgette, ceci se fera en plusieurs paliers.) Enfin il était encore tout jeune, et quelle prestance, comme sur le portrait.
Georgette - Il était beau!
Amédée - Ah oui! M’dame, vous ne l’avez jamais vu sur son cheval blanc?
Georgette - Comme Henri IV ? Hélas non!
Amédée - (se saisit du balai et le place entre ses jambes.) Quand il avançait avec son cheval, on aurait dit le roi (Il avance, en paradant, le balai entre les jambes, devant Georgette ébahie, mais moqueuse).
Georgette - Quelle prestance en effet!
Amédée - (il se place à l’autre bout de la pièce.) Et quand il galopait m’dame, c’était la flèche.
Il avance en sautillant ridiculement, une main tenant le balai et l’autre son dos.
Georgette - Je vois une flèche bien boiteuse, on dirait un lapin , ou un kangourou, c’est ça, un kangourou!
Amédée - M’dame peut se moquer, à mon âge c’est pas facile avec mes rhumatismes, forcément, le cheval a vieilli. Monsieur Arthur était de la race des seigneurs, dommage qu’il a sauté.
Georgette - Sauté?
Amédée - Mais oui, M’dame, sauté la haie!
Georgette - Oui! Quel malheur.
Amédée - Il n’avait pas vu que derrière la haie il y avait un mur en béton, sinon il se serait arrêté, forcément. Le cheval non plus ne l’a pas vu, forcément, sinon il n’aurait pas sauté, aussi quelle idée de mettre du béton derrière une haie, tout ça est bien triste!
Georgette - Amédée tu m’as fait rire et maintenant tu me fais pleurer, ramassons plutôt ces feuilles.
Amédée se remet à genoux, et ramasse les feuilles, Georgette se relève avec une feuille et prend une attitude pensive. Amédée qui a ramassé deux ou trois feuilles se redresse sur ses talons.
Amédée - M’dame ne ramasse plus?
Georgette - Je pense, Amédée.
Amédée - Ah! Si Madame pense. Vous pensez à Monsieur Arthur? (Elle se remet à genoux.)
Georgette - Oui, Amédée, dis-moi, tu ne saurais pas par hasard, où mon cher Arthur, paix à son âme, mettait ses papiers de valeur?
Amédée - Je ne vois pas où M’dame veut en venir. (Ils se relèvent.)
Georgette - Amédée, je parle de papiers de valeur, de couleur blanc bleu, ou rose.
Amédée - En rouleaux?
Georgette - Peut-être, sais-tu quelque chose?
Amédée - Je r’viens tout de suite.
Georgette - Pourvu qu’il trouve, ça arrangerait mes affaires, parce que louer cette maison à des inconnus ne me plaît guère.
Amédée revient avec des rouleaux de papier toilette colorés sous le bras.
Georgette - Qu’est-ce que c’est que ça?
Amédée - C' est Monsieur qui m’a fait acheter ces rouleaux quand il a connu M’dame. Il m’avait dit, il faut mettre du papier de toilette de couleur dans les W-C, ça impressionne les gens.
Georgette - Il pensait me séduire avec du papier toilette, c’est du propre, une chose est sûre, Amédée, tu n’as rien compris, ou tu te payes ma tête!
Amédée - J’ai essayé d’aider m’dame.
Georgette - Ca va, n’oublie pas, dès que le notaire arrive tu le fais entrer.
Amédée - Oui, m’dame. (Il sort. Georgette s’arrange devant une glace, se met du rouge.)
Scène 2
Georgette - Dire que je ne connais même pas ce notaire, il est peut-être bel homme, s' il sait où Arthur a mis le magot, je lui saute au cou. (Coup de sonnette.)
Amédée ( du fond) - J’y vais m’dame, j’y cours. ( Il vient en traînant les pieds.)
Georgette - Du nerf, voyons, c’est le notaire!
Amédée ( il ouvre.) - B’jour Mademoiselle ? Je vous annonce: Mademoiselle Loie Blanche qui vient pour la chambre.
Georgette - Pour la chambre? Déjà! Les nouvelles vont vite, fais entrer.
Blanche - Bonjour madame, je viens pour la chambre que vous voulez louer.
Georgette - Bonjour, vous avez vu l’annonce? Elle ne devait paraître que demain, les premiers arrivés seront servis en priorité, j’espère qu’elle vous plaira.
Blanche - Je ne suis pas trop difficile, s’il y a une fenêtre, et une porte fermant à clé.
Georgette - Il y a tout cela, j’espère que vous n’avez pas d’animal domestique?
Blanche - Vous voulez dire un chien ou un chat?
Georgette - Oui, je ne les supporte pas, l’allergie au poil, vous comprenez?
Blanche - Bien sûr, j’ai seulement un poisson rouge dans un bocal.
Georgette - Ca doit être silencieux.
Blanche - On ne l’entend jamais.
Georgette - C’est mieux qu’un oiseau, toujours en train de chanter, ne laissez pas votre porte ouverte, Barbiche pourrait entrer et...
Blanche - C’est qui, Barbiche?
Georgette - Mon chat.
Blanche - J’ai cru comprendre que vous étiez allergique au...
Georgette - Au chat? Oui, Barbiche c’est différent, il a le poil ras.
Blanche - Ah! Je comprends.
Georgette - N’est-ce pas? Je crois que nous allons nous entendre , je vous montre vos appartements.
Elles sortent, une tête apparaît dans la porte, c’est Berthe la voisine, très curieuse, elle s’intéresse à tout ce qui ne la regarde pas, elle va à la porte de la cuisine et appelle Amédée.
Berthe - Amédée, tu peux venir, c’est urgent!
Amédée - J’arrive, ah! C’est vous Madame Berthe, vous avez donc besoin de quelque chose à c’t'heure?
Berthe - Oui, j’aurais besoin d’un oeuf, vous pouvez me dépanner?
Amédée - Je vais voir ce que je peux faire pour vous.
Il sort, et Berthe en profite pour aller coller son oreille à la porte de la chambre 1. Amédée revient et la surprend.
Amédée - On admire les boiseries Madame Berthe, c’est du beau meuble, voilà votre œuf.
Berthe - Oh! Pour sûr Monsieur Arthur avait bon goût. Je crois que Madame Georgette a eu de la visite tantôt?
Amédée - Vous avez vu quelqu’un?
Berthe - Oui, une demoiselle, mais je ne m’en occupe pas plus que ça.
Amédée - Bien sûr, les visites ça va, ça vient.
Berthe - Elle vient peut-être pour la chambre? Il y avait une annonce dans le journal.
Amédée - Ah bon! Je ne m’occupe pas de ces choses là, j’ai mon ménage à faire.
Berthe - Alors je vous laisse, merci pour l’œuf.( Elle sort.)
Amédée - Ah! Berthe ! Championne du monde en cancan et autres ragots, elle veut tout savoir, sans payer, mis à part sa curiosité, elle me plaît bien. Bon elle a eu son oeuf, pas les cancans.
Il s’apprête à sortir, quand retentit la sonnette.
Amédée ( en traînant.)- J’arrive, j’arrive, un vrai moulin à vent ici, ça n’arrête pas. ( Il ouvre la porte.) B’jour m’sieur, c’est pourquoi?
Constant - Maître Constant, je voudrais voir Madame Veuve Arthur Poilgras.
Amédée - Entrez, on vous attend avec impatience. C’est pour la succession?
Constant - Je ne comprends pas.
Amédée - C’est pourtant clair, vous êtes le notaire, et Madame cherche l’héritage.
Constant - Je comprends de moins en moins, je suis venu pour louer la chambre.
Amédée - Ah! M’dame va être déçu.
Constant - Pourtant elle loue?
Amédée - Oui, mais elle s’attendait à autre chose.
Constant - Elle m’en parlera elle-même si vous le voulez bien!
Amédée - Oh! Moi ce que j’en dis, c’est rapport à mes émolu.. émonu...
Constant - Emoluments?
Amédée - C’est ça, en ce moment je ne touche guère et....
Constant - Si vous alliez prévenir votre patronne de ma présence?
Amédée - J’y cours m’sieur. ( Il sort en traînant les pieds.)
Constant - C’est une belle maison, la propriétaire est veuve, il y a des tableaux, peut-être un magot, c’est un bon parti, je ne suis pas venu pour cela, j’ai un travail à faire.
Georgette - (Elle sort à reculons de la chambre 1 et parle encore à Blanche.) C’est ça, prenez vos aises, faites comme chez vous, à tout à l’heure.
Elle se retourne et voit Constant.
Georgette - Monsieur?
Amédée rentre par la porte de la cuisine.
Amédée - M’dame, je vous cherchais, c’est Maître Constant qui a rendez-vous avec Madame Veuve Poilgras Arthur, c’est-à-dire vous.
Georgette - Bien, Amédée, laissez-nous maintenant.
Amédée - Oui, M’dame, ne vous réjouissez pas trop, c’est pas le bon!
Georgette - Pas le bon! Ca veut dire quoi? Laissez-nous à la fin! (Amédée sort en grommelant.) Croyez bien, Maître, que je vous attendais avec impatience, excusez mon domestique, il se mêle de tout!
Constant - Je l’ai déjà remarqué, à votre place je le remercierais.
Georgette - Impossible, il fait partie de la succession.
Constant - Ah! Alors..
Georgette - Dites moi tout, je suis folle d’impatience!
Constant - Ca n’en vaut vraiment pas la peine.
Georgette - C’est si peu que ça? Je m’en doutais, il a toujours été un peu pingre.
Constant - De qui parlez-vous madame?
Georgette - D’Arthur mon feu mari.
Constant - Je n’ai pas eu la chance de le connaître.
Georgette - Comment, vous êtes son notaire et vous ne le connaissez pas?
Constant - Je ne suis pas son notaire, c’est une erreur, je viens voir la chambre que vous voulez louer.
Georgette - Ah! Mon Dieu, (Elle s’assoit.) Et moi qui croyais, qui vous prenais pour son notaire, excusez-moi, je vous montre la chambre, et nous parlerons des conditions.
Ils sortent, Amédée qui écoutait derrière la porte, entre.
Amédée - Je lui avais bien dit de se méfier, mais elle n’écoute jamais, et pour mes émolu..Emonu...Zut! Je n’y arriverai pas, ça va pas fort.
Blanche sort de la chambre.
Blanche - Pardon, monsieur., vous savez où se trouve la maîtresse de maison?
Amédée - Elle est avec son notaire, ça n’est pas le bon, je l’avais prévenu, les femmes n’écoutent jamais.
Blanche - Oui, je voulais lui dire que la chambre me plaisait, et lui payer le premier loyer.
Amédée - Ca vaut pas une succession, mais c’est mieux que rien. Asseyez-vous là, Madame ne va pas tarder à arriver.
Il sort. On toque à la porte d’entrée, c’est Berthe qui passe la tête.
Berthe - Bonjour, mademoiselle, madame Georgette n’est pas là?
Blanche - Non, elle va arriver, je l’attends aussi. (Berthe rentre sans gêne.) Vous venez aussi pour une chambre ?
Berthe - Non, je suis une voisine. Alors, vous allez louer la chambre?
Blanche - Oui, c’est calme ici, ça me plaît.
Berthe - Le loyer doit être cher, quand on voit la maison, et ce luxe, ces tableaux. Il y avait encore un autre visiteur?
Blanche - Oui, j’ai cru comprendre, que madame attendait son notaire.
Berthe - Son notaire, pour la succession alors, très intéressant. Il faut que je me sauve, je reviendrai plus tard, au revoir mademoiselle euh ?
Blanche - Blanche, madame, je dirais à madame Georgette que vous étiez passée la voir, votre nom s’il vous plaît?
Berthe - Ce n’est pas vraiment nécessaire, à plus tard .
Elle sort, Georgette revient avec Maître Constant.
Georgette - Si l’appartement vous plaît, vous pouvez vous installer tout de suite. Ah! Voila mon autre locataire mademoiselle Blanche Loie, je vous présente Maître Constant.
Constant - Bonjour, je réserve cet appartement madame Poilgras, j’emménagerai dans la semaine si vous le voulez bien.
Georgette - Comme il vous plaira Maître, et vous mademoiselle?
Blanche - Je réserve également.
Georgette - Alors c’est parfait, un mois de loyer d’avance, les bons comptes font les bons amis (Elle rit bêtement .) N’est-ce pas?
Blanche - Si vous permettez, je vais chercher mes affaires pour emménager. Ah! Vous avez eu la visite d’une voisine, elle n’est pas restée.
Georgette - C’est sûrement Berthe, elle ne rate jamais rien. A tout à l’heure. (Blanche sort.) Aahhh! C’était moins calme quand feu mon mari vivait, il jouait du tuba surtout le soir, les voisins se plaignaient, même le chat miaulait.
Constant - Ca doit vous faire des vacances? (Georgette le regarde avec de grands yeux.) Euh! Mis à part votre chagrin.
Georgette - Oui, depuis son départ, je vis mon chagrin en silence, et je me dis qu’on ne s’est pas assez parlé de son vivant, il ne m’a pas tout dit.
Constant - Tout le monde a des secrets.
Georgette - Celui-là, est d’une importance capitale.
Constant - Je peux peut-être vous aider?
Georgette - Vous n’étiez pas là, c’est inutile.
Constant - Je n’insiste pas, mais de par ma profession, je suis de bon conseil.
Georgette - Voyez-vous Maître, mon mari a eu la mauvaise idée de trépasser, sans me dire à moi, sa femme, où il avait mis ses avoirs, c’est-à-dire l’héritage. Il ne reste que les portraits de famille dont vous voyez quelques spécimens, et sa collection d’estampes japonaises. Une misère quoi! Et sa sœur Ursule qui rôde autour pour avoir sa part.
Constant - Avez-vous cherché dans ses papiers?
Georgette - J’ai retourné la maison de fond en comble, sans rien trouver.
Constant - Et son notaire?
Georgette - Je croyais que c’était vous. Je ne connais même pas son nom.
Constant - J’ai peut-être la solution à votre problème.
Georgette - Dites toujours.
Constant - J’ai une amie voyante et extralucide, qui tire aussi les cartes, elle peut vous aider à entrer en contact avec votre mari dans l’au-delà.
Georgette - Je ne crois pas à ces bêtises.
Constant- J’ai du mal aussi à le croire, elle a pourtant de belles réussites à son actif.
Georgette- Et si ça ne marche pas?
Constant - Vous ne risquez rien d’essayer.
Georgette - C’est vrai, je pourrais enfin parler à mon mari, lui qui ne m’écoutait jamais de son vivant.
Constant - C’est souvent le cas dans les vieux couples, euh! Je veux dire, mariés depuis plusieurs années.
Georgette- Vieux? Pas du tout, nous n’étions mariés que depuis six mois.
Constant - C’est donc une mort subite?
Georgette - Si l’on peut dire, il est tombé de cheval.
Constant - Ah! Il était cavalier?
Georgette- Cavalier et cavaleur à ses heures, sûrement, bien que je n’aie pas de preuves à ce sujet.
Constant - Ce sont des soucis que je n’ai pas, étant célibataire.
Georgette Et vous avez votre amie l’extralucide, pour vous aider le cas échéant. Il faudra me la présenter.
Constant - Je dois la voir cet après-midi à 14 h, je peux l’amener, elle est toujours très demandée.
Georgette - Bon d’accord, cet après-midi à 14 heures alors.
Constant - Je vais tout arranger, je me sauve, à tout à l’heure madame.
Georgette - C’est cela, appelez-moi donc Georgette, ce sera plus simple.
Constant - Au revoir Georgette (Au public.) Je crois qu’elle en pince pour moi, l’affaire se complique. (Il sort).
Georgette - Il est bel homme, je ne dis pas, un peu prétentieux, il croit me séduire, bof! (Elle ouvre la porte côté cuisine.) Amédée où es-tu?
Amédée - Je suis là M’dame.
Il écoutait accroupi derrière la porte.
Georgette - Ca alors! Tu écoutes aux portes?
Amédée - J’écoutais sans écouter, je trouve que M’dame fait confiance à n’importe qui.
Georgette - Comment ça?
Amédée - Le premier notaire qui arrive même si ce n’est pas le bon, vous lui racontez votre vie, c’est imprudent.
Georgette - De quoi je me mêle.
Amédée - C’est pour votre bien et le mien, je veux toucher mes émonu..émolu...
Georgette - Ments, je sais, je vais te donner une avance, ne vas pas la dépenser en boissons alcoolisées.
Amédée - Je bois si peu M’dame.
Georgette - Peu mais souvent, je te connais, allez, je ne suis pas aveugle.
Amédée - En attendant je suis impatient de voir l’extra curieuse, ce qu’elle va vous raconter.
Georgette - L’extra quoi?
Amédée - Je ne sais plus moi, j’ai pas tout entendu, celle qui parle aux macchabées.
Georgette - Avec tout le temps que tu passes à écouter aux portes, je crois que tu es surpayé.
Amédée - Comme en ce moment je ne touche rien, je puis assurer Madame que quand elle est seule, je n’écoute jamais aux portes. Ah! J’oubliais, mademoiselle Berthe est venue tout à l’heure, vous emprunter un oeuf.
Georgette - Tu lui as donné l’œuf?
Amédée - Oui, en ce qui concerne les nouvelles, je l’ai laissée sur sa faim, si j’ose dire.
Georgette – C’est vrai que la curiosité chez elle, c’est une institution, je crois qu’elle vient aussi pour autre chose.
Amédée - Ce serait pourquoi?
Georgette - Comme elle vient souvent quand je suis absente, ça ne peut être que pour toi.
Amédée - Pour moi? Mademoiselle Berthe s’intéresserait à moi! Je suis trop vieux, ce n’est plus de mon âge, les galipettes.
Georgette - A ta place je serais flatté.
Amédée - Oh! M’dame je suis confus, je retourne à la cuisine. (Il sort.)
Georgette - Ce brave Amédée joue les timides. En ce qui concerne l’extra lucide, je suis aussi curieuse que lui. Si elle pouvait régler mon problème. (Coup de sonnette.) Amédée , je vais ouvrir moi-même.
Amédée - (de la cuisine) Oui, M’dame.
Scène 4
Georgette - (ouvre et reclaque la porte.) Ursule ma belle-sœur (Ursule entre.) Quelle surprise, je ne t’ attendais pas, c’est sympa de venir me voir, après tout ce temps !
Ursule - Eh bien! Je passais dans le coin, et je me suis dit, si j’allais voir ma belle-sœur préférée, elle doit être plongée dans sa douleur de veuve, ça va lui remonter le moral.
Georgette - Sans aucun doute, sans aucun doute, tu ne vas pas rester longtemps?
Ursule - Non! Comment as-tu deviné?
Georgette - Une simple impression, ma chère.
Ursule - Je ne fais que passer, je vais en vacances à Etretat. Au fait, as-tu fait expertiser la maison?
Georgette - Expertiser! Pourquoi faire?
Ursule - Pour connaître la valeur des choses, on ne sait jamais, avec les meubles, elle doit bien valoir 200 millions?
Georgette - Je n’en ai aucune idée, et cela m’importe peu.
Ursule - Si Arthur t’entendait, (Elle montre le portrait) lui qui aimait tant l’argent.
Georgette - Quel argent?
Ursule - Quel argent! Mais le sien pardi!
Georgette - Je ne l’ai jamais vu.
Ursule - A d’autres ma chère, n’oublie pas que j’y ai droit à ma part.
Georgette - La part de rien, ce n’est pas grand chose.
Ursule - Que veux-tu dire?
Georgette - Je veux dire qu’Arthur n’a rien laissé, à part la maison, hypothéquée peut-être.
Ursule - Il aurait tout dépensé ce pingre. ( Elle va au portrait.) Remarque, ça ne m’étonnerait pas, je ne sais même pas comment tu peux le supporter en peinture. Mais il faudra me le prouver, voilà, je me sauve! Ma chère, à bientôt. (Elle sort.)
Georgette - Oui, à bientôt. Ah! Elle est venue renifler pour voir s’il y avait du fric. On ne peut pas dire que je l’aime, je la hais, elle va à Etretat, et bien! qu’elle y aille et qu’elle y reste.
De la porte de l’office, Amédée passe la tête.
Amédée - Le vautour vient tourner autour de M’dame, il cherche le magot, c’est drôle quand Monsieur Arthur vivait, elle ne venait jamais.
On toque, c’est encore Berthe qui passe la tête et entre.
Berthe - Bonjour Georgette, tu as un tas de visite aujourd’hui, n’était-ce pas Ursule ta belle sœur, à l’instant, elle a drôlement changé, depuis la dernière fois que je l’ai vu.
Georgette - Comment ça changé?
Berthe - Eh bien! Elle a l’air à la fois plus jeune et plus âgée, c’est drôle n’est-ce pas?
Georgette - Très drôle, il faut dire qu’on ne la voit que tous les dix ans et encore!
Berthe - Elle est peut-être venue pour le notaire?
Georgette - Le notaire! Quel notaire?
Berthe - Le monsieur de tout à l’heure avait l’air d’être un notaire, je l’ai vu par hasard, tout à fait par hasard.
Georgette - Bien sûr, Berthe, tu l’as vu par hasard, comme toujours. Tu avais autre chose à me dire, parce que, j’attends une visite très importante.
Berthe- Je ne voudrais pas déranger, je vois quand je suis de trop, à bientôt Georgette. (Elle sort.)
Georgette - Ah! Berthe, Berthe, Berthe, ta curiosité va te jouer un mauvais tour. (Coup de sonnette.) Amédée, va ouvrir, c’est sûrement Maître Constant, avec son amie.
Amédée - Oui M’dame, Après le vautour voilà l’extra cupide. J’espère qu’elle va pas vous plumer, parce que moi., mes émoru...Emonu…
Georgette - Tu es là pour surveiller, dépêche, fais-les entrer, je reviens tout de suite, ils n’ont qu’à s’asseoir. (Elle sort.)
Amédée - Voilà, b'jour m’dame, b’jour m’sieur, prenez place, je préviens Madame.
Amédée sort, ils s’assoient Tania est habillée d’une longue robe noire. Elle roule les r, elle a l’accent russe ou slave.
Tania - Crois-tu que nous sommes bienvenus ici?
Constant - Je t’assure, madame Poilgras nous attend avec impatience.
Tania - C’est un nom bizarre, qui ne me dit rien, tu sais que je ne peux travailler qu’en confiance.
Constant - Ne te fais pas de soucis.
Tania - Portrait au mur c’est mari de madame? (Elle se lève pour le regarder de près.)
Constant - Oui, c’est lui qu’il faut faire parler. Ah! J’entends des pas ça doit être Georgette.
Georgette - Madame, monsieur, bonjour.
Constant - Permettez-moi de faire les présentations, madame Tania voyante extralucide, madame Veuve Poilgras Georgette.
Tania ( elle désigne le portrait) – Mari de madame bel homme, vous deviez’aimer énormément, ça se voit.
Georgette - Ca se voit?
Tania - Oui, on ne peut rien me cacher, je lis pensées secrètes.
Georgette - Alors, il ne faut pas penser n’importe quoi. Maître Constant a dû vous dire?
Constant - J’ai seulement dit à Tania qu’une amie à moi avait besoin d’aide.
Tania - C’est vrai, j’ai compris qu’il y avait question héritage, argent flou, capitaux évaporés, vautours...
Georgette - De vautour, il y en avait un ici très récemment, je suis impressionnée.
Constant - Et vous n’avez rien vu!
Tania - J’ai besoin de respirer maison, pour voir où a vécu mari à vous, je sens présence dans les murs, il y a vibrations.
Georgette - Il est pourtant au cimetière.
Tania - Enveloppe charnelle oui, âme rôde par ici.
Georgette - Vous voulez me faire peur?
Tania - Non, mais je peux lui poser questions.
Georgette - A mon mari?
Tania - Peut-être lui, peut-être une autre.
Constant - C’est surtout le mari qui nous intéresse pour le moment, n’est-ce pas Georgette?
Georgette - Bien sûr, et surtout lui poser les bonnes questions.
Tania - J’ai vibrations, il va manifester très vite. (Coup de sonnette.)
Georgette - C’est très rapide, Amédée, je vais ouvrir moi-même. (En aparté au public.) Si c’est Arthur je m’évanouis.
Elle ouvre et un ouragan entre, c’est Fanny Depré une amie d’enfance exubérante et gaie, un peu vulgaire.
Fanny - Salut, ma vieille, comment vas-tu? Je passais...Oh! Tu as de la visite, j’espère que je ne dérange pas. (Elle s’installe sans façon.) Je me suis dit, ma copine doit avoir le bourdon avec ce qui lui arrive, j’ai raison hein! Tu me présentes à tes copains?
Georgette - Fanny Depré, ma meilleure amie, Maître Constant, et madame Tania.
Fanny - Ils ont des têtes sympas, on pourra faire une boum ce soir, tout d’abord il faut que je te montre ma nouvelle voiture que René m’a offerte, une décapotable, on fera un tour.
Georgette - Quel René, celui des assurances?
Fanny - Non, les assurances c’était Charles, il n’avait pas le rond, René travaille dans l’import-export, alors, on y va?
Georgette - Je ne sais pas si c’est le moment, j’ai des invités et....
Tania - Si au contraire, allez tous, j’ai besoin être seule pour concentration, je dois préparer dans la tête.
Georgette - Ca ne vous dérange pas ?
Tania - Pas du tout, j’attends visite de mon frère, qui aide dans mes recherches.
Constant - Je vais avec vous, j’aime les voitures de course.
Scène 5
Tania -Oui, je sens déjà concentration venir.
Elle met les mains sur la tête, les autres sortent, dès qu’ils sont sortis elle cesse son manège, et regarde dans tous les coins. Amédée qui a entrouvert la porte de la cuisine, l’observe. Quand Tania se baisse pour regarder sous l’armoire il entre.
Amédée - Vous pouvez regarder partout, le ménage est fait tous les jours, il n’y a pas de poussières.
Tania - (Se relève précipitamment et prend une pose un peu hautaine.) Vous laquais je suppose?
Amédée - Laquais? V'là autre chose! Je suis le valet de Madame Poilgras.
Tania - Oui, domestique, laissez-moi regarder si vous ondes favorables ou maléfiques.
Amédée - Ondes maléfiques? Je n’ai rien d’autre sur moi que ma tenue.
Tania - Regardez-moi dans les yeux, laissez-vous faire.
Elle prend la pose pour l’hypnotiser.
Amédée - Eh là! J’ai rien demandé moi.
Il recule, Tania avance, en reculant il se retrouve assis sur une chaise.
Tania -Vous sentez sommeil venir, vous envie bouger, vous laissez aller, c’est bien, et maintenant levez bras. ( Il le lève.) Et maintenant levez pied. (Il s’exécute.) Tirez langue (Il le fait.) Rentrez langue, tirez langue, rentrez langue. ( Elle lui donne deux claques.) C’est terminé pour aujourd’hui, oubliez tout.
Elle se retourne et regarde le portrait. Amédée risque un oeil et en aparté en public.
Amédée - J’ai rien capté, j’ai fait semblant, on sait jamais si elle me jetait un mauvais sort. Je vais quand même lui demander pour mes émolu..émonu. (Tania se retourne brusquement.)
Tania - Vous désirez quelque chose?
Amédée - Oui, m’dame je voudrais savoir quand je vais toucher mes émonu...émolu....émoluments, çà y est, j’ai réussi à le dire.
Tania -Vous voyez, premiers résultats positifs de mes pratiques divinatoires. D’habitude je prends 20000Francs.
Amédée - C’est cher! C’est très cher, je n’ai pas le premier sou pour payer mais vous ne m’avez pas dit quand je vais les toucher, mes émonu… Emoluments?
Tania - Ne soyez pas impatient, il faut autres incantations pour date exacte, et c’est plus cher!
Amédée - Encore plus cher, combien?
Tania - 40000, plus 10% des gains.
Amédée - Où là là ! Et, il y a des gens qui payent pour savoir?
Tania - Bien sûr, semaine dernière jeune homme voulait savoir jour de chance pour faire demande en mariage.
Amédée - Vous lui avez dit pour combien?
Tania - 80000 .
Amédée- Et ça a marché?
Tania - Fort bien, la fille a refusé, et l’a même giflé.
Amédée - C’est pas une réussite!
Tania - Bien sûr que si! Le jeune homme a appris plus tard que famille de la fille ruinée. Pas de dot. Je lui ai sauvé la vie, il m’a envoyé champagne!
Amédée - C’est un beau métier que vous faites, vous rendez les gens heureux.
Tania - Les gens comprennent pas toujours. Ils pensent que je veux rouler eux, et je dois partir très vite.
Amédée - Les gens sont ingrats.
Tania - A qui dites-vous. (On frappe à la porte.) Allez ouvrir, c’est peut-être frère.
Amédée - Ah non! Je sais qui c’est. Et ça ne vous coûtera pas 20000 Francs. C’est la voisine mademoiselle Berthe. (Plus fort.) Entrez mademoiselle (Elle passe la tête.)
Berthe - Madame Georgette n’est pas là?
Amédée - Non, elle est sortie. Vous pouvez l’attendre, elle revient de suite.
Berthe - Je ne voudrais pas gêner, bonjour madame. Vous êtes sûrement une amie de madame Georgette?
Tania - Non, relation affaires.
Berthe - Vous êtes la secrétaire du notaire peut-être?
Tania - Non, mais vous, curieuse.
Berthe - Moi ? Pas du tout, je ne m’occupe que de mes affaires.
Tania - Vous avez perdu être cher?
Berthe - Moi? Comment savez-vous?
Tania - Je vois sur votre figure, vous triste.
Berthe - Comment faites-vous pour voir ça? Je ne vous ai rien dit.
Tania - Donnez votre main (Elle tend la main.)
Berthe - Ma main? Je ne crois pas aux prédictions, vous êtes voyante?
Tania - Voyante extralucide, vous pouvez faire confiance. (Elle garde la main tendue.)
Berthe - Je ne sais si je dois.
Amédée - Vous ne risquez rien madame Berthe, je suis là.
Berthe - Vous croyez? (Finalement, elle tend la main à Tania.)
Tania - Ah! Très bien, vous longue ligne de vie, beaucoup de chance, attention, danger, quelqu’un vous veut du mal, faire souffrir, vous vous occupez trop autres personnes, ça va attirer ennuis.
Berthe - Je m’occupe trop des autres, moi ?
Amédée - Vous vous mêlez peut-être de ce qui ne vous regarde pas, tout simplement.
Berthe - Moi, c’est impossible, je ne m’occupe que de moi, vous devez faire erreur madame!
Tania - C’est écrit dans la main!
Amédée - Elle est très forte, madame Berthe, vous devriez faire attention à vous!
Berthe - Oui, je vous crois, je vais rentrer tout de suite.
Amédée - Vous n’attendez pas Madame Georgette?
Berthe - Non, je ne me sens pas dans mon assiette, je vais aller me reposer, au revoir et merci, madame. (Elle sort.)
Amédée - Vous avez vraiment lu dans sa main qu’elle était curieuse, et qu’elle s’occupait de ce qui ne la regardait pas?
Tania - Je vois tout, on ne peut rien me cacher. ( Coup de sonnette.) Je sens, présence frère, allez ouvrir!
Amédée - Vous voyez à travers les murs?
Tania - Quand je suis en forme, oui! ( On sonne.) Dépêchez-vous il s’impatiente! ( Amédée va ouvrir.)
Scène 6
Amédée - Bonsoir euh!.... Mon Père..... Non, Madame Poilgras n’est pas là, si vous voulez l’attendre, oui, entrez au salon, il y a déjà une visiteuse, asseyez-vous. (En aparté à Tania.) Vous ne m’aviez pas dit que votre frère était curé. (A tous.) Je m’excuse, j’ai à faire en cuisine.
Il sort, les deux s’observent à la dérobée.
Marcellin - Je suppose que vous êtes une amie de madame Poilgras?
Tania - Pas exactement, plutôt relation affaires.
Marcellin - Permettez-moi de me présenter, Abbé Marcellin, le nouveau curé de la paroisse, je rends visite à mes ouailles.
Tania - Vos ouailles? Je ne comprends pas très bien, chez nous on met ails dans soupe et saucisson.
Marcellin- Je voulais dire les habitants de la paroisse, ah! j’entends à votre accent que vous n’êtes pas française.
Tania - Je viens Lituanie.
Marcellin - Vous êtes russe?
Tania Dans mon pays c’est insulte, je pardonne à vous ce péché.
Marcellin - D’habitude, c’est moi qui donne l’absolution.
Tania - Vous venez trop tard, j’étais là avant vous.
Marcellin - Je ne sais pas si nos métiers sont en concurrence. Au fait c’est quoi votre métier?
Tania - Je soigne âmes, Monsieur Curé.
Marcellin- Comme c’est curieux, moi aussi, et vous vous y prenez comment, si ce n’est pas indiscret?
Tania - J’impose mains sur client, et il guérit, et trouve ce qu’il cherche.
Marcellin - Vous êtes guérisseuse?
Tania - Non, voyante extralucide.
Marcellin - Ah! Je vois, vous êtes diseuse de bonne aventure.
Tania - Non Monsieur! Voila deux fois que vous insultez moi, d’abord, vous dites russe, c’est pas vrai, Lituanie, et maintenant diseuse bonne aventure, c’est voyante moi! Je dis pas à vous pope.
Marcellin (gêné) - Ce ne serait pas une insulte, je vous prie de me pardonner madame, il n’était pas dans mes intentions de vous froisser, veuillez accepter mes humbles excuses.
Tania - Je accepte, vous recommencez plus.
Marcellin - Je vous le promets. Vous ne savez pas si madame Poilgras va bientôt revenir?
Tania - C’est une consultation?
Marcellin - Une consultation? Je ne comprends pas
Tania - C’est pourtant simple, je prends 20000 Francs. pour renseignement, et 40000 Francs lorsqu’on veut date précise.
Marcellin - Je ne demandais que....Ah! Vous pensiez que je faisais appel à vos dons de voyance? Pas du tout! Mais dites donc, c’est quand même un peu cher pour un simple renseignement?
Tania - Cher? Tout est relatif, suivant importance renseignement.
Marcellin - Quand même 20000 Francs.
Tania - Si on parlait tarif à vous, pour confession, combien?
Marcellin - Non! Non, ce n’est pas la peine, d’ailleurs j’entends du bruit, c’est sûrement Madame Poilgras,( En aparté) j’ai économisé 20000 Francs.
Georgette fait son entrée, et Amédée vient en même temps par la cuisine.
Amédée - Ah! M’dame, vous avez une deuxième visite, c’est m’sieur l’Abbé Marcellin, le frère de madame Tania.
Georgette - Bonjour monsieur l’Abbé. Je suis enchanté de faire votre connaissance, après celle de votre sœur.
Marcellin - Bonjour madame, il y a une regrettable erreur, je....
Georgette - Vous n’êtes pas l’Abbé Marcellin?
Marcellin - Si, mais je ne suis pas le frère de madame.
Georgette - Alors! Amédée, qu’est-ce que ça veut dire? Vous divaguez!
Amédée - Ce n’est pas moi, c’est M’dame qui a dit que c’était son frère, moi j’y suis pour rien. Elle a dit qu’elle voyait à travers les murs, c’est quand même pas ma faute si le mur est trop épais, ou si elle avait pas ses lunettes.
Georgette - C’est bon, on règlera cela plus tard, laissez-nous maintenant.
Amédée (en aparté, au public en sortant.)- Tu parles d’une voyante, elle confond le curé avec son frère, alors mes émolu... émonu...Zut! J’y arrive plus, elle m’a ensorcelé.(Il sort.)
Georgette - Veuillez excuser mon valet, il se trompe parfois, c’est l’âge sans doute. Vous avez sûrement fait connaissance pendant mon absence, avez-vous trouvé des points communs?
Marcellin - Nous ne poursuivons pas tout à fait les mêmes buts. Je suis le nouveau curé de la paroisse et je rends une visite de courtoisie à mes ouailles. (Il regarde Tania qui lève le doigt.) Pardon mes paroissiens.
Georgette - C’est fort aimable à vous, surtout que tout à l’heure nous avons une démonstration des pouvoirs de notre invitée madame Tania qui va entrer en contact avec mon feu mari, Arthur. ( Elle montre le portrait.)
Marcellin - Votre feu mari? Il n’y a pourtant pas de téléphone entre l’au-delà et la terre!
Tania - Il y a pouvoir voyante extralucide, nous tenterons conversation avec lui ou autre.
Georgette - Ah! Je préfère parler avec Arthur en priorité.
Tania - La voyance pas science exacte, il y a parfois surprises, surprises.
Georgette - Si le cœur vous en dit, monsieur le Curé, vous pouvez assister à la séance, qu’en dites-vous mademoiselle Tania?
Tania - Je peux convertir monsieur l’Abbé, s’il est incrédule.
Marcellin - Je suis converti mais pas à vos idées, j’assisterais cependant à cette séance avec curiosité et plaisir.
Georgette - Voilà qui est parfait, nous commençons quand madame Tania?
Tania - J’attends l’arrivée de frère à moi, il est médium, grâce à lui nous pourrons entrer en contact avec Arthur.
Marcellin - J’espère que ces pratiques ne sont pas contraires aux bonnes mœurs et à la décence.
Tania - Ne craignez pas monsieur Curé, votre conversion restera entre nous.
Marcellin - Je ne crains pas d’être converti, mais perverti.
Georgette - Je compte sur vous mon Père, pour que les bonnes mœurs soient respectées.
Marcellin - J’y veillerai, et je vous remercie de votre confiance.
Coup de sonnette, Amédée arrive en traînant les pieds.
Tania - Ah! Enfin, frère à moi.
Scène 7
Amédée ( en aparté)- Son frère, elle veut me refaire le coup de tout à l’heure, mais ça ne marche plus. ( Il ouvre la porte, et veut jouer au portier sélect.) Qui dois-je annoncer monsieur? Ah! Vous voulez répéter? Ah! M’dame, m’sieur Segui Fedodoolit.
Georgette - C’est qui, Amédée?
Amédée – C’est un m’sieur avec un nom pas possible!
Le frère rentre en écartant Amédée, qui repart en maugréant à la cuisine.
Sergueï - Excusez intrusion, votre valet a estropié mon nom, Professeur Sergueï Féodorovitch pour vous servir madame, bonjour mon Père.
Tania - Sergueï, tu es en retard, encore un peu et on commençait sans toi.
Sergueï - J’en doute ma chère, je suis indispensable.
Georgette - Alors, c’est votre frère, nous pouvons donc commencer sans attendre.
Sergueï - Madame, je suis à vos ordres, je dirais même à vos pieds.
Georgette - Oh! Quel galant homme votre frère!
Tania - Oui, très galant, il a besoin concentrer comme moi, c’est pourquoi je demanderais de laisser tous les deux, quelques instants.
Georgette - Je vais montrer le jardin à monsieur le Curé, pendant ce temps-là.
Ils sortent. A peine sortis Tania bondit sur Sergueï.
Tania - Tu veux tout faire rater, stupide imbécile, et en plus tu fais une cour éhontée à la maîtresse de maison, je t’interdis, tu entends, je t’interdis de regarder cette femme ou une autre.
Sergueï - Pourquoi, il y en a d’autres?
Tania - Tu es là pour faire travail, un point c’est tout.
Sergueï - Oui, un jour je me vengerai, et tu pourrais quitter ton accent quand tu me parles.
Tania - C’est trop difficile à reprendre par la suite. Tu as accessoires?
Sergueï - Comme tu me l’as demandé, tiens! (Il lui tend une enveloppe.)
Tania - Ce testament est bien imité, même le notaire n’y verrait que du feu. Je le mets dans l’armoire là, dans ce livre, tu t’en souviendras?
Sergueï- C’est malhonnête, j’hésite à entrer dans ton jeu.
Tania - Tais-toi, tu n’as pas le choix, sinon ça va te coûter très cher. Préparons la table, et quand tu seras en transes, je t’interdis de toucher les femmes présentes, même du regard.
Sergueï - Je ferais ce qu’il me plaira!
Tania - Tu feras ce que je te dirais, ah! J’entends les autres qui reviennent. (Coup de sonnette.)
Amédée - Oui, j’arrive, c’est la foire aujourd’hui, ça rentre, ça sort, j’use mes jambes, et je ne suis pas payé, je vous demande pas qui c’est (En regardant Tania), 20000 Francs, c’est trop cher, et il suffit d’ouvrir la porte. Ah! Rebonjour mademoiselle Blanche, vous pouvez rentrer sans sonner, vous êtes de la maison à présent.
Elle entre traînant une lourde valise et un bocal avec un poisson rouge.
Blanche - J’emménage, ah! Qu’elle est lourde cette valise.
Sergueï (serviable et séducteur)- mademoiselle, permettez que je vous aide. (Il se saisit de la valise.) C’est vrai qu’elle est lourde, il y a de l’or dedans? Où dois-je la déposer?
Blanche - Ce sont mes livres, vous êtes trop aimable, je vous montre le chemin.
Ils sortent par la porte n 1.
Amédée - Votre frère est très galant, j’espère qu’il le fait gratuitement?
Tania - On peut dire qu’il a cœur sur la main, allez dire à frère, revenir tout de suite, beaucoup travail.
Amédée - Je me demande bien quel travail.( Il sort.)
Tania - Ce cochon de Sergueï, dès qu’il voit un jupon, il fonce, mais il va le regretter!
Sergueï (sort de la chambre un peu gêné.)- Vous m’avez appelé?
Tania - Tu ne perds rien pour attendre, mets la table en place.
Sergueï - J’étais seulement galant.
Tania - C’est travail valet, allez au boulot.
Ils posent une nappe noire apportée par Sergueï sur la table ronde, et mettent autour six chaises, de telle façon qu’une chaise soit face au public, c’est la place du médium. Il n’y a personne en face de lui.
Tania - Voilà, c’est parfait, assieds-toi là, tu es en transes, tu ne regardes personne, surtout pas les femmes, c’est clair?
Sergueï - Comme de l’eau de roche.
Tania - Flatteur et menteur, j’appelle les autres
Elle sonne, Amédée arrive en traînant les pieds.
Tania - Pouvez-vous? Vous pouvez dire à maîtresse de maison, que Médium et moi sommes prêts pour séance spiritisme.
Amédée - Spiritueux? Ca m’intéresse, je peux participer?
Tania - Non, vous pas bon sujet, rester dans cuisine.
Amédée (en sortant, en aparté )- Pas bon sujet, pas bon, je finirai les verres à l’office.
Tania - Et voilà piège ouvert, on va peut-être attraper fantôme.
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Il faut crever l'abcès
Un Désiré non désiré
Auteur : René NOMMER
Janvier 2014
Pièce en 2 actes*
Durée :~75 minutes
Trois hommes
Six femmes
Mail: rene.nommer@free.fr
Site web www.theatrarire.fr
Décor unique et contemporain
Costumes contemporains
Scénario:
Gilbert fou amoureux de sa fiancée espère faire d'une pierre deux coups, épouser la femme qu'il aime et régler ses dettes avec la dot de sa fiancée. Tout est prêt pour la cérémonie, quand patatras, arrive Magali une ancienne amie très proche qui lui annonce que leurs amours passés ont accouché d'un beau bébé et qui voudrait un papa. Elle menace de se présenter à la noce avec lui si Gilbert ne renonce pas au mariage.
Un malheur n'arrivant jamais seul, arrive un huissier chargé de recouvrir une dette et une injonction de la banque de Gilbert, suite aux découverts de son compte.
Désespéré, Gilbert compte sur l'aide de Fredo copain et témoin de mariage. Ce dernier se propose de régler le problème à sa manière et selon ses dires crever l'abcès.
Toute la famille d'Aurélie apporte bien entendu son grain de sel pour compliquer la situation. Une commissaire va aider Magali à trouver un papa pour Désiré.
Avec des personnages truculents, les scènes tragi-comiques se succèdent, les rebondissements et les bons mots enchanteront les spectateurs.
Personnages:
Gilbert Depontel, futur marié espère réaliser son rêve, épouser Aurélie et payer ses dettes grâce à la dot de cette dernière. Pas très courageux et fataliste. ( ~ 180 répliques )
Magali Clampin ancienne copine de Gilbert, veut lui faire endosser la paternité de son fils. Coléreuse, opiniâtre et vindicative, se défend bec et ongles. ( ~ 95 )
Aurélie, la fiancée très amoureuse, naïve et obstinée. ( ~ 55 )
Alfred Pignon dit Fredo, copain célibataire endurci, dragueur, moqueur, pince sans rire. ( ~ 160 )
Charles Guincheux, très aisé, un peu guindé futur beau-père de Gilbert. ( ~ 74 )
Mathilde, future belle-mère, expansive, émotive, fofolle. ( ~ 40 )
Calfon Odile Huissière de justice. Très professionnelle, se laisse conter fleurette par Fredo (~ 100 )
Clarisse, une sœur d'Aurélie. Sympathique, elle en pince pour Fredo, sans succès.
( ~ 70 )
Bellavita Julia, Commissaire aux affaires familiales, style cow-boy avec santiags, enquête pour trouver le papa de Désiré. ( ~ 50 )
Décors: Un séjour de célibataire avec porte d'entrée une porte latérale et une sortie sans porte pour Wc, un canapé. La décoration masculine avec des photos ou peintures de voitures. Il reste l'emplacement vide d'une peinture.
Acte 1
C'est le jour du mariage de Gilbert, il est 9 h du matin, il va s'habiller quand on sonne.
GILBERT - Une visite à huit heures, c'est pas cool. ( Il ouvre c'est Magali, une ancienne amie autrefois très proche, qu'il n'a pas vu depuis deux ans.) Ca alors, c'est toi?
Magali entre sans complexe.
MAGALI – Coucou! C'est moi, une surprise!
GILBERT - On peut le dire, après deux ans!
MAGALI - ( elle va se pendre à son cou. ) Tous les jours j'ai pensé à toi!
GILBERT ( enlève ses bras ) - Tu es sûre? Si je fais le décompte tu m'as envoyé trois cartes, une de New York, une de Hollywood et la troisième? Je ne sais plus, alors tu as conquis l'Amérique?
MAGALI - Tu sais les States c'est parfois déprimant! J'y ai laissé pas mal de plumes et d'illusions.
GILBERT - Tu t'es fait plumer donc tu t'es dis, si je passais voir mon ex pote Gilbert. Il y a un gros hic! Ce n'est pas le bon moment!
MAGALI - Comment! il n'y a pas de hic, je t'aime toujours. Et toi tu ne m'as pas oublié?
GILBERT- Eh ben! Vu la manière dont on s'est quitté, deux ans c'est long et comme on dit loin des yeux loin du cœur.
MAGALI ( regarde autour d'elle. ) - Notre séparation est basée sur un malentendu.
GILBERT – Si t'appelle un malentendu le fait de prendre une pile d'assiettes dans la tronche, j'ai encore une cicatrice là! ( Il montre son oreille. )
MAGALI – Tu m'avais mis en colère, j'ai bien changée depuis. Tu as changé la déco, tes belles peintures, je me souviens d'un nu, j'étais presque jalouse et là, c'est commun.
GILBERT – Le nu et les autres objets sont planqués pour échapper aux huissiers, j'ai des ennuis d'argent, je suis fauché quoi !
MAGALI – Tu l'as toujours été. Moi je me rappelle plein de bons souvenirs, quand on jouait à saute-mouton dans le plus simple appareil, on devrait réessayer ça nous remettrait dans l'ambiance.
Elle va se mettre à quatre pattes.
GILBERT - C'est bien le moment, jouer à saute-mouton, relève-toi, tu oublies qu'il y a un gros hic!
MAGALI - Quel hic? ( On sonne.)
GILBERT – Oh! De la visite, tu dois disparaître. ( Elle va pour se lever. ) Trop tard, tu ne bouges sous aucun prétexte on fera du saute-mouton plus tard.
MAGALI – Et quoi encore! Cà ne va pas non!
GILBERT – Silence, c'est important! Je t'expliquerais!
Il la recouvre d'un plaid et arrange les plis. Il ouvre c'est Charles son futur beau-père qui entre.
CHARLES - Salut Gilbert, comment va? Pas trop stressé? Moi à ta place je serais angoissé.
GILBERT – Pourtant vous avez l'expérience. J'ai un petit stress.
Il montre la hauteur des genoux.
CHARLES - Tant mieux, ( désigne le plaid ) C'est quoi ce machin?
GILBERT ( un brin gêné ) - Ce machin! C'est un pouf que j'ai acheté aux puces pour une bouchée de pain.
CHARLES - Un pouf? D'habitude c'est rond un pouf!
GILBERT - Euh! Bon, tu as raison, c'est exactement une vieille bergère un peu déglingué!
CHARLES - Une bergère sans dossier alors, je peux m’asseoir dessus, c'est confortable?
GILBERT ( il l'arrête ) - Surtout pas, je n'ai pas fini de la monter, elle est coriace, il manque encore plein de vis. Et elle est pleine de poussières c'est une antiquité.
CHARLES - Et tu passes tes nerfs la-dessus ce matin, pour maîtriser ton stress. Tu sais que je suis bricoleur, je vais te la mettre sur pied en un instant ta bergère, passe-moi un tournevis!
GILBERT - C'est moi qui suis stressé, pas toi! Ne t'inquiètes pas je vais me la faire cette bergère je vais me la dresser.
CHARLES - Tu parles de cet objet comme si c'était une personne.
GILBERT - Les vieux objets ont toujours une personnalité.
CHARLES - Je ne voudrais pas te vexer mais ton antiquité vétuste, tu l'as payé combien?
GILBERT - Cinq cents euros!
CHARLES - Tu t'es fait arnaquer ? Ce vieux truc archaïque et branlant cinq cents euros!
GILBERT - Tu n'as pas vu le nom inscrit sur sa croupe, c'est une, euh! Une Clampino, retapée, cette vieillerie vaudra deux mille euros au minimum, le vendeur me l'a assuré.
CHARLES - Je te crois sur parole, je m'en vais, n'oublie pas quinze heures pour être le plus heureux des hommes, à tout à l'heure. ( Il sort. )
GILBERT - Tu peux te relever maintenant la représentation est terminée.
Magali se relève comme une furie et saute sur Maurice en lui donnant des coups de poing.
MAGALI ( furieuse ) - C'est qui la vieillerie, hein! C'est qui l'antiquité, la bergère déglinguée poussiéreuse que tu veux te faire, tu peux toujours courir! Et comment tu m'as appelé, Clampino!
GILBERT ( qui a du mal à se dépêtrer ) - J'ai inventé çà en vitesse pour tromper Charles.
MAGALI - C'est qui ce vieux schnock?
GILBERT - Mon futur beau-père, et comme tu voulais connaître le hic, je t'annonce que me marie cette après-midi à quinze heures.
MAGALI ( sursaute ) – Hein! Impossible ! Tu vas remettre ce mariage!
GILBERT ( remonté ) – Tu rêves ou quoi! Remettre mon mariage, pas question! J'épouse ma charmante fiancée que j'aime et que j'adore!
MAGALI – Laisse-moi rire! Tu n'as pas une tête à te marier sauf si elle a du pognon, je te connais va! Et quand elle saura la vérité!
GILBERT – Quelle vérité? Tu ne me connais pas du tout! Et je crois que tu es cinglée!
MAGALI – Moi! Cinglée? Pas du tout. ( Elle sort une photo de son sac. ) Regarde ce chérubin, s'il est adorable !
GILBERT ( regarde à peine la photo ) - C'est bien le moment de me montrer des photos de gamin, j'ai autre chose à penser moi.
MAGALI – Tu devrais pourtant, ce gamin comme tu dis a une vraie tête de Depontel.
GILBERT – Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes, t'es complètement déglinguée toi !
MAGALI – Tu te rappelles nos parties de saute-mouton ?
GILBERT – Oui, et alors ?
MAGALI – Ce petit chérubin est..., le fruit de ces sauteries mémorables ! Et que j'aimerais bien recommencer! ( Elle veut à nouveau l'enlacer. )
GILBERT ( outré, se dégage )– Tu divagues ou quoi ! Tu veux me faire croire que ce bambin est de moi ? Et tu viens me le présenter deux ans après ? Trop facile.
MAGALI – C'est pourtant la vérité, tu es le papa d'un charmant gamin.
GILBERT – Je ne veux pas être le père d'un gamin fût'il charmant, tu ne me feras pas avaler cette couleuvre. ( On sonne. )
GILBERT – Encore une visite, allez, sous la couverture !
MAGALI – Ah non ! Une fois m'a suffit, je vais plutôt là, ou là. ( Elle indique les portes. )
GILBERT – Non, non ! Tout est occupé. Allez, à genoux, je renvoie vite fait ce visiteur.
Magali se remet de mauvaise grâce à quatre pattes et Gilbert la recouvre du plaid. Il va ouvrir c'est belle-maman.
MATHILDE ( se précipite sur Gilbert pour l'embrasser. ) - Bonjour mon cher Gilbert, j'ai récupéré ma robe et je me suis dit tiens ! Si je faisais un détour pour voir si mon gendre préféré n'avait besoin de rien. Je vais te la montrer.
Elle commence à déballer son paquet.
GILBERT – Non, non! Belle-maman, il faut me laisser la surprise, je suis sûr que vous serez la plus belle belle-maman de la noce.
MATHILDE – Flatteur! Comme tu veux. Tu as l'air préoccupé, c'est le stress ?
GILBERT – Dame, on ne se marie pas tous les jours.
MATHILDE – J'ai presque couru pour venir, je vais m’asseoir un petit peu.
Elle veut s'installer sur le pouf, Gilbert se précipite.
GILBERT – Pas là, pas là ! Ce pouf est très fragile, prenez plutôt cette chaise.
MATHILDE – D'habitude les poufs sont ronds, j'espère qu'il est plus beau que ce plaid qui est vraiment horrible.
GILBERT – En fait ce pouf est une bergère et comme je l'ai déjà dit à votre mari je dois la réparer avant de pouvoir l'utiliser.
MATHILDE – Je ne savais pas que vous aimiez les vieilleries, c'est touchant. C'est au moins un machin de cent ans, çà doit être puant, poussiéreux, je ne sais pas si Aurélie va aimer ce truc.
GILBERT – Oh ! Je pourrais toujours le revendre !
MATHILDE – Bon, il faut que j'y aille, je dois aider Aurélie pour l'habillage, ne soyez pas en retard mon cher gendre.
GILBERT ( la raccompagne à la porte . ) – Je serais pile à l'heure chère belle-maman.
Elle est sortie, Magali émerge de dessous le plaid furieuse.
MAGALI – J'en ai marre d'être traité de vieux machin puant. Tu aurais pu dire à ta chère belle-maman que tu annulais le mariage. Je ne sais pas ce qui m'a retenu pour sortir et lui dire la vérité.
GILBERT – Pour le coup tu aurais eu sa mort sur la conscience.
MAGALI – Comment çà?
GILBERT – Elle aurait eu une crise cardiaque, elle est faible du cœur et s'évanouit pour un rien.
MAGALI – C'est pas mes oignons. Tu as l'intention de leur dire quand que tu ne te mariais plus ?
GILBERT – Eh ben ! Je veux toujours me marier ! Tout était réglé comme du papier à musique et toi tu viens comme, comme un cheveu sur la soupe me parler d'un enfant que je ne connais ni des lèvres ni des dents.
MAGALI – Mon pauvre Gilbert, tu te dégrades, on dit ni d'Eve ni d'Adam, il est temps que je te reprenne en main.
GILBERT – C'est vrai, tu viens tout casser, je ne sais plus quoi faire moi !
MAGALI – Pour moi c'est tout simple. Si je n'ai pas de nouvelles à quinze heures je suis devant la mairie avec le petit. Au fait je ne t'ai pas dit son prénom, çà va te plaire, Désiré et en deuxième prénom, hein ! Devine? Gilbert, t'es content hein !
GILBERT ( effondré ) – Content? Ecœuré oui! Ton Désiré, n'est pas du tout désiré, une chose est sûre, il me met dans la merde !
MAGALI – Tu t'en remettras, tiens, mon numéro de portable, si je n'ai rien à midi, je saurais à quoi m'en tenir, bye, bye, chéri à tout à l'heure ! ( Elle sort. )
GILBERT ( s' assoit complètement abattu . ) – Quoi faire ? Qui a dit quand les merdes arrivent, elles volent en escadrille. J'ai du planquer mes meubles pour ne pas me faire saisir et maintenant la cata un fils qui m'arrive de je ne sais où ? Et j'ai oublié Elodie qui me réclame les cinq mille euros qu'elle m'a prêté quand on était ensemble. Si elle apprend que je me marie avec sa meilleure amie, j'espère que je serai en voyage de noces loin d'ici. Du courage Gilbert, du courage, il va falloir régler tous ces problèmes avant quinze heures, sinon adieu Aurélie et sa dot. ( On sonne. ) C'est encore qui ? Une autre merde !
Il ouvre, c'est Clarisse sa future belle-sœur, elle amène dans un paquet le costume de marié.
CLARISSE – Bonjour beauf, je te ramène ton costume, t'en as de la chance que je travaille dans la confection, servi à domicile, c'est-y pas beau çà ?
Elle lui fait la bise.
GILBERT – Merci Clarisse.
CLARISSE – Il a une petite mine mon beauf, on a les pétoches, hein ! Tu devrais être content, ma sœur n'est pas vilaine et tu hérites gratos d'une gentille belle-sœur qui vient t'habiller en plus, elle est pas belle la vie ?
GILBERT – Si, si, je suis ravi, complètement ravi !
CLARISSE –– Ca manque un peu de conviction, cher beau-frère. Allez hop on se déshabille et on essaie le costume.
Elle joint le geste à la parole et va pour lui enlever sa veste. Gilbert se défend mollement .
GILBERT – Ah mais ! Ah mais ! Je ne peux me déshabiller devant vous ! C'est inconvenant ! J'ai ma pudeur !
CLARISSE – En plus il me vouvoie ! Regarde-moi çà, il fait sa petite chochotte, je ne vais pas te manger et tu fais partie de la famille!
GILBERT – Oui? Je vais quand même me changer dans la salle de bain.
Il prend le costume et part à la salle de bains .
CLARISSE – Il est bizarre, ce n'est pas son habitude d'être prout prout, je l'impressionne peut-être.
Coup de sonnette. C'est Maître Calfon Odile huissier de justice. Elle ouvre.
CLARISSE – Bonjour, c'est pourquoi ?
CALFON – Bonjour, madame, Maître Calfon Odile, je viens voir monsieur Gilbert Depontel.
CLARISSE – Bonjour, c'est que monsieur Depontel n'est pas tout de suite joignable, je peux lui faire une commission. Il s'agit de quoi?
CALFON – C'est d'ordre privé, strictement privé, vous pouvez par contre lui remettre cette injonction.
CLARISSE – Injonction? Bien sûr!
CALFON – Je doute qu'il y prenne du plaisir, remettez-la lui donc sans attendre.
CLARISSE – Aujourd'hui monsieur Depontel se marie.
CALFON – Ah! Ce sera un sacré cadeau de noces!
CLARISSE ( qui a observé Me Calfon avec insistance ) – Je ne me trompe pas, tu es Odile Dupont?
CALFON – Pardon?
CLARISSE – Je te reconnais ma vieille, le lycée Condorcet, on était dans la même classe, tu me remets?
CALFON – Clarisse? C'est bien toi? Vouah! Tu as changée je te dis pas! On se fait la bise? ( Elles s'embrassent. )
CLARISSE – J'espère que c'est en mieux, tu as aussi changée, tu es mariée?
CALFON – Oui, depuis deux ans, mon mari est toujours en déplacement. Monsieur Depontel se marie avec toi?
CLARISSE – Pas du tout, c'est avec ma sœur Aurélie, elle a bien de la chance.
CALFON – C'est toi qui a de la chance, partir dans la vie avec des dettes ce n'est pas drôle.
CLARISSE – Qui a des dettes?
CALFON – Je ne devrais pas te le dire, secret professionnel, l'injonction que je t' ai remise, c'est cinq mille euros à payer dans les trois jours.
CLARISSE – Oh là! Gilbert doit cinq mille euros à qui?
CALFON – Je sais que c'est une femme, je ne peux en dire plus.
CLARISSE – Une femme? C'est ennuyeux, juste avant le mariage.
CALFON – Exceptionnellement, on se connaît hein! Je peux faire un effort et changer la date pour dans dix jours par exemple,donnes-moi le billet.
Elle lui rend l'injonction.
CALFON – Je reviendrai avec une nouvelle injonction.
CLARISSE – Je vais voir où en est Gilbert, il essaye son costume de marié.
CALFON – J'aurai donc l'occasion de le saluer, j'aime connaître mes clients.
CLARISSE – Si tu pouvais ne pas parler de l'injonction, pour ne pas plomber l'ambiance.
CALFON – Je ne dirai pas un mot à ce sujet, je plains quand même ta sœur.
CLARISSE – Elle est peut-être au courant. Ah! Voilà Gilbert.
Gilbert arrive revêtu de son costume, il n'est pas très joyeux.
CLARISSE – Regardez-moi s'il est beau, ce costume te va comme un gant!
GILBERT – J'ai l'impression d'être boudiné comme un saucisson.
CLARISSE – Pas du tout, tu es très bien. Gilbert, je te présente Odile, une amie à moi.
GILBERT – Bonjour, enchanté, madame, vous passiez dans le coin?
CALFON – Bonjour monsieur, c'est la maman de Clarisse qui m'a dit qu'elle était ici.
GILBERT – Ah! C'est la maman de...
CLARISSE – Oui, Odile est une copine de classe, on s'était perdu de vue.
GILBERT – Je comprends, je peux enlever le costume? Je ne vais pas le garder, je risque de le salir.
CLARISSE – Tu as raison, tu as le temps de le remettre tout à l'heure. (Il sort. )
CALFON – Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais ce futur marié à la tête de quelqu'un qu'on emmène à l'abattoir.
CLARISSE – Il est tristounet en effet, on va le dérider après la noce.
CALFON – Je dois partir, j'ai été heureuse de te revoir, on se téléphone, je te laisse ma carte. ( Elle la pose sur la table. ) Parle quand même à ta sœur de cette dette, à ta place je m'inquièterais, bye, bye!
CLARISSE – A bientôt, tu pourrais venir au vin d'honneur.
CALFON ( hilare ) – Tu crois, venir au vin d'honneur d'un gars que je vais saisir, çà va pas le faire. (Elle sort. )
Gilbert revient achevant de se boutonner, le téléphone sonne, Clarisse décroche.
CLARISSE – Allô! Vous voulez, parler à? Un instant! (Gilbert fait des grands signes de dénégations. ) Ah! Il n'est pas là! Je dois lui faire une commission, oui, je lui dis, Désiré, çà veut dire quoi? Il comprendra, c'est à quel nom? Désiré ah oui! Au revoir madame. ( Elle raccroche.) Tu as entendu? Je n'ai rien compris et toi?
GILBERT ( excédé ) – Moi non plus, c'est une folle qui m'a déjà appelé plusieurs fois en disant Désiré, Désiré, il y a de ces gens, je te jure.
CLARISSE – C'est des chiants, je voudrais quand même te parler d'un truc qui m'intrigue.
Gilbert s'est rapproché de la table et a pris la carte laissé par Odile et a vu le nom Odile CALFON huissier, il a pâli.
GILBERT – Tu disais?
CLARISSE – Oui, concernant cette visiteuse...
On a sonné, c'est Alfred dit Fredo, célibataire endurci, copain de Gilbert et témoin au mariage. Pince sans rire moqueur, un brin vulgaire, il a tapé dans l'œil de Clarisse.
CLARISSE – Je vais ouvrir. Ah Fredo! Quelle surprise!
FREDO ( enjoué ) – Tiens! Clarisse! De plus en plus belle. ( Ils se font la bise. ) Tu es là pour consoler Gilbert de la grosse bourde qu'il va faire? Ou l'empêcher de la faire?
CLARISSE – Ce n'est pas une bourde, ils s'aiment, tu n'oublies pas que tu es mon cavalier pour la noce?
FREDO – Ben non! Je serais avec la plus chouette des cavalières, je vais prendre mon pied. Eh! Gilbert, tu en fais une tête, c'est ton mariage pas ton enterrement! On dirait que tu vas passer l'arme à gauche!
GILBERT – Je me concentre pour la cérémonie, je n'ai pas l'habitude! Tu viens pourquoi?
FREDO – Pourquoi? En v'la une question, Je suis censé donner quoi? Hein!
CLARISSE – Les alliances, c'est la tradition.
FREDO – Ben oui! Je n'ai pas intérêt à les oublier, donc si tu ne me les donnes pas, il n'y aura pas d'alliances.
GILBERT – Elles sont encore chez le bijoutier et seront prêtes à onze heures.
FREDO – Ah! Je dois dire que tu t'y prends à temps, il a pas l'air pressé notre Gilou, hein Clarisse?
CLARISSE – L'important c'est qu'elle soient prêtes, il est presque onze heures, on peut aller les chercher ensemble? Moi je dois partir.
FREDO – Ensemble? Et tu vas me faire le coup de la panne! Les filles modernes sont prêtes à tout!
CLARISSE – Tant pis, j'aurais essayé, alors je vous laisse, n'oubliez pas, quinze heures! ( Elle sort. )
GILBERT – T'as le ticket avec Clarisse, elle a ses chances?
FREDO – J'en ferai bien mon ordinaire, elle est chouette, avec elle il faut passer par la case mariage, c'est pas mon truc, alors Clarisse pas touche.
GILBERT ( s'assoit accablé ) – Si seulement je t'avais écouté, me voila dans la merde, elles pleuvent de partout, je ne sais plus quoi faire.
FREDO (rigolard )– Je t'avais prévenu. Tu peux encore dire non jusqu'a quinze heures, après, ce sera plus difficile!
GILBERT – Ah! Si seulement je pouvais disparaître là en fumée pfuiit! Je le ferais sans hésiter.
FREDO – Comme le génie d'Aladin, reviens sur terre! Qu'est-ce qui t'arrive?
GILBERT – Tout, tu te rappelles Magali? Elle s'est pointée, il parait que je lui ai fait un gosse, Désiré, si je n'annule pas mon mariage, elle va se pointer à la mairie avec le môme!
FREDO – Ah! Magali! Pas mal du tout, un sacré caractère, accrocheuse comme une sangsue, mais pas mal! Alors, tu l'as foutu en cloques?
GILBERT – Pas du tout! Si c'est arrivé c'est à l'insu de son plein gré.
FREDO – Tu veux dire à l'insu de ton plein gré?
GILBERT – Oh! Mon ou son c'est pareil! Tu n'as pas couché avec par hasard?
FREDO – Pas du tout, ah! Je te vois venir avec tes gros sabots, je n'endosse pas la paternité des gosses que j'ai fait alors ceux que je n'ai pas fait!
GILBERT – Tu pourrais faire un effort, non! Je plaisante. Il y a autre chose tu te rappelles Elodie? Elle m'avait prêté cinq mille euros et me les réclame aujourd'hui, comme si elle n'avait pas pu attendre quelques jours l'ingrate!
FREDO – L'ingrate?
GILBERT – Ben oui, je l'ai quand même logé pendant trois mois. ( Son portable sonne.) Allô, c'est qui? Elodie? ( A Fredo ) Quand on parle du loup. Comment? Tu veux venir me voir? Ce n'est pas possible, je ne suis pas là, Où je suis? ( A Fredo ) Elle me demande où je suis?
FREDO – Quel ballot! Dis-lui que t'es en vacances!
GILBERT – Je suis en vacances? Où çà? ( A Fredo ) Elle me demande où?
FREDO – N'importe où, à Saint-Raphaël tiens!
GILBERT –Je suis à Saint-Raphaël, tu ne me crois pas? ( A Fredo ) Elle ne me croit pas!
FREDO – Je vais lui faire la mouette. ( Il se rapproche du téléphone. ) Ouin, ouin, ouin!
GILBERT – Tu entends les mouettes, je suis au bord de la mer, on se revoit un de ces jours, Quoi tes cinq mille..., je ne t'entends plus, il y a un bateau qui passe.
Il fait des signes à Fredo.
FREDO – Bouuuuuuh, bouuuuuh, ( Gilbert a raccroché. ) Pour la sirène tu repasseras!
GILBERT – Merci pour le bruitage. Tu crois qu'elle a gobé que j'étais en vacances?
FREDO – Moi, avec mes mouettes j'ai fait le maximum ouin,ouin! Peut-être bien qu' elle va se pointer au mariage.
GILBERT – Ce serait un désastre! Ces nanas ne me lâcheront jamais.
FREDO – Des vraies sangsues et encore tu n'as rien vu, attends d'être marié!
GILBERT – Avec Aurélie ce sera différent!
FREDO –Tu peux toujours rêver. Tu as fait le tour de tes emmerdes?
GILBERT – Non! Un huissier doit venir saisir mes meubles. Tu sais le mariage, les alliances, les habits, le voyage de noces coûtent chers et je suis à découvert à la banque!
FREDO – T'as le chic pour cumuler les emmerdouilles et tu vas faire quoi maintenant?
GILBERT – Je compte un peu sur toi pour me sortir de la mouise.
FREDO – Pour le pognon, je suis fauché comme toi, donc tu dois annuler ton mariage, sinon çà va pas le faire.
GILBERT – Comment, comment faire?
FREDO ( se met derrière Gilbert et le prend aux épaules. ) – C'est simple! Je récapitule, tu dois plein d'oseille, tu vas te faire saisir, tu as un gosse planqué quelque part. Je vais te dire, aucune nana même sainte ne voudrait d'un homme avec autant de casseroles. Alors tu annules tout, Aurélie te dressera un cierge en remerciements.
GILBERT – Un cierge?
FREDO – Ma parole , t'as les esgourdes ensablées, tu piges que dalle, elle va te fuir comme un pestiféré, elle ne voudra plus de toi!
GILBERT – On voit que tu ne la connais pas, elle est plus accrocheuse qu'un bulldog.
FREDO – Je vais mouiller ma chemise pour toi. Tu l'appelles, elle vient, je lui crache le morceau, je vais crever l'abcès, comme çà elle pourra rompre et ne perdra pas la face.
GILBERT – Tu veux crever l'abcès, et moi, je la perds pas la face?
FREDO – Toi tu as déjà tout perdu. Allez, appelle Aurélie, que j'te sauve la mise.
GILBERT ( a contrecœur ) – Je ne sais pas si c'est une bonne idée et je vais lui dire quoi?
Il fait le numéro d'Aurélie.
FREDO – Dis-lui que tu veux lui montrer euh! Les alliances tiens!
GILBERT – Je ne les ai pas!
FREDO – Oh! Aucune importance, magne-toi!
GILBERT – Allô, allô, c'est toi ma chérie, tu as le temps pour passer chez moi, cinq minutes pour regarder les alliances, je ne suis pas sûr qu'elles te plaisent, tu viens? A tout de suite mon amour. ( Il raccroche. ) Je me demande comment tu vas t'y prendre. Si tu la fais pleurer tu auras affaire à moi!
FREDO – On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Moi je crois qu'elle va péter de joie quand elle saura à quoi elle a échappé. Bon, maintenant, dégage vite fait que je prépare mon plan.
GILBERT – Tout de suite, je vais décommander les alliances, elles sont inutiles.
FREDO – C'est çà occupe-toi. ( Gilbert sort. ) Dans quoi je me suis lancé, dépatouiller les emmerdes des amis, il faut être fou, en attendant un petit verre pour me remonter le moral, ( Il va se chercher un petit verre dans le bar et s'installe sur le canapé. ) Ce whisky va peut-être me donner une idée. ( Le téléphone sonne. )Encore une merde sans doute. ( Il décroche. ) Allô, c'est qui? Maître Calfon huissier, vous voulez parler à monsieur Depontel, ne quittez pas. ( Il met la main sur l'écouteur. ) Tiens, tiens! Un huissier ou une huissière, je vais me faire passer pour Gilbert. Allô, Depontel à l'appareil c'est à quel sujet? Une saisie? Chez moi? Impossible aujourd'hui, revenez demain ou plutôt après-demain, je me marie tout à l'heure, comment, vous le saviez et çà vous est égal, pas à moi un peu de pitié, s'il vous plait, vous transigez pour demain? Merci beaucoup, à demain. ( Il raccroche. ) C'est un vautour femelle! Elle m'a fait transpirer cette huissière. ( On sonne. ) C'est déjà Aurélie, elle a des ailes ma parole.
Il va ouvrir, c'est Magali, ils se connaissent très bien.
FREDO ( stupéfait. ) – Magali?
MAGALI ( surprise )– Fredo?
FREDO – Si je m'attendais à te voir. ( Il la laisse entrer. ) Au fait j'attends quelqu'un d'autre.
MAGALI – Bonjour quand même après tout ce temps. ( Ils se font la bise.)
FREDO – Tu as embelli ma parole!
MAGALI – Parce que j'étais moche avant?
FREDO – Toujours aussi soupe au lait, si çà n'a pas marché entre nous, c'est à cause de ton caractère de pitbull .
MAGALI – Parle pour toi, tu fais quoi ici? Gilbert n'est pas là?
FREDO – Gilbert? Pfuit! Parti, enfui, disparu, il a décidé de mettre des kilomètres entre lui et ses emmerdes.
MAGALI – Il ne se marie plus?
FREDO – Non, une andouille mal avisée lui a proféré des menaces qui l'on contraint à partir.
MAGALI – Et cette andouille c'est moi?
FREDO – Tout juste, comment tu as deviné?
MAGALI – Ce monsieur veut fuir ses obligations de père.
FREDO – Encore faut-il le prouver, qu'il est le père, tu l'as choisi au hasard, il n'était pas le seul!
MAGALI ( se précipite sur lui et le frappe avec ses poings. ) – Salaud, prends-moi pour une traînée, à l'époque je ne voyais que lui!
FREDO – Et avant lui?
MAGALI – C'était toi!
FREDO –Oh! Laisse-moi en dehors de tout çà, dis-moi ce que tu es venue faire?
MAGALI – Je suis venue lui rappeler ses obligations de père, parce que cet après-midi si le mariage se fait il y aura deux mariées. Ca fera désordre hein!
FREDO – Je t'en crois bien capable. Tu as gagné une manche, il n'y aura pas de mariage. ( On sonne. ) Voilà, la visite arrive, elle ne doit pas te voir, il faut te cacher. ( Il va pour ouvrir une porte mais elle est fermée. ) Zut! La lourde est fermée.
MAGALI – Ne me fais pas le coup du pouf ou de la bergère!
FREDO – C'est quoi?
MAGALI – Me faire m'accroupir, me mettre le plaid sur le dos et me faire passer pour une bergère.
FREDO – Quel plaid?
MAGALI – Peut-être dans l'armoire. ( Fredo se précipite et sort le plaid. )
FREDO – Excellente idée, on n'a pas trop le temps, allez, à quatre pattes ( On sonne. ) Vite, qu'est-ce que tu attends? ( Magali s'exécute en maugréant. Et Fredo va ouvrir.) Bonjour, Aurélie, çà fait un bail qu'on ne s'est vu, pas trop stressé?
Ils se font la bise.
AURELIE – Bonjour Alfred, je suis plus que stressé, où est Gilou?
FREDO – Je crois qu'il est parti faire un tour, pour se détendre.
AURELIE – Pauvre choux, il doit être dans un état, il devait me montrer les alliances.
FREDO – Prends place en attendant.
AURELIE – Merci. ( Elle voit la bergère. ) Oh! C'est quoi ce siège, je ne l'ai jamais vu, c'est moche! Je ne voudrais pas çà chez moi! Je vais quand même l'essayer.
Elle va pour s'asseoir dessus.
FREDO –Ah Non! Surtout pas! Cette bergère est complètement pétée!
AURELIE – Tu as raison, je demanderai à Gilbert de s'en débarrasser vite fait, ce vieux machin doit puer en plus! ( On entend un grognement indistinct. ) Tu disais quelque chose?
FREDO – Non, c'est mon estomac, je n'ai rien mangé ce matin, tiens prends cette chaise, je dois te dire quelque chose.
AURELIE – Quel ton solennel!
FREDO ( en aparté ) je suis pas dans la merde moi. ( tout haut en regardant en l'air. ) – Tu sais que Gilbert t'aime très fort, tellement fort qu'il a des scrupules pour t'épouser!
AURELIE ( s'est levée, outrée. ) – Hein! Qu'est-ce que tu dis?
Fredo la force à s'asseoir.
FREDO -Assieds-toi. Il ne veut, il ne peut plus t'épouser, il est sur la paille, fauché, nettoyé, plus un radis, criblé de dettes et il va se faire saisir ses meubles et même son appart, tu comprends?
AURELIE ( s'est redressée en furie. ) – Je ne comprends rien du tout, le mariage est à quinze heures, le repas sera pour les chiens? Et le voyage de noces aux Seychelles et ma mère, elle va mourir quand elle apprendra çà, alors, ce n'est pas quelques ennuis d'argent qui vont me faire renoncer à lui, je l'aime moi et c'est pour la vie.
FREDO ( en aparté . ) J'y crois pas c'est mère Térésa. ( Tout haut. ) – Ton Gilou est fauché, sans un rond, fini!
AURELIE – Ca change rien pour moi, tout ce micmac m'a donnée une envie, je vais pisser, tu entends? ( Elle sort. )
FREDO ( impressionné. ) – Oui, madame.
Magali en profite pour sortir, agressive, se précipite sur Fredo.
MAGALI – Alors, je suis un vieux machin pété et qui pue, je me demande pourquoi je me laisse faire et on étouffe la-dessous. Ta combine n'a pas marché, aucun résultat et tu n'as pas parlé de moi!
FREDO – J'ai gardé le meilleur pour la fin, si j'ose dire! File d'ici en vitesse, je ne veux pas que tu assistes à la mise à mort!
MAGALI – Justement, j'aimerais y assister.
FREDO – Tu risque de tout gâcher et tu ne vas pas refaire la bergère, je te tiens au courant, rappelle-moi ici dans dix minutes.
MAGALI – Bon, je file.
Elle sort, Fredo range le plaid dans un placard, Aurélie revient.
AURELIE – Ouf, çà va mieux, j'ai failli croire à tes bêtises, j'espère que tu n'étais pas sérieux? Tiens, le pouf a disparu?
FREDO – Je l'ai rangé dans le placard, il était trop moche. Pour le reste, j'étais très sérieux et tu dois savoir la suite, l'histoire du polichinelle.
AURELIE ( se bouche les oreilles. ) – Je ne veux plus rien entendre, je ne croirais que Gilbert!
FREDO – C'est lui qui m'a chargé de...( On sonne ) Je vais ouvrir. Oui, c'est pourquoi?
CALFON ( off )- Odile Calfon Huissier de justice.
FREDO – Monsieur Depontel n'est pas là.
CALFON – Je l'attendrai. Pardon!
Elle force l'entrée et passe devant Fredo et derrière elle il y a la maman d'Aurélie, Mathilde qui entre aussi.
FREDO - Faut surtout pas vous gêner . ( En aparté ) - Je sens qu'il va y avoir du grabuge, sauve qui peut.
ACTE 2
MATHILDE ( joyeuse ) – Bonjour, me revoilà! Aurélie je veux voir les bagues. Ah! Monsieur Alfred le témoin, on se bise? ( Ils s'embrassent. ) Cette dame est entrée avant moi, bonjour madame.
CALFON – Bonjour, je dois rencontrer monsieur Depontel, c'est urgent, je lui ai téléphoné tout à l'heure et je dois dire que sa réponse m'a intriguée, je vais donc l'attendre! Si vous permettez.
Elle s'installe sur une chaise et prend une revue qu'elle feuillète, sans perdre une miette de la conversation.
FREDO – Vous risquez d'attendre perpète, madame Odile. Il ne reviendra pas avant une heure.
CALFON – Mon nom est Maître Calfon, cela fait partie de mon travail, attendre les gens.
MATHILDE – Et les bagues, où sont les bagues?
AURELIE – Elles sont encore chez le bijoutier maman, Gilou doit les ramener.
FREDO ( mélodramatique ) – Maître Odile....Calfon et pas Caleçon, ce serait drôle,
( regard horrifié de Calfon. ) si vous pouviez vous repointer dans disons, une heure, nous avons à débattre de choses dramatiquement graves, c'est du lourd et qui ne concernent que la famille. (en aparté ) Je tchatche de mieux en mieux.
CALFON – Je vous prierai de cesser vos blagues douteuses! Je ne bouge pas et pour votre gouverne je suis assermentée et soumise au secret total, rien ne sortira d'ici par mon fait.
FREDO – A la bonne heure, comme il vous plaira.
MATHILDE – Alfred, ton ton m'alarme, tu m'inquiètes sérieusement.
FREDO – Tonton n'y peut rien. Aurélie, mets ta mère au courant des dernières nouvelles.
AURELIE – Est-ce bien nécessaire? Tout peut encore s'arranger!
FREDO – Je ne crois pas!
AURELIE ( un regard inquiet à Calfon ) – Maman, il paraît que Gilbert à quelques dettes et Fredo pense que je ne dois pas l'épouser pour cette raison.
MATHILDE ( énervée ) – Quoi? Annuler le mariage, c'est tout à fait impossible, impossible, quelle désastre et quelle honte, je vais dire quoi à la famille et aux amis. Il s'agit de combien?
FREDO – Combien quoi?
MATHILDE – Combien de dettes, quelle somme?
FREDO – Un tas de pèze! Cinq mille euros!
MATHILDE – Cinq mille! C'est une somme, mais il n'y a pas mort d'homme, ce n'est pas une raison d'annuler.
FREDO – Ce n'est pas tout, il va aussi se faire saisir ses meubles peut-être par, l'huissière que voici ( Il désigne Calfon. ) je suppose, et même son appartement.
MATHILDE ( s'étouffe à moitié . ) – Vous madame, vous allez saisir ses meubles, son appartement, c'est horrible, comment osez-vous?
CALFON – Je ne fais que mon travail madame!
MATHILDE – Et Gilbert, il ne nous a rien dit, comment peut-on mentir ainsi, à sa future femme et à sa belle-mère, je sens que je vais défaillir, il me faut de l'air!
Elle s'écroule sur une chaise, Aurélie s'est précipitée et évente sa mère. Fredo l'aide en se servant de la nappe de la table
AURELIE – Calme-toi maman, on va trouver une solution, n'est-ce pas Fredo?
FREDO – Je n'en vois qu'une, reporter le mariage.
MATHILDE ( affolée ) – Oh mon Dieu, je meurs, je crois que je meurs!
Fredo continue à éventer Mathilde, Aurélie pleure.
CALFON – Si je peux me permettre, une petite rectification, en ce qui concerne la saisie, pour le moment il ne s'agit que des meubles, pas de l'appartement.
FREDO – Ouf! Vous êtes la consolatrice des affligés! Vous savez comment çà vous?
CALFON – Je suis l'huissier chargé du recouvrement.
MATHILDE – Oh mon Dieu! Quel drame! Je ne m'en relèverais pas.
AURELIE – Maman c'est quand même moi qui doit me marier pas toi!
FREDO – C'est vrai et elle a une sacré veine de cocue, Aurélie, parce que se marier avec un imbécile sans un rond ce n'est pas drôle!
AURELIE – Comment oses-tu traiter ton ami? Imbécile, il n'est pas imbécile il est..., ( Tout à coup, Aurélie s'effondre et se remet à pleurer à chaudes larmes. ) Mon bonheur perdu, ma vie foutu, Gilou pourquoi m'as-tu fais cela?
FREDO ( en aparté ) – C'est le mur des lamentations ici. Je dois enfoncer le clou.
( Tout haut. ) J'ai dit qu'il fallait reporter le mariage, pas l'annuler, à moins que le prochain scoop ne vous apporte le coup de grâce.
AURELIE – Quel scoop! Ce n'est pas tout?
MATHILDE ( complètement écroulée. )– Ce n'est pas tout? Oh mon Dieu!
FREDO – Calmez-vous d'abord!
MATHILDE – Aurélie, buvons le calice jusqu'a la lie.
FREDO – C'est l'hallali de Gilou!
AURELIE – Je m'attends au pire!
FREDO – C'est encore pire, cet imbécile de Gilou, en plus de ses dettes m'a dit, tenez-vous bien, cette andouille m'a dit qu'il a fait un gniafron à une nana et qu'elle lui demande de le reconnaître.
MATHILDE ( défaille )– Le goujat, ah! Je meurs!
AURELIE– ( hurle ) -Le salaud, me faire çà à moi, il ne m'a rien dit! Rien du tout!
CALFON – Quel enfoiré!
FREDO ( s'adresse à Calfon. ) – Oh! Vous êtes censée ne rien entendre! Alors poët poët! ( Calfon vexée se replonge dans son livre. ) Mesdames, je voudrais adoucir votre rancœur envers Gilbert et vous dire que lui-même ne l'a appris que ce matin, qu'il était géniteur d'un charmant marmouset prénommé Désiré je crois. (en aparté. ) Qu'est-ce que je cause bien.
AURELIE – Désiré, c'est un comble, peut-être qu'il n'est pas de lui.
FREDO – La fille avait l'air persuadée, ils fricotaient ensemble il y a plus de deux ans.
AURELIE – Et pourquoi vient-elle seulement aujourd'hui avec son gamin.
FREDO – That is the question.
AURELIE – J'aimerais bien la rencontrer et lui dire le mal qu'elle me fait.
FREDO – Cela ne changerait rien à l'affaire!
MATHILDE – Tout cela est inutile, je ne me sens pas bien rentrons, je vais tout raconter à Charles, il saura trouver une solution. Il est inutile que nous restions ici.
AURELIE – Tu as raison, partons!
Elles vont pour sortir.
FREDO – Vous n'oubliez rien? J'ai quand même droit à un petit merci, sans moi, c'était la grosse cata.
AURELIE – Avec toi c'est aussi la grosse cata, je ne sais si je dois te remercier. Adieu! ( Elles sortent. )
FREDO – Pour le merci c'est dans le kiki, je ne sais si je dois me décerner des palmes ou des blâmes, mais il fallait le faire.
CALFON – Les deux mon général, vous êtes un sacré bonimenteur effronté quand même. J'ai une question monsieur, au téléphone tout à l'heure c'était qui?
FREDO – Tout à l'heure? Voyons voir, si ce n'était pas Depontel alors c'était bibi, entre potes il faut se rendre service.
CALFON – Et en plus le cœur sur la main. Vous avez un métier monsieur?
FREDO – Pignon, madame pour vous servir. Je suis prof de français.
CALFON- Alors là, vous me la coupez! Je plains vos élèves!
FREDO – Vous n'avez nulle raison madame. Mon langage peu châtié me permet de décompresser, toutefois je peux tenir un langage très châtié madame.
CALFON- Et vous avez dit la vérité tout à l'heure?
FREDO – Tout à fait vrai et vous n'avez rien entendu. ( en aparté ) Sans ses lunettes, elle doit être canon.
CALFON- Vous disiez?
FREDO – Je pensais tout haut et je me disais que pour une huissière, vous avez des sentiments humains.
CALFON- Nous sommes comme tout le monde.
FREDO – Je vous imaginais comme une machine broyant ceux qui ne peuvent payer leurs dettes.
CALFON – On peut se tromper parfois.
FREDO ( en aparté ) attaquons! ( tout haut ) – Vous avez déjà été au café Flore?
CALFON ( surprise ) – Quelle question! Non pourquoi?
FREDO – Il y a une déco formidable et on y boit un cappuccino renversant.
CALFON ( en aparté ) – Ma parole, il me drague! ( Tout haut ) C'est loin d'ici?
FREDO ( en aparté ) çà y est elle mord. ( tout haut ) – Non, c'est à trois cent mètres.
CALFON – J'adore le cappuccino!
FREDO – Aujourd'hui, j'ai un programme surchargé, par contre demain!
CALFON – Je ne sais pas si j'ai envie de boire un cappuccino avec vous.
FREDO – C'est pour faire connaissance, histoire de mieux se connaître!Vous serez libre de partir à tout moment.
CALFON – Je l'espère bien. Comme j'aime le cappuccino j'y serai vers midi.
FREDO – Cool, j'y serais aussi. ( En aparté. ) J'emballe, j'emballe!
CALFON – Pour en revenir à votre copain, c'est le roi de la guigne, il n'en rate pas une.
La porte s'ouvre Gilbert revient.
GILBERT – Je les ai vu partir, alors c'est arrangé? Oh pardon! Madame vous étiez là, si j'avais su....,
FREDO – J'aurais pas venu, hein! Trop tard, l'abcès est crevé, tu as une veine, elles n'ont pas l'intention de te tuer. Sur ce, je me tire, j' ai tout à coup à faire.
GILBERT – Eh! Dis-moi leur réaction, Aurélie...
FREDO – Plus le temps, demande donc à madame Odile l' huissière, elle n'a pas écouté, mais elle a tout entendu, sous le sceau du secret bien entendu. ( Il fait une révérence. ) Maître! Tchao! ( Il sort. )
GILBERT – Lâcheur, que vais-je faire maintenant?
CALFON – Je dois vous remettre ce document de saisie de vos meubles suite à la plainte de votre banque pour insolvabilité notoire.
GILBERT ( désabusé ) – Prenez tout ce que vous voulez, plus rien n'a d'importance, ma vie est fichue!
CALFON ( inspecte la pièce et les murs. ) – A part le canapé, il n'y a plus beaucoup à prendre, il reste des traces de tableaux et meubles planqués sans doute. Par contre vous baissez bien vite les bras, réagissez que diable, tout espoir n'est pas perdu.
GILBERT – C'est vous qui me dites cela, vous qui venez me saisir les meubles, je rêve!
CALFON – Au lieu de rêver, agissez, ne vous laissez pas faire, pour commencer demandez-moi un délai pour la saisie.
GILBERT – Ah quoi bon! Aujourd'hui ou demain, quelle importance!
CALFON – Décidément, il faut faire quoi pour vous remuer? Allez, je vous ai à la bonne, je remets la saisie à disons, un mois, vous aurez le temps de vous retourner, les cinq mille euros aussi, il ne reste plus qu'à régler le cas du bambin, vous êtes sûr que c'est votre fils?
GILBERT – C'est mon ex qui me l'a dit.
CALFON – Il faut voir avec les dates et faire un test génétique.
GILBERT – J'ai une question, pourquoi vous faites tout çà pour moi?
CALFN – Votre future belle-sœur Clarisse est une copine de classe ce qui fait que votre cas m'intéresse.
GILBERT – Je ne savais pas les huissières philanthropes.
CALFON – Vous ne savez pas tout, il faut faire venir votre ex et la cuisiner.
GILBERT – La cuisiner? Qui va le faire? Pas moi.
CALFON – Je vous assisterai, je serai en quelque sorte votre avocate. Il y a une condition, si c'est vraiment votre fils, il faudra assumer.
GILBERT – D'accord, je l'appelle.
Il fait le numéro de Magali.
CALFON – Soyez aimable il faut l'amadouer.
GILBERT – Hein! D'accord. Allô, c'est toi Magui, tu m'entends, oui, tu peux venir chez moi, tout de suite, c'est important. Elle arrive. ( Il raccroche. )
CALFON – On va y arriver, connaître la vérité.
GILBERT – De toute façon c'est trop tard. ( On sonne. )
GILBERT – Ma parole, elle vole.
Il ouvre, c'est Charles le père d'Aurélie, il n'est pas content et le montre.
CHARLES ( remonté ) – Je ne salue pas celui qui a fait le malheur de ma fille, je ne sais ce qui me retient pour..., ( Il voit Calfon. ) Excusez-moi madame, vous n'êtes pas concernée, je viens ici pour avoir une explication cohérente avec ce monsieur qui déshonore notre famille.
CALFON – Bonjour monsieur, je suis Maître Calfon Odile, huissier, je suis en affaire avec monsieur Depontel.
CHARLES – Inutile de me dire quelles affaires, il parait que ce menteur doit de l'argent à droite et à gauche et vous venez sans doute le saisir.
CALFON – Je venais lui notifier une saisie de meubles pour dans un mois si sa situation ne s'est pas améliorée d'ici là.
CHARLES ( coléreux ) – Tout est donc vrai, défendez-vous monsieur, si vous avez un peu de courage, si vous êtes un homme.
GILBERT ( plaintif ) – Monsieur, je suis victime d'un chantage et je ne peux me défendre, je regrette le mal que j'ai occasionné involontairement à votre fille.
CHARLES – Trop facile et trop tard, il fallait y penser avant, il va falloir payer maintenant.
CALFON – Si je peux me permettre, monsieur Depontel est insolvable.
CHARLES – Je ne parlais pas d'argent, mais de... ( On sonne. )
GILBERT – C'est Magali mon ex, soi-disant la mère de mon fils.
CALFON – Vous allez assister à un interrogatoire, alors sans vous commander installez-vous et écoutez.
Charles à un grognement et va s'installer sur une chaise.
GILBERT – J'ouvre.
Magali entre et vient se pendre au cou de Gilbert.
MAGALI - Alors, tu as changé d'avis? Le mariage est annulé?
GILBERT – Tout n'est pas clair, je te présente Maître Calfon mon avocate.
MAGALI – Tu as pris un avocat, pourquoi faire? C'est inutile et très cher.
GILBERT – Tout doit être fait dans les règles, Maître c'est à vous.
CALFON ( ton solennel. ) – Nous allons voir les bases juridiques de votre affirmation concernant monsieur Depontel, relatif à sa paternité supposé de votre enfant, Désiré je crois.
MAGALI ( énervée ) – C'est quoi ce charabia, Gilbert est le père un point c'est tout!
CALFON – Peut-être, néanmoins seuls des preuves irréfutables apporteront toute la lumière sur ce cas.
MAGALI – Gilbert, elle m'embrouille avec son discours ton avocate, dis-lui que Désiré est ton fils et qu'on en finisse.
GILBERT – La question n'est pas aussi simple, tu devrais répondre à ses questions.
CALFON – Madame Magali comment pouvez-vous affirmer que monsieur Depontel ici présent est le père de votre fils?
MAGALI – Et bien, on était ensemble quand on l'a conçu, on jouait à saute-mouton.
ET et, et,
Voilà, si vous voulez lire le reste de ma pièce, envoyez-moi un mail à mon adresse et je me ferai un plaisir de vous envoyer le texte complet.
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Il faut crever l'abcès
Un Désiré non désiré
Auteur : René NOMMER
Janvier 2014
Pièce en 2 actes*
Durée :~75 minutes
Trois hommes
Six femmes
Mail: rene.nommer@free.fr
Site web www.theatrarire.fr
Décor unique et contemporain
Costumes contemporains
Scénario:
Gilbert fou amoureux de sa fiancée espère faire d'une pierre deux coups, épouser la femme qu'il aime et régler ses dettes avec la dot de sa fiancée. Tout est prêt pour la cérémonie, quand patatras, arrive Magali une ancienne amie très proche qui lui annonce que leurs amours passés ont accouché d'un beau bébé et qui voudrait un papa. Elle menace de se présenter à la noce avec lui si Gilbert ne renonce pas au mariage.
Un malheur n'arrivant jamais seul, arrive un huissier chargé de recouvrir une dette et une injonction de la banque de Gilbert, suite aux découverts de son compte.
Désespéré, Gilbert compte sur l'aide de Fredo copain et témoin de mariage. Ce dernier se propose de régler le problème à sa manière et selon ses dires crever l'abcès.
Toute la famille d'Aurélie apporte bien entendu son grain de sel pour compliquer la situation. Une commissaire va aider Magali à trouver un papa pour Désiré.
Avec des personnages truculents, les scènes tragi-comiques se succèdent, les rebondissements et les bons mots enchanteront les spectateurs.
Personnages:
Gilbert Depontel, futur marié espère réaliser son rêve, épouser Aurélie et payer ses dettes grâce à la dot de cette dernière. Pas très courageux et fataliste. ( ~ 180 répliques )
Magali Clampin ancienne copine de Gilbert, veut lui faire endosser la paternité de son fils. Coléreuse, opiniâtre et vindicative, se défend bec et ongles. ( ~ 95 )
Aurélie, la fiancée très amoureuse, naïve et obstinée. ( ~ 55 )
Alfred Pignon dit Fredo, copain célibataire endurci, dragueur, moqueur, pince sans rire. ( ~ 160 )
Charles Guincheux, très aisé, un peu guindé futur beau-père de Gilbert. ( ~ 74 )
Mathilde, future belle-mère, expansive, émotive, fofolle. ( ~ 40 )
Calfon Odile Huissière de justice. Très professionnelle, se laisse conter fleurette par Fredo (~ 100 )
Clarisse, une sœur d'Aurélie. Sympathique, elle en pince pour Fredo, sans succès.
( ~ 70 )
Bellavita Julia, Commissaire aux affaires familiales, style cow-boy avec santiags, enquête pour trouver le papa de Désiré. ( ~ 50 )
Décors: Un séjour de célibataire avec porte d'entrée une porte latérale et une sortie sans porte pour Wc, un canapé. La décoration masculine avec des photos ou peintures de voitures. Il reste l'emplacement vide d'une peinture.
Acte 1
C'est le jour du mariage de Gilbert, il est 9 h du matin, il va s'habiller quand on sonne.
GILBERT - Une visite à huit heures, c'est pas cool. ( Il ouvre c'est Magali, une ancienne amie autrefois très proche, qu'il n'a pas vu depuis deux ans.) Ca alors, c'est toi?
Magali entre sans complexe.
MAGALI – Coucou! C'est moi, une surprise!
GILBERT - On peut le dire, après deux ans!
MAGALI - ( elle va se pendre à son cou. ) Tous les jours j'ai pensé à toi!
GILBERT ( enlève ses bras ) - Tu es sûre? Si je fais le décompte tu m'as envoyé trois cartes, une de New York, une de Hollywood et la troisième? Je ne sais plus, alors tu as conquis l'Amérique?
MAGALI - Tu sais les States c'est parfois déprimant! J'y ai laissé pas mal de plumes et d'illusions.
GILBERT - Tu t'es fait plumer donc tu t'es dis, si je passais voir mon ex pote Gilbert. Il y a un gros hic! Ce n'est pas le bon moment!
MAGALI - Comment! il n'y a pas de hic, je t'aime toujours. Et toi tu ne m'as pas oublié?
GILBERT- Eh ben! Vu la manière dont on s'est quitté, deux ans c'est long et comme on dit loin des yeux loin du cœur.
MAGALI ( regarde autour d'elle. ) - Notre séparation est basée sur un malentendu.
GILBERT – Si t'appelle un malentendu le fait de prendre une pile d'assiettes dans la tronche, j'ai encore une cicatrice là! ( Il montre son oreille. )
MAGALI – Tu m'avais mis en colère, j'ai bien changée depuis. Tu as changé la déco, tes belles peintures, je me souviens d'un nu, j'étais presque jalouse et là, c'est commun.
GILBERT – Le nu et les autres objets sont planqués pour échapper aux huissiers, j'ai des ennuis d'argent, je suis fauché quoi !
MAGALI – Tu l'as toujours été. Moi je me rappelle plein de bons souvenirs, quand on jouait à saute-mouton dans le plus simple appareil, on devrait réessayer ça nous remettrait dans l'ambiance.
Elle va se mettre à quatre pattes.
GILBERT - C'est bien le moment, jouer à saute-mouton, relève-toi, tu oublies qu'il y a un gros hic!
MAGALI - Quel hic? ( On sonne.)
GILBERT – Oh! De la visite, tu dois disparaître. ( Elle va pour se lever. ) Trop tard, tu ne bouges sous aucun prétexte on fera du saute-mouton plus tard.
MAGALI – Et quoi encore! Cà ne va pas non!
GILBERT – Silence, c'est important! Je t'expliquerais!
Il la recouvre d'un plaid et arrange les plis. Il ouvre c'est Charles son futur beau-père qui entre.
CHARLES - Salut Gilbert, comment va? Pas trop stressé? Moi à ta place je serais angoissé.
GILBERT – Pourtant vous avez l'expérience. J'ai un petit stress.
Il montre la hauteur des genoux.
CHARLES - Tant mieux, ( désigne le plaid ) C'est quoi ce machin?
GILBERT ( un brin gêné ) - Ce machin! C'est un pouf que j'ai acheté aux puces pour une bouchée de pain.
CHARLES - Un pouf? D'habitude c'est rond un pouf!
GILBERT - Euh! Bon, tu as raison, c'est exactement une vieille bergère un peu déglingué!
CHARLES - Une bergère sans dossier alors, je peux m’asseoir dessus, c'est confortable?
GILBERT ( il l'arrête ) - Surtout pas, je n'ai pas fini de la monter, elle est coriace, il manque encore plein de vis. Et elle est pleine de poussières c'est une antiquité.
CHARLES - Et tu passes tes nerfs la-dessus ce matin, pour maîtriser ton stress. Tu sais que je suis bricoleur, je vais te la mettre sur pied en un instant ta bergère, passe-moi un tournevis!
GILBERT - C'est moi qui suis stressé, pas toi! Ne t'inquiètes pas je vais me la faire cette bergère je vais me la dresser.
CHARLES - Tu parles de cet objet comme si c'était une personne.
GILBERT - Les vieux objets ont toujours une personnalité.
CHARLES - Je ne voudrais pas te vexer mais ton antiquité vétuste, tu l'as payé combien?
GILBERT - Cinq cents euros!
CHARLES - Tu t'es fait arnaquer ? Ce vieux truc archaïque et branlant cinq cents euros!
GILBERT - Tu n'as pas vu le nom inscrit sur sa croupe, c'est une, euh! Une Clampino, retapée, cette vieillerie vaudra deux mille euros au minimum, le vendeur me l'a assuré.
CHARLES - Je te crois sur parole, je m'en vais, n'oublie pas quinze heures pour être le plus heureux des hommes, à tout à l'heure. ( Il sort. )
GILBERT - Tu peux te relever maintenant la représentation est terminée.
Magali se relève comme une furie et saute sur Maurice en lui donnant des coups de poing.
MAGALI ( furieuse ) - C'est qui la vieillerie, hein! C'est qui l'antiquité, la bergère déglinguée poussiéreuse que tu veux te faire, tu peux toujours courir! Et comment tu m'as appelé, Clampino!
GILBERT ( qui a du mal à se dépêtrer ) - J'ai inventé çà en vitesse pour tromper Charles.
MAGALI - C'est qui ce vieux schnock?
GILBERT - Mon futur beau-père, et comme tu voulais connaître le hic, je t'annonce que me marie cette après-midi à quinze heures.
MAGALI ( sursaute ) – Hein! Impossible ! Tu vas remettre ce mariage!
GILBERT ( remonté ) – Tu rêves ou quoi! Remettre mon mariage, pas question! J'épouse ma charmante fiancée que j'aime et que j'adore!
MAGALI – Laisse-moi rire! Tu n'as pas une tête à te marier sauf si elle a du pognon, je te connais va! Et quand elle saura la vérité!
GILBERT – Quelle vérité? Tu ne me connais pas du tout! Et je crois que tu es cinglée!
MAGALI – Moi! Cinglée? Pas du tout. ( Elle sort une photo de son sac. ) Regarde ce chérubin, s'il est adorable !
GILBERT ( regarde à peine la photo ) - C'est bien le moment de me montrer des photos de gamin, j'ai autre chose à penser moi.
MAGALI – Tu devrais pourtant, ce gamin comme tu dis a une vraie tête de Depontel.
GILBERT – Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes, t'es complètement déglinguée toi !
MAGALI – Tu te rappelles nos parties de saute-mouton ?
GILBERT – Oui, et alors ?
MAGALI – Ce petit chérubin est..., le fruit de ces sauteries mémorables ! Et que j'aimerais bien recommencer! ( Elle veut à nouveau l'enlacer. )
GILBERT ( outré, se dégage )– Tu divagues ou quoi ! Tu veux me faire croire que ce bambin est de moi ? Et tu viens me le présenter deux ans après ? Trop facile.
MAGALI – C'est pourtant la vérité, tu es le papa d'un charmant gamin.
GILBERT – Je ne veux pas être le père d'un gamin fût'il charmant, tu ne me feras pas avaler cette couleuvre. ( On sonne. )
GILBERT – Encore une visite, allez, sous la couverture !
MAGALI – Ah non ! Une fois m'a suffit, je vais plutôt là, ou là. ( Elle indique les portes. )
GILBERT – Non, non ! Tout est occupé. Allez, à genoux, je renvoie vite fait ce visiteur.
Magali se remet de mauvaise grâce à quatre pattes et Gilbert la recouvre du plaid. Il va ouvrir c'est belle-maman.
MATHILDE ( se précipite sur Gilbert pour l'embrasser. ) - Bonjour mon cher Gilbert, j'ai récupéré ma robe et je me suis dit tiens ! Si je faisais un détour pour voir si mon gendre préféré n'avait besoin de rien. Je vais te la montrer.
Elle commence à déballer son paquet.
GILBERT – Non, non! Belle-maman, il faut me laisser la surprise, je suis sûr que vous serez la plus belle belle-maman de la noce.
MATHILDE – Flatteur! Comme tu veux. Tu as l'air préoccupé, c'est le stress ?
GILBERT – Dame, on ne se marie pas tous les jours.
MATHILDE – J'ai presque couru pour venir, je vais m’asseoir un petit peu.
Elle veut s'installer sur le pouf, Gilbert se précipite.
GILBERT – Pas là, pas là ! Ce pouf est très fragile, prenez plutôt cette chaise.
MATHILDE – D'habitude les poufs sont ronds, j'espère qu'il est plus beau que ce plaid qui est vraiment horrible.
GILBERT – En fait ce pouf est une bergère et comme je l'ai déjà dit à votre mari je dois la réparer avant de pouvoir l'utiliser.
MATHILDE – Je ne savais pas que vous aimiez les vieilleries, c'est touchant. C'est au moins un machin de cent ans, çà doit être puant, poussiéreux, je ne sais pas si Aurélie va aimer ce truc.
GILBERT – Oh ! Je pourrais toujours le revendre !
MATHILDE – Bon, il faut que j'y aille, je dois aider Aurélie pour l'habillage, ne soyez pas en retard mon cher gendre.
GILBERT ( la raccompagne à la porte . ) – Je serais pile à l'heure chère belle-maman.
Elle est sortie, Magali émerge de dessous le plaid furieuse.
MAGALI – J'en ai marre d'être traité de vieux machin puant. Tu aurais pu dire à ta chère belle-maman que tu annulais le mariage. Je ne sais pas ce qui m'a retenu pour sortir et lui dire la vérité.
GILBERT – Pour le coup tu aurais eu sa mort sur la conscience.
MAGALI – Comment çà?
GILBERT – Elle aurait eu une crise cardiaque, elle est faible du cœur et s'évanouit pour un rien.
MAGALI – C'est pas mes oignons. Tu as l'intention de leur dire quand que tu ne te mariais plus ?
GILBERT – Eh ben ! Je veux toujours me marier ! Tout était réglé comme du papier à musique et toi tu viens comme, comme un cheveu sur la soupe me parler d'un enfant que je ne connais ni des lèvres ni des dents.
MAGALI – Mon pauvre Gilbert, tu te dégrades, on dit ni d'Eve ni d'Adam, il est temps que je te reprenne en main.
GILBERT – C'est vrai, tu viens tout casser, je ne sais plus quoi faire moi !
MAGALI – Pour moi c'est tout simple. Si je n'ai pas de nouvelles à quinze heures je suis devant la mairie avec le petit. Au fait je ne t'ai pas dit son prénom, çà va te plaire, Désiré et en deuxième prénom, hein ! Devine? Gilbert, t'es content hein !
GILBERT ( effondré ) – Content? Ecœuré oui! Ton Désiré, n'est pas du tout désiré, une chose est sûre, il me met dans la merde !
MAGALI – Tu t'en remettras, tiens, mon numéro de portable, si je n'ai rien à midi, je saurais à quoi m'en tenir, bye, bye, chéri à tout à l'heure ! ( Elle sort. )
GILBERT ( s' assoit complètement abattu . ) – Quoi faire ? Qui a dit quand les merdes arrivent, elles volent en escadrille. J'ai du planquer mes meubles pour ne pas me faire saisir et maintenant la cata un fils qui m'arrive de je ne sais où ? Et j'ai oublié Elodie qui me réclame les cinq mille euros qu'elle m'a prêté quand on était ensemble. Si elle apprend que je me marie avec sa meilleure amie, j'espère que je serai en voyage de noces loin d'ici. Du courage Gilbert, du courage, il va falloir régler tous ces problèmes avant quinze heures, sinon adieu Aurélie et sa dot. ( On sonne. ) C'est encore qui ? Une autre merde !
Il ouvre, c'est Clarisse sa future belle-sœur, elle amène dans un paquet le costume de marié.
CLARISSE – Bonjour beauf, je te ramène ton costume, t'en as de la chance que je travaille dans la confection, servi à domicile, c'est-y pas beau çà ?
Elle lui fait la bise.
GILBERT – Merci Clarisse.
CLARISSE – Il a une petite mine mon beauf, on a les pétoches, hein ! Tu devrais être content, ma sœur n'est pas vilaine et tu hérites gratos d'une gentille belle-sœur qui vient t'habiller en plus, elle est pas belle la vie ?
GILBERT – Si, si, je suis ravi, complètement ravi !
CLARISSE –– Ca manque un peu de conviction, cher beau-frère. Allez hop on se déshabille et on essaie le costume.
Elle joint le geste à la parole et va pour lui enlever sa veste. Gilbert se défend mollement .
GILBERT – Ah mais ! Ah mais ! Je ne peux me déshabiller devant vous ! C'est inconvenant ! J'ai ma pudeur !
CLARISSE – En plus il me vouvoie ! Regarde-moi çà, il fait sa petite chochotte, je ne vais pas te manger et tu fais partie de la famille!
GILBERT – Oui? Je vais quand même me changer dans la salle de bain.
Il prend le costume et part à la salle de bains .
CLARISSE – Il est bizarre, ce n'est pas son habitude d'être prout prout, je l'impressionne peut-être.
Coup de sonnette. C'est Maître Calfon Odile huissier de justice. Elle ouvre.
CLARISSE – Bonjour, c'est pourquoi ?
CALFON – Bonjour, madame, Maître Calfon Odile, je viens voir monsieur Gilbert Depontel.
CLARISSE – Bonjour, c'est que monsieur Depontel n'est pas tout de suite joignable, je peux lui faire une commission. Il s'agit de quoi?
CALFON – C'est d'ordre privé, strictement privé, vous pouvez par contre lui remettre cette injonction.
CLARISSE – Injonction? Bien sûr!
CALFON – Je doute qu'il y prenne du plaisir, remettez-la lui donc sans attendre.
CLARISSE – Aujourd'hui monsieur Depontel se marie.
CALFON – Ah! Ce sera un sacré cadeau de noces!
CLARISSE ( qui a observé Me Calfon avec insistance ) – Je ne me trompe pas, tu es Odile Dupont?
CALFON – Pardon?
CLARISSE – Je te reconnais ma vieille, le lycée Condorcet, on était dans la même classe, tu me remets?
CALFON – Clarisse? C'est bien toi? Vouah! Tu as changée je te dis pas! On se fait la bise? ( Elles s'embrassent. )
CLARISSE – J'espère que c'est en mieux, tu as aussi changée, tu es mariée?
CALFON – Oui, depuis deux ans, mon mari est toujours en déplacement. Monsieur Depontel se marie avec toi?
CLARISSE – Pas du tout, c'est avec ma sœur Aurélie, elle a bien de la chance.
CALFON – C'est toi qui a de la chance, partir dans la vie avec des dettes ce n'est pas drôle.
CLARISSE – Qui a des dettes?
CALFON – Je ne devrais pas te le dire, secret professionnel, l'injonction que je t' ai remise, c'est cinq mille euros à payer dans les trois jours.
CLARISSE – Oh là! Gilbert doit cinq mille euros à qui?
CALFON – Je sais que c'est une femme, je ne peux en dire plus.
CLARISSE – Une femme? C'est ennuyeux, juste avant le mariage.
CALFON – Exceptionnellement, on se connaît hein! Je peux faire un effort et changer la date pour dans dix jours par exemple,donnes-moi le billet.
Elle lui rend l'injonction.
CALFON – Je reviendrai avec une nouvelle injonction.
CLARISSE – Je vais voir où en est Gilbert, il essaye son costume de marié.
CALFON – J'aurai donc l'occasion de le saluer, j'aime connaître mes clients.
CLARISSE – Si tu pouvais ne pas parler de l'injonction, pour ne pas plomber l'ambiance.
CALFON – Je ne dirai pas un mot à ce sujet, je plains quand même ta sœur.
CLARISSE – Elle est peut-être au courant. Ah! Voilà Gilbert.
Gilbert arrive revêtu de son costume, il n'est pas très joyeux.
CLARISSE – Regardez-moi s'il est beau, ce costume te va comme un gant!
GILBERT – J'ai l'impression d'être boudiné comme un saucisson.
CLARISSE – Pas du tout, tu es très bien. Gilbert, je te présente Odile, une amie à moi.
GILBERT – Bonjour, enchanté, madame, vous passiez dans le coin?
CALFON – Bonjour monsieur, c'est la maman de Clarisse qui m'a dit qu'elle était ici.
GILBERT – Ah! C'est la maman de...
CLARISSE – Oui, Odile est une copine de classe, on s'était perdu de vue.
GILBERT – Je comprends, je peux enlever le costume? Je ne vais pas le garder, je risque de le salir.
CLARISSE – Tu as raison, tu as le temps de le remettre tout à l'heure. (Il sort. )
CALFON – Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais ce futur marié à la tête de quelqu'un qu'on emmène à l'abattoir.
CLARISSE – Il est tristounet en effet, on va le dérider après la noce.
CALFON – Je dois partir, j'ai été heureuse de te revoir, on se téléphone, je te laisse ma carte. ( Elle la pose sur la table. ) Parle quand même à ta sœur de cette dette, à ta place je m'inquièterais, bye, bye!
CLARISSE – A bientôt, tu pourrais venir au vin d'honneur.
CALFON ( hilare ) – Tu crois, venir au vin d'honneur d'un gars que je vais saisir, çà va pas le faire. (Elle sort. )
Gilbert revient achevant de se boutonner, le téléphone sonne, Clarisse décroche.
CLARISSE – Allô! Vous voulez, parler à? Un instant! (Gilbert fait des grands signes de dénégations. ) Ah! Il n'est pas là! Je dois lui faire une commission, oui, je lui dis, Désiré, çà veut dire quoi? Il comprendra, c'est à quel nom? Désiré ah oui! Au revoir madame. ( Elle raccroche.) Tu as entendu? Je n'ai rien compris et toi?
GILBERT ( excédé ) – Moi non plus, c'est une folle qui m'a déjà appelé plusieurs fois en disant Désiré, Désiré, il y a de ces gens, je te jure.
CLARISSE – C'est des chiants, je voudrais quand même te parler d'un truc qui m'intrigue.
Gilbert s'est rapproché de la table et a pris la carte laissé par Odile et a vu le nom Odile CALFON huissier, il a pâli.
GILBERT – Tu disais?
CLARISSE – Oui, concernant cette visiteuse...
On a sonné, c'est Alfred dit Fredo, célibataire endurci, copain de Gilbert et témoin au mariage. Pince sans rire moqueur, un brin vulgaire, il a tapé dans l'œil de Clarisse.
CLARISSE – Je vais ouvrir. Ah Fredo! Quelle surprise!
FREDO ( enjoué ) – Tiens! Clarisse! De plus en plus belle. ( Ils se font la bise. ) Tu es là pour consoler Gilbert de la grosse bourde qu'il va faire? Ou l'empêcher de la faire?
CLARISSE – Ce n'est pas une bourde, ils s'aiment, tu n'oublies pas que tu es mon cavalier pour la noce?
FREDO – Ben non! Je serais avec la plus chouette des cavalières, je vais prendre mon pied. Eh! Gilbert, tu en fais une tête, c'est ton mariage pas ton enterrement! On dirait que tu vas passer l'arme à gauche!
GILBERT – Je me concentre pour la cérémonie, je n'ai pas l'habitude! Tu viens pourquoi?
FREDO – Pourquoi? En v'la une question, Je suis censé donner quoi? Hein!
CLARISSE – Les alliances, c'est la tradition.
FREDO – Ben oui! Je n'ai pas intérêt à les oublier, donc si tu ne me les donnes pas, il n'y aura pas d'alliances.
GILBERT – Elles sont encore chez le bijoutier et seront prêtes à onze heures.
FREDO – Ah! Je dois dire que tu t'y prends à temps, il a pas l'air pressé notre Gilou, hein Clarisse?
CLARISSE – L'important c'est qu'elle soient prêtes, il est presque onze heures, on peut aller les chercher ensemble? Moi je dois partir.
FREDO – Ensemble? Et tu vas me faire le coup de la panne! Les filles modernes sont prêtes à tout!
CLARISSE – Tant pis, j'aurais essayé, alors je vous laisse, n'oubliez pas, quinze heures! ( Elle sort. )
GILBERT – T'as le ticket avec Clarisse, elle a ses chances?
FREDO – J'en ferai bien mon ordinaire, elle est chouette, avec elle il faut passer par la case mariage, c'est pas mon truc, alors Clarisse pas touche.
GILBERT ( s'assoit accablé ) – Si seulement je t'avais écouté, me voila dans la merde, elles pleuvent de partout, je ne sais plus quoi faire.
FREDO (rigolard )– Je t'avais prévenu. Tu peux encore dire non jusqu'a quinze heures, après, ce sera plus difficile!
GILBERT – Ah! Si seulement je pouvais disparaître là en fumée pfuiit! Je le ferais sans hésiter.
FREDO – Comme le génie d'Aladin, reviens sur terre! Qu'est-ce qui t'arrive?
GILBERT – Tout, tu te rappelles Magali? Elle s'est pointée, il parait que je lui ai fait un gosse, Désiré, si je n'annule pas mon mariage, elle va se pointer à la mairie avec le môme!
FREDO – Ah! Magali! Pas mal du tout, un sacré caractère, accrocheuse comme une sangsue, mais pas mal! Alors, tu l'as foutu en cloques?
GILBERT – Pas du tout! Si c'est arrivé c'est à l'insu de son plein gré.
FREDO – Tu veux dire à l'insu de ton plein gré?
GILBERT – Oh! Mon ou son c'est pareil! Tu n'as pas couché avec par hasard?
FREDO – Pas du tout, ah! Je te vois venir avec tes gros sabots, je n'endosse pas la paternité des gosses que j'ai fait alors ceux que je n'ai pas fait!
GILBERT – Tu pourrais faire un effort, non! Je plaisante. Il y a autre chose tu te rappelles Elodie? Elle m'avait prêté cinq mille euros et me les réclame aujourd'hui, comme si elle n'avait pas pu attendre quelques jours l'ingrate!
FREDO – L'ingrate?
GILBERT – Ben oui, je l'ai quand même logé pendant trois mois. ( Son portable sonne.) Allô, c'est qui? Elodie? ( A Fredo ) Quand on parle du loup. Comment? Tu veux venir me voir? Ce n'est pas possible, je ne suis pas là, Où je suis? ( A Fredo ) Elle me demande où je suis?
FREDO – Quel ballot! Dis-lui que t'es en vacances!
GILBERT – Je suis en vacances? Où çà? ( A Fredo ) Elle me demande où?
FREDO – N'importe où, à Saint-Raphaël tiens!
GILBERT –Je suis à Saint-Raphaël, tu ne me crois pas? ( A Fredo ) Elle ne me croit pas!
FREDO – Je vais lui faire la mouette. ( Il se rapproche du téléphone. ) Ouin, ouin, ouin!
GILBERT – Tu entends les mouettes, je suis au bord de la mer, on se revoit un de ces jours, Quoi tes cinq mille..., je ne t'entends plus, il y a un bateau qui passe.
Il fait des signes à Fredo.
FREDO – Bouuuuuuh, bouuuuuh, ( Gilbert a raccroché. ) Pour la sirène tu repasseras!
GILBERT – Merci pour le bruitage. Tu crois qu'elle a gobé que j'étais en vacances?
FREDO – Moi, avec mes mouettes j'ai fait le maximum ouin,ouin! Peut-être bien qu' elle va se pointer au mariage.
GILBERT – Ce serait un désastre! Ces nanas ne me lâcheront jamais.
FREDO – Des vraies sangsues et encore tu n'as rien vu, attends d'être marié!
GILBERT – Avec Aurélie ce sera différent!
FREDO –Tu peux toujours rêver. Tu as fait le tour de tes emmerdes?
GILBERT – Non! Un huissier doit venir saisir mes meubles. Tu sais le mariage, les alliances, les habits, le voyage de noces coûtent chers et je suis à découvert à la banque!
FREDO – T'as le chic pour cumuler les emmerdouilles et tu vas faire quoi maintenant?
GILBERT – Je compte un peu sur toi pour me sortir de la mouise.
FREDO – Pour le pognon, je suis fauché comme toi, donc tu dois annuler ton mariage, sinon çà va pas le faire.
GILBERT – Comment, comment faire?
FREDO ( se met derrière Gilbert et le prend aux épaules. ) – C'est simple! Je récapitule, tu dois plein d'oseille, tu vas te faire saisir, tu as un gosse planqué quelque part. Je vais te dire, aucune nana même sainte ne voudrait d'un homme avec autant de casseroles. Alors tu annules tout, Aurélie te dressera un cierge en remerciements.
GILBERT – Un cierge?
FREDO – Ma parole , t'as les esgourdes ensablées, tu piges que dalle, elle va te fuir comme un pestiféré, elle ne voudra plus de toi!
GILBERT – On voit que tu ne la connais pas, elle est plus accrocheuse qu'un bulldog.
FREDO – Je vais mouiller ma chemise pour toi. Tu l'appelles, elle vient, je lui crache le morceau, je vais crever l'abcès, comme çà elle pourra rompre et ne perdra pas la face.
GILBERT – Tu veux crever l'abcès, et moi, je la perds pas la face?
FREDO – Toi tu as déjà tout perdu. Allez, appelle Aurélie, que j'te sauve la mise.
GILBERT ( a contrecœur ) – Je ne sais pas si c'est une bonne idée et je vais lui dire quoi?
Il fait le numéro d'Aurélie.
FREDO – Dis-lui que tu veux lui montrer euh! Les alliances tiens!
GILBERT – Je ne les ai pas!
FREDO – Oh! Aucune importance, magne-toi!
GILBERT – Allô, allô, c'est toi ma chérie, tu as le temps pour passer chez moi, cinq minutes pour regarder les alliances, je ne suis pas sûr qu'elles te plaisent, tu viens? A tout de suite mon amour. ( Il raccroche. ) Je me demande comment tu vas t'y prendre. Si tu la fais pleurer tu auras affaire à moi!
FREDO – On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Moi je crois qu'elle va péter de joie quand elle saura à quoi elle a échappé. Bon, maintenant, dégage vite fait que je prépare mon plan.
GILBERT – Tout de suite, je vais décommander les alliances, elles sont inutiles.
FREDO – C'est çà occupe-toi. ( Gilbert sort. ) Dans quoi je me suis lancé, dépatouiller les emmerdes des amis, il faut être fou, en attendant un petit verre pour me remonter le moral, ( Il va se chercher un petit verre dans le bar et s'installe sur le canapé. ) Ce whisky va peut-être me donner une idée. ( Le téléphone sonne. )Encore une merde sans doute. ( Il décroche. ) Allô, c'est qui? Maître Calfon huissier, vous voulez parler à monsieur Depontel, ne quittez pas. ( Il met la main sur l'écouteur. ) Tiens, tiens! Un huissier ou une huissière, je vais me faire passer pour Gilbert. Allô, Depontel à l'appareil c'est à quel sujet? Une saisie? Chez moi? Impossible aujourd'hui, revenez demain ou plutôt après-demain, je me marie tout à l'heure, comment, vous le saviez et çà vous est égal, pas à moi un peu de pitié, s'il vous plait, vous transigez pour demain? Merci beaucoup, à demain. ( Il raccroche. ) C'est un vautour femelle! Elle m'a fait transpirer cette huissière. ( On sonne. ) C'est déjà Aurélie, elle a des ailes ma parole.
Il va ouvrir, c'est Magali, ils se connaissent très bien.
FREDO ( stupéfait. ) – Magali?
MAGALI ( surprise )– Fredo?
FREDO – Si je m'attendais à te voir. ( Il la laisse entrer. ) Au fait j'attends quelqu'un d'autre.
MAGALI – Bonjour quand même après tout ce temps. ( Ils se font la bise.)
FREDO – Tu as embelli ma parole!
MAGALI – Parce que j'étais moche avant?
FREDO – Toujours aussi soupe au lait, si çà n'a pas marché entre nous, c'est à cause de ton caractère de pitbull .
MAGALI – Parle pour toi, tu fais quoi ici? Gilbert n'est pas là?
FREDO – Gilbert? Pfuit! Parti, enfui, disparu, il a décidé de mettre des kilomètres entre lui et ses emmerdes.
MAGALI – Il ne se marie plus?
FREDO – Non, une andouille mal avisée lui a proféré des menaces qui l'on contraint à partir.
MAGALI – Et cette andouille c'est moi?
FREDO – Tout juste, comment tu as deviné?
MAGALI – Ce monsieur veut fuir ses obligations de père.
FREDO – Encore faut-il le prouver, qu'il est le père, tu l'as choisi au hasard, il n'était pas le seul!
MAGALI ( se précipite sur lui et le frappe avec ses poings. ) – Salaud, prends-moi pour une traînée, à l'époque je ne voyais que lui!
FREDO – Et avant lui?
MAGALI – C'était toi!
FREDO –Oh! Laisse-moi en dehors de tout çà, dis-moi ce que tu es venue faire?
MAGALI – Je suis venue lui rappeler ses obligations de père, parce que cet après-midi si le mariage se fait il y aura deux mariées. Ca fera désordre hein!
FREDO – Je t'en crois bien capable. Tu as gagné une manche, il n'y aura pas de mariage. ( On sonne. ) Voilà, la visite arrive, elle ne doit pas te voir, il faut te cacher. ( Il va pour ouvrir une porte mais elle est fermée. ) Zut! La lourde est fermée.
MAGALI – Ne me fais pas le coup du pouf ou de la bergère!
FREDO – C'est quoi?
MAGALI – Me faire m'accroupir, me mettre le plaid sur le dos et me faire passer pour une bergère.
FREDO – Quel plaid?
MAGALI – Peut-être dans l'armoire. ( Fredo se précipite et sort le plaid. )
FREDO – Excellente idée, on n'a pas trop le temps, allez, à quatre pattes ( On sonne. ) Vite, qu'est-ce que tu attends? ( Magali s'exécute en maugréant. Et Fredo va ouvrir.) Bonjour, Aurélie, çà fait un bail qu'on ne s'est vu, pas trop stressé?
Ils se font la bise.
AURELIE – Bonjour Alfred, je suis plus que stressé, où est Gilou?
FREDO – Je crois qu'il est parti faire un tour, pour se détendre.
AURELIE – Pauvre choux, il doit être dans un état, il devait me montrer les alliances.
FREDO – Prends place en attendant.
AURELIE – Merci. ( Elle voit la bergère. ) Oh! C'est quoi ce siège, je ne l'ai jamais vu, c'est moche! Je ne voudrais pas çà chez moi! Je vais quand même l'essayer.
Elle va pour s'asseoir dessus.
FREDO –Ah Non! Surtout pas! Cette bergère est complètement pétée!
AURELIE – Tu as raison, je demanderai à Gilbert de s'en débarrasser vite fait, ce vieux machin doit puer en plus! ( On entend un grognement indistinct. ) Tu disais quelque chose?
FREDO – Non, c'est mon estomac, je n'ai rien mangé ce matin, tiens prends cette chaise, je dois te dire quelque chose.
AURELIE – Quel ton solennel!
FREDO ( en aparté ) je suis pas dans la merde moi. ( tout haut en regardant en l'air. ) – Tu sais que Gilbert t'aime très fort, tellement fort qu'il a des scrupules pour t'épouser!
AURELIE ( s'est levée, outrée. ) – Hein! Qu'est-ce que tu dis?
Fredo la force à s'asseoir.
FREDO -Assieds-toi. Il ne veut, il ne peut plus t'épouser, il est sur la paille, fauché, nettoyé, plus un radis, criblé de dettes et il va se faire saisir ses meubles et même son appart, tu comprends?
AURELIE ( s'est redressée en furie. ) – Je ne comprends rien du tout, le mariage est à quinze heures, le repas sera pour les chiens? Et le voyage de noces aux Seychelles et ma mère, elle va mourir quand elle apprendra çà, alors, ce n'est pas quelques ennuis d'argent qui vont me faire renoncer à lui, je l'aime moi et c'est pour la vie.
FREDO ( en aparté . ) J'y crois pas c'est mère Térésa. ( Tout haut. ) – Ton Gilou est fauché, sans un rond, fini!
AURELIE – Ca change rien pour moi, tout ce micmac m'a donnée une envie, je vais pisser, tu entends? ( Elle sort. )
FREDO ( impressionné. ) – Oui, madame.
Magali en profite pour sortir, agressive, se précipite sur Fredo.
MAGALI – Alors, je suis un vieux machin pété et qui pue, je me demande pourquoi je me laisse faire et on étouffe la-dessous. Ta combine n'a pas marché, aucun résultat et tu n'as pas parlé de moi!
FREDO – J'ai gardé le meilleur pour la fin, si j'ose dire! File d'ici en vitesse, je ne veux pas que tu assistes à la mise à mort!
MAGALI – Justement, j'aimerais y assister.
FREDO – Tu risque de tout gâcher et tu ne vas pas refaire la bergère, je te tiens au courant, rappelle-moi ici dans dix minutes.
MAGALI – Bon, je file.
Elle sort, Fredo range le plaid dans un placard, Aurélie revient.
AURELIE – Ouf, çà va mieux, j'ai failli croire à tes bêtises, j'espère que tu n'étais pas sérieux? Tiens, le pouf a disparu?
FREDO – Je l'ai rangé dans le placard, il était trop moche. Pour le reste, j'étais très sérieux et tu dois savoir la suite, l'histoire du polichinelle.
AURELIE ( se bouche les oreilles. ) – Je ne veux plus rien entendre, je ne croirais que Gilbert!
FREDO – C'est lui qui m'a chargé de...( On sonne ) Je vais ouvrir. Oui, c'est pourquoi?
CALFON ( off )- Odile Calfon Huissier de justice.
FREDO – Monsieur Depontel n'est pas là.
CALFON – Je l'attendrai. Pardon!
Elle force l'entrée et passe devant Fredo et derrière elle il y a la maman d'Aurélie, Mathilde qui entre aussi.
FREDO - Faut surtout pas vous gêner . ( En aparté ) - Je sens qu'il va y avoir du grabuge, sauve qui peut.
ACTE 2
MATHILDE ( joyeuse ) – Bonjour, me revoilà! Aurélie je veux voir les bagues. Ah! Monsieur Alfred le témoin, on se bise? ( Ils s'embrassent. ) Cette dame est entrée avant moi, bonjour madame.
CALFON – Bonjour, je dois rencontrer monsieur Depontel, c'est urgent, je lui ai téléphoné tout à l'heure et je dois dire que sa réponse m'a intriguée, je vais donc l'attendre! Si vous permettez.
Elle s'installe sur une chaise et prend une revue qu'elle feuillète, sans perdre une miette de la conversation.
FREDO – Vous risquez d'attendre perpète, madame Odile. Il ne reviendra pas avant une heure.
CALFON – Mon nom est Maître Calfon, cela fait partie de mon travail, attendre les gens.
MATHILDE – Et les bagues, où sont les bagues?
AURELIE – Elles sont encore chez le bijoutier maman, Gilou doit les ramener.
FREDO ( mélodramatique ) – Maître Odile....Calfon et pas Caleçon, ce serait drôle,
( regard horrifié de Calfon. ) si vous pouviez vous repointer dans disons, une heure, nous avons à débattre de choses dramatiquement graves, c'est du lourd et qui ne concernent que la famille. (en aparté ) Je tchatche de mieux en mieux.
CALFON – Je vous prierai de cesser vos blagues douteuses! Je ne bouge pas et pour votre gouverne je suis assermentée et soumise au secret total, rien ne sortira d'ici par mon fait.
FREDO – A la bonne heure, comme il vous plaira.
MATHILDE – Alfred, ton ton m'alarme, tu m'inquiètes sérieusement.
FREDO – Tonton n'y peut rien. Aurélie, mets ta mère au courant des dernières nouvelles.
AURELIE – Est-ce bien nécessaire? Tout peut encore s'arranger!
FREDO – Je ne crois pas!
AURELIE ( un regard inquiet à Calfon ) – Maman, il paraît que Gilbert à quelques dettes et Fredo pense que je ne dois pas l'épouser pour cette raison.
MATHILDE ( énervée ) – Quoi? Annuler le mariage, c'est tout à fait impossible, impossible, quelle désastre et quelle honte, je vais dire quoi à la famille et aux amis. Il s'agit de combien?
FREDO – Combien quoi?
MATHILDE – Combien de dettes, quelle somme?
FREDO – Un tas de pèze! Cinq mille euros!
MATHILDE – Cinq mille! C'est une somme, mais il n'y a pas mort d'homme, ce n'est pas une raison d'annuler.
FREDO – Ce n'est pas tout, il va aussi se faire saisir ses meubles peut-être par, l'huissière que voici ( Il désigne Calfon. ) je suppose, et même son appartement.
MATHILDE ( s'étouffe à moitié . ) – Vous madame, vous allez saisir ses meubles, son appartement, c'est horrible, comment osez-vous?
CALFON – Je ne fais que mon travail madame!
MATHILDE – Et Gilbert, il ne nous a rien dit, comment peut-on mentir ainsi, à sa future femme et à sa belle-mère, je sens que je vais défaillir, il me faut de l'air!
Elle s'écroule sur une chaise, Aurélie s'est précipitée et évente sa mère. Fredo l'aide en se servant de la nappe de la table
AURELIE – Calme-toi maman, on va trouver une solution, n'est-ce pas Fredo?
FREDO – Je n'en vois qu'une, reporter le mariage.
MATHILDE ( affolée ) – Oh mon Dieu, je meurs, je crois que je meurs!
Fredo continue à éventer Mathilde, Aurélie pleure.
CALFON – Si je peux me permettre, une petite rectification, en ce qui concerne la saisie, pour le moment il ne s'agit que des meubles, pas de l'appartement.
FREDO – Ouf! Vous êtes la consolatrice des affligés! Vous savez comment çà vous?
CALFON – Je suis l'huissier chargé du recouvrement.
MATHILDE – Oh mon Dieu! Quel drame! Je ne m'en relèverais pas.
AURELIE – Maman c'est quand même moi qui doit me marier pas toi!
FREDO – C'est vrai et elle a une sacré veine de cocue, Aurélie, parce que se marier avec un imbécile sans un rond ce n'est pas drôle!
AURELIE – Comment oses-tu traiter ton ami? Imbécile, il n'est pas imbécile il est..., ( Tout à coup, Aurélie s'effondre et se remet à pleurer à chaudes larmes. ) Mon bonheur perdu, ma vie foutu, Gilou pourquoi m'as-tu fais cela?
FREDO ( en aparté ) – C'est le mur des lamentations ici. Je dois enfoncer le clou.
( Tout haut. ) J'ai dit qu'il fallait reporter le mariage, pas l'annuler, à moins que le prochain scoop ne vous apporte le coup de grâce.
AURELIE – Quel scoop! Ce n'est pas tout?
MATHILDE ( complètement écroulée. )– Ce n'est pas tout? Oh mon Dieu!
FREDO – Calmez-vous d'abord!
MATHILDE – Aurélie, buvons le calice jusqu'a la lie.
FREDO – C'est l'hallali de Gilou!
AURELIE – Je m'attends au pire!
FREDO – C'est encore pire, cet imbécile de Gilou, en plus de ses dettes m'a dit, tenez-vous bien, cette andouille m'a dit qu'il a fait un gniafron à une nana et qu'elle lui demande de le reconnaître.
MATHILDE ( défaille )– Le goujat, ah! Je meurs!
AURELIE– ( hurle ) -Le salaud, me faire çà à moi, il ne m'a rien dit! Rien du tout!
CALFON – Quel enfoiré!
FREDO ( s'adresse à Calfon. ) – Oh! Vous êtes censée ne rien entendre! Alors poët poët! ( Calfon vexée se replonge dans son livre. ) Mesdames, je voudrais adoucir votre rancœur envers Gilbert et vous dire que lui-même ne l'a appris que ce matin, qu'il était géniteur d'un charmant marmouset prénommé Désiré je crois. (en aparté. ) Qu'est-ce que je cause bien.
AURELIE – Désiré, c'est un comble, peut-être qu'il n'est pas de lui.
FREDO – La fille avait l'air persuadée, ils fricotaient ensemble il y a plus de deux ans.
AURELIE – Et pourquoi vient-elle seulement aujourd'hui avec son gamin.
FREDO – That is the question.
AURELIE – J'aimerais bien la rencontrer et lui dire le mal qu'elle me fait.
FREDO – Cela ne changerait rien à l'affaire!
MATHILDE – Tout cela est inutile, je ne me sens pas bien rentrons, je vais tout raconter à Charles, il saura trouver une solution. Il est inutile que nous restions ici.
AURELIE – Tu as raison, partons!
Elles vont pour sortir.
FREDO – Vous n'oubliez rien? J'ai quand même droit à un petit merci, sans moi, c'était la grosse cata.
AURELIE – Avec toi c'est aussi la grosse cata, je ne sais si je dois te remercier. Adieu! ( Elles sortent. )
FREDO – Pour le merci c'est dans le kiki, je ne sais si je dois me décerner des palmes ou des blâmes, mais il fallait le faire.
CALFON – Les deux mon général, vous êtes un sacré bonimenteur effronté quand même. J'ai une question monsieur, au téléphone tout à l'heure c'était qui?
FREDO – Tout à l'heure? Voyons voir, si ce n'était pas Depontel alors c'était bibi, entre potes il faut se rendre service.
CALFON – Et en plus le cœur sur la main. Vous avez un métier monsieur?
FREDO – Pignon, madame pour vous servir. Je suis prof de français.
CALFON- Alors là, vous me la coupez! Je plains vos élèves!
FREDO – Vous n'avez nulle raison madame. Mon langage peu châtié me permet de décompresser, toutefois je peux tenir un langage très châtié madame.
CALFON- Et vous avez dit la vérité tout à l'heure?
FREDO – Tout à fait vrai et vous n'avez rien entendu. ( en aparté ) Sans ses lunettes, elle doit être canon.
CALFON- Vous disiez?
FREDO – Je pensais tout haut et je me disais que pour une huissière, vous avez des sentiments humains.
CALFON- Nous sommes comme tout le monde.
FREDO – Je vous imaginais comme une machine broyant ceux qui ne peuvent payer leurs dettes.
CALFON – On peut se tromper parfois.
FREDO ( en aparté ) attaquons! ( tout haut ) – Vous avez déjà été au café Flore?
CALFON ( surprise ) – Quelle question! Non pourquoi?
FREDO – Il y a une déco formidable et on y boit un cappuccino renversant.
CALFON ( en aparté ) – Ma parole, il me drague! ( Tout haut ) C'est loin d'ici?
FREDO ( en aparté ) çà y est elle mord. ( tout haut ) – Non, c'est à trois cent mètres.
CALFON – J'adore le cappuccino!
FREDO – Aujourd'hui, j'ai un programme surchargé, par contre demain!
CALFON – Je ne sais pas si j'ai envie de boire un cappuccino avec vous.
FREDO – C'est pour faire connaissance, histoire de mieux se connaître!Vous serez libre de partir à tout moment.
CALFON – Je l'espère bien. Comme j'aime le cappuccino j'y serai vers midi.
FREDO – Cool, j'y serais aussi. ( En aparté. ) J'emballe, j'emballe!
CALFON – Pour en revenir à votre copain, c'est le roi de la guigne, il n'en rate pas une.
La porte s'ouvre Gilbert revient.
GILBERT – Je les ai vu partir, alors c'est arrangé? Oh pardon! Madame vous étiez là, si j'avais su....,
FREDO – J'aurais pas venu, hein! Trop tard, l'abcès est crevé, tu as une veine, elles n'ont pas l'intention de te tuer. Sur ce, je me tire, j' ai tout à coup à faire.
GILBERT – Eh! Dis-moi leur réaction, Aurélie...
FREDO – Plus le temps, demande donc à madame Odile l' huissière, elle n'a pas écouté, mais elle a tout entendu, sous le sceau du secret bien entendu. ( Il fait une révérence. ) Maître! Tchao! ( Il sort. )
GILBERT – Lâcheur, que vais-je faire maintenant?
CALFON – Je dois vous remettre ce document de saisie de vos meubles suite à la plainte de votre banque pour insolvabilité notoire.
GILBERT ( désabusé ) – Prenez tout ce que vous voulez, plus rien n'a d'importance, ma vie est fichue!
CALFON ( inspecte la pièce et les murs. ) – A part le canapé, il n'y a plus beaucoup à prendre, il reste des traces de tableaux et meubles planqués sans doute. Par contre vous baissez bien vite les bras, réagissez que diable, tout espoir n'est pas perdu.
GILBERT – C'est vous qui me dites cela, vous qui venez me saisir les meubles, je rêve!
CALFON – Au lieu de rêver, agissez, ne vous laissez pas faire, pour commencer demandez-moi un délai pour la saisie.
GILBERT – Ah quoi bon! Aujourd'hui ou demain, quelle importance!
CALFON – Décidément, il faut faire quoi pour vous remuer? Allez, je vous ai à la bonne, je remets la saisie à disons, un mois, vous aurez le temps de vous retourner, les cinq mille euros aussi, il ne reste plus qu'à régler le cas du bambin, vous êtes sûr que c'est votre fils?
GILBERT – C'est mon ex qui me l'a dit.
CALFON – Il faut voir avec les dates et faire un test génétique.
GILBERT – J'ai une question, pourquoi vous faites tout çà pour moi?
CALFN – Votre future belle-sœur Clarisse est une copine de classe ce qui fait que votre cas m'intéresse.
GILBERT – Je ne savais pas les huissières philanthropes.
CALFON – Vous ne savez pas tout, il faut faire venir votre ex et la cuisiner.
GILBERT – La cuisiner? Qui va le faire? Pas moi.
CALFON – Je vous assisterai, je serai en quelque sorte votre avocate. Il y a une condition, si c'est vraiment votre fils, il faudra assumer.
GILBERT – D'accord, je l'appelle.
Il fait le numéro de Magali.
CALFON – Soyez aimable il faut l'amadouer.
GILBERT – Hein! D'accord. Allô, c'est toi Magui, tu m'entends, oui, tu peux venir chez moi, tout de suite, c'est important. Elle arrive. ( Il raccroche. )
CALFON – On va y arriver, connaître la vérité.
GILBERT – De toute façon c'est trop tard. ( On sonne. )
GILBERT – Ma parole, elle vole.
Il ouvre, c'est Charles le père d'Aurélie, il n'est pas content et le montre.
CHARLES ( remonté ) – Je ne salue pas celui qui a fait le malheur de ma fille, je ne sais ce qui me retient pour..., ( Il voit Calfon. ) Excusez-moi madame, vous n'êtes pas concernée, je viens ici pour avoir une explication cohérente avec ce monsieur qui déshonore notre famille.
CALFON – Bonjour monsieur, je suis Maître Calfon Odile, huissier, je suis en affaire avec monsieur Depontel.
CHARLES – Inutile de me dire quelles affaires, il parait que ce menteur doit de l'argent à droite et à gauche et vous venez sans doute le saisir.
CALFON – Je venais lui notifier une saisie de meubles pour dans un mois si sa situation ne s'est pas améliorée d'ici là.
CHARLES ( coléreux ) – Tout est donc vrai, défendez-vous monsieur, si vous avez un peu de courage, si vous êtes un homme.
GILBERT ( plaintif ) – Monsieur, je suis victime d'un chantage et je ne peux me défendre, je regrette le mal que j'ai occasionné involontairement à votre fille.
CHARLES – Trop facile et trop tard, il fallait y penser avant, il va falloir payer maintenant.
CALFON – Si je peux me permettre, monsieur Depontel est insolvable.
CHARLES – Je ne parlais pas d'argent, mais de... ( On sonne. )
GILBERT – C'est Magali mon ex, soi-disant la mère de mon fils.
CALFON – Vous allez assister à un interrogatoire, alors sans vous commander installez-vous et écoutez.
Charles à un grognement et va s'installer sur une chaise.
GILBERT – J'ouvre.
Magali entre et vient se pendre au cou de Gilbert.
MAGALI - Alors, tu as changé d'avis? Le mariage est annulé?
GILBERT – Tout n'est pas clair, je te présente Maître Calfon mon avocate.
MAGALI – Tu as pris un avocat, pourquoi faire? C'est inutile et très cher.
GILBERT – Tout doit être fait dans les règles, Maître c'est à vous.
CALFON ( ton solennel. ) – Nous allons voir les bases juridiques de votre affirmation concernant monsieur Depontel, relatif à sa paternité supposé de votre enfant, Désiré je crois.
MAGALI ( énervée ) – C'est quoi ce charabia, Gilbert est le père un point c'est tout!
CALFON – Peut-être, néanmoins seuls des preuves irréfutables apporteront toute la lumière sur ce cas.
MAGALI – Gilbert, elle m'embrouille avec son discours ton avocate, dis-lui que Désiré est ton fils et qu'on en finisse.
GILBERT – La question n'est pas aussi simple, tu devrais répondre à ses questions.
CALFON – Madame Magali comment pouvez-vous affirmer que monsieur Depontel ici présent est le père de votre fils?
MAGALI – Et bien, on était ensemble quand on l'a conçu, on jouait à saute-mouton.
ET et, et,
Voilà, si vous voulez lire le reste de ma pièce, envoyez-moi un mail à mon adresse et je me ferai un plaisir de vous envoyer le texte complet.